Les forces turques à la frontière avec la Syrie ont tiré vendredi des gaz lacrymogènes pour disperser des personnes qui manifestaient côté syrien contre une offensive du régime de Damas et tentaient de franchir un poste-frontière, selon un correspondant de l'AFP.
Les centaines de manifestants dans la province syrienne d'Idleb se sont rassemblés devant le poste-frontière de Bab al-Hawa, peu avant l'annonce par Moscou d'un «cessez-le-feu unilatéral», concernant uniquement l'armée syrienne, à partir de samedi matin dans cette région du nord-ouest syrien. Moscou soutient le régime de Bachar al-Assad, qui a amorcé le 8 août une progression au sol contre Idleb, après des mois de bombardements meurtriers visant des secteurs dominés par des djihadistes.
Considérée comme le parrain de groupes rebelles aujourd'hui affaiblis, la Turquie réclame un arrêt des hostilités, craignant une crise humanitaire qui provoquerait un nouvel afflux de réfugiés vers sa frontière. Vendredi, les manifestants ont scandé «Sauvez Idleb, sauvez Idleb» ou encore «le peuple réclame une protection internationale», a rapporté le correspondant de l'AFP sur place.
Mohammed al-Ammouri, 53 ans, s'est rendu près du poste-frontière pour réclamer une implication plus forte d'Ankara dans le conflit syrien. «C'est un avertissement à la Turquie. Si elle ne fait rien, nous viendrons en Turquie et en Europe», a-t-il martelé. «Les civils ne peuvent pas supporter plus que ce qu'ils ont déjà supporté», a-t-il plaidé.
Les manifestants ont ensuite tenté de franchir le poste de Bab al-Hawa avant de reculer lorsque les gardes-frontière ont tiré en l'air et lancé des gaz lacrymogènes, selon le correspondant de l'AFP. Ankara dispose de troupes dans plusieurs postes d'observation installés à travers le nord-ouest de la Syrie.
Depuis fin avril, les bombardements du régime et de son allié russe ont tué plus de 950 civils dans la région d'Idleb, d'après l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Et plus de 400.000 personnes ont été déplacées, selon l'ONU. Accueillant environ trois millions d'habitants, Idleb et des secteurs des provinces adjacentes sont dominés par les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d'Al-Qaïda).
Moscou a appelé vendredi «les commandants des groupes armés à renoncer aux provocations et à se joindre au processus de règlement pacifique dans les zones qu'ils contrôlent». Déclenchée en 2011 par la répression par le pouvoir de manifestations prodémocratie, la guerre en Syrie a fait plus de 370.000 morts.
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