Échange avec Monsieur Laurence

….sur les « séparatisses »

Tribune libre

Bonjour Monsieur Laurence,
Je vous avais demandé de me dire ce que vous pensiez de mon point de vue sur le mot séparatiste, et j’ai droit à une réponse intelligente et complète. Vous m’excuserez de vous répondre en tribune libre, mais, comme vous, j’en ai écrit trop long pour l’insérer à la suite de votre commentaire.
D’abord merci ! Ce que je recherche en écrivant sur Vigile, c’est un dialogue entre indépendantistes. Vous me semblez faire partie de ces indépendantistes, capables d’émettre une opinion, sans, à chaque fois, se demander combien de votes rapportera sa déclaration.
Pour continuer cet échange sur les « séparatisses », je vous dirai que c’est en autodidacte que j’ai fouillé l’histoire, que je ne suis pas un érudit, ni un constitutionnaliste. Je vous dis les choses telles que je les ressens et telles que je les comprends… avec mon cœur d’abord, avec ma tête ensuite.
En lisant attentivement votre texte, je retiens ceci :
Vous parlez d’absolutisme chez le roi anglais, alors que déjà, l’Angleterre, avait fait sa Glorieuse Révolution, 101 ans avant la Révolution française de 1789. Dans ce contexte, on peut penser que, si en 1776, l’Angleterre n’était pas encore arrivée à la monarchie constitutionnelle, l’absolutisme, de son côté, n’avait plus cours. En fait, il y avait partage du pouvoir entre le roi et le parlement. Il y avait même des élections, du moins pour une certaine frange de la population.
Si je me souviens bien, ce que réclamaient les colons anglais d’Amérique, était justement d’obtenir les mêmes droits que les citoyens anglais d’Angleterre. Leurs revendications, furent rejetées par les autorités anglaises. Leurs manifestations déclenchèrent la répression britannique, et la répression engendra la Révolution bourgeoise… mais révolution tout de même.
En cours de révolution, dans une de leurs adresses à la Province of Quebec, vers 1774, les Patriotes, ou indépendantistes américains nous rappelaient cette loi du bon sens que vous avez relevée : « …..Toutes les fois qu’une forme de gouvernement devient destructive de ce but, le peuple a le droit de la changer ou de l’abolir et d’établir un nouveau gouvernement en le fondant sur les principes et en l’organisant en la forme qui lui paraîtra la plus propre à lui donner la sûreté et le bonheur. »
Ils nous invitaient même, à faire nôtres leurs revendications. Ils dénonçaient l’Acte de Québec : « Tous les pouvoirs sont entre les mains du ministère, rien ne peut donc protéger les Québécois contre le despotisme, les impôts, et l’arbitraire, car il n’y a pas d’assemblée représentative. » Nos frères d’Amérique nous conviaient à la Révolution, précisant que la langue et la religion n’étaient pas un obstacle. Ils nous informaient même qu’une des colonies, ou province, le Maryland, était catholique…
Arriva alors, la fameuse Déclaration d’indépendance, qui, si je vous comprends bien, découlerait d’une séparation chez le peuple anglais. Les anglais d’Amérique se seraient alors séparés des Anglais d’Angleterre. Cette séparation aurait donné naissance à une nouvelle nation, la nation américaine. Je crois que vous avez raison sur ce dernier point, mais je constate aussi qu’un nouveau pays venait d’être créé, celui des États d’Amérique.
Je pense comme vous, que notre cas est différent de celui des États-Unis, avec cette nuance que j’accorde moins d’importance que vous, au fait que nous nous séparions de la mère-patrie plutôt que d’une nation étrangère.
Avant 1759, en Nouvelle-France, un territoire Nord-Sud, nous étions Français. Peu après l’invasion anglaise, nous sommes devenus Québécois. L’occupant anglais en 1840, relayé par l’occupant canadien en 1867, ont annexé le Québec, contre sa volonté, à leur Canada, territoire Est-Ouest. La réalité est que, par ces annexions forcées, nous, de la nation québécoise, avons été soumis à un statut de minorité par nos ennemis, les Britanniques et les Canadiens.
La seule manière pour la nation québécoise d’acquérir le statut de majorité, de se désannexer, est de faire du Québec, un pays indépendant.
Puisque présentement nous payons des impôts, des taxes au gouvernement impérialiste canadien ; puisque ce gouvernement est reconnu par le BQ, parti confédéraliste, qui contribue au bon fonctionnement de ce parlement ennemi ; et puisque le Canada contrôle de larges secteurs de notre pouvoir, tant aux plans politique, économique, que social et même culturel, je pense que la coupure d’avec ce pays sera étatique. Elle doit passer par une déclaration d’indépendance.
Comment alors, qualifier cet acte qui consiste à désannexer le Québec du Canada ?
Dans le Petit Robert, on définit séparatiste comme suit : « Personne qui réclame une séparation d’ordre politique, l’autonomie par rapport à un État, une fédération. » Le Robert donne comme s’y apparentant : autonomiste, dissident, indépendantiste, et sécessionniste. Parmi les exemples, il cite le mouvement séparatiste basque. On parle pourtant ici de deux nations différentes. On parle de la nation basque qui veut se séparer de la nation française.
Il faut donc s’attendre à ce que nos ennemis canadiens, ainsi que leurs collabos québécois du Parti libéral et de la médiasserie, se jettent sur cette appellation pour nous désigner. Comme le veulent les dernières techniques de propagande, ils utiliseront aussi, tout autre terme, jugé par eux péjoratif, dans le but de « faire peur au monde ».
Il faut nous affirmer, plus, nous radicaliser, radicaliser la volonté de la nation entière, si nous voulons devenir un pays indépendant. Pas un peuple au monde n’a acquis son indépendance sans une volonté ferme de son peuple. La volonté de faire du Québec un pays libre ne doit pas s’apparenter à un choix comparable à celui qui nous amène à acheter une marque d’automobile plutôt qu’une autre. Nous devons plutôt ressentir une émotion, un amour pour le Québec et entre Québécois, comme l’amour qui amène deux êtres à vivre ensemble contre vents et marées. Alors, aucune peur, aucun calcul, aucun mot péjoratif ne nous touchera, parce que, pour employer un cliché : « on ne peut rien contre l’amour ».
Vive l’indépendance du Québec, sans aucune forme d’association avec le Canada ennemi !
Michel Rolland

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Libre penseur. Confiance limitée au système d’instruction. Étude de l’Histoire de l’Occident, de la préhistoire à aujourd’hui, Grèce, Rome, France, Angleterre, Italie et États-Unis surtout, en autodidacte. Lecture d’ouvrages qui ont marqué les différentes époques, dont la Bible œcuménique et certains philosophes sceptiques. Diplôme d’études collégiales. Intérêt particulier pour français roman, philosophie marxiste, sociologie et psychiatrie.





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1 commentaire

  • Michel Laurence Répondre

    29 septembre 2010

    Je n’ai pas l’habitude de débattre pour débattre, mais ce coup-ci, ça me semble important. Il en va de notre compréhension de ce que nous, les indépendantistes, avons à faire.
    Je vous rappelle que dans ma première réponse, j’ai résumé les propos d’un ami qui m’a écrit en réaction à votre premier commentaire. Je suis loin d’être un historien, et encore moins un spécialiste de l’histoire américaine. C’est mon coeur qui me fait mener ce combat pour l’indépendance du Québec.
    Cependant, comme mon ami m’a encore écrit, je vais partager avec vous le fruit de sa réflexion et de la mienne.
    Vous me demandez « Comment alors, qualifier cet acte qui consiste à désannexer le Québec du Canada ? »
    Le mot qui me vient à l’esprit est : INVALIDATION.
    Invalidation d’une annexion forcée, illégitime, irrecevable, nulle et non avenue. L’État illégitime qui en a résulté n’a jamais ensuite été démocratiquement validé ni par la démocratie indirecte électorale, ni par la démocratie directe référendaire québécoise.
    Invalidation démocratique suivie d'une déclaration d’indépendance totalement démocratique, celle de la Constitution de la République démocratique du peuple du Québec.
    Il y a séparation quand il est question de mariage valide, quand la mariée a librement dit OUI. Mais en cas de mariage forcé, il ne saurait être question de divorcer, de se séparer. En cas de mariage forcé, le faux mariage est invalidé, détruit, déclaré « nul et non avenu ». Un divorce détermine qu'un mariage valide, consommé, n'a plus cours, il y a donc séparation de ce qui était validement uni auparavant.
    « Il faut donc s’attendre à ce que nos ennemis canadiens, ainsi que leurs collabos québécois du Parti libéral et de la médiasserie, se jettent sur cette appellation pour nous désigner. »
    Ils ont toujours dit n’importe quoi et continueront de le faire. À nous de cesser de tomber dans le panneau comme on le fait depuis plus de 40 ans. Ils nous ont toujours provoqués et nous avons toujours débattu plutôt que d’agir. C’est assez !
    Invalidons leurs prétentions abusives. Affirmons sur un ton péremptoire qu'il n'y a jamais eu telle chose qu'un État, qu'une fédération, qu'une confédération ayant obtenu le clair « oui » de l'Assemblée nationale qui a toujours refusé d'adhérer à la Constitution de 1982. La députation du peuple québécois n'a jamais été nommément consultée, ni le peuple lui-même.
    « Il faut nous affirmer, plus, nous radicaliser, radicaliser la volonté de la nation entière, si nous voulons devenir un pays indépendant. »
    Tout à fait ! Et rien n’est aussi radical que la déclaration de notre indépendance. C'est l'acte d'affirmation suprême !
    Se dire séparatistes ajoute foi au déni de celui qui tente de faire croire qu'il n'y a pas eu d’abus, comme celui qui prétend avoir agi pour le bien de sa femme forcée au mariage, en la battant, en l'enfermant dans sa maison, en l'obligeant à ne transiger avec l'extérieur que par son propre et unique biais et en s'accordant unilatéralement un pouvoir inique de désaveu sur son libre arbitre.
    Il faut couper court au négationnisme canadien. Il faut dire qu'il n'est pas question de séparation, de divorce, il est question d’invalider, d'annuler des Actes qui n'ont jamais été démocratiquement et librement sanctionnés par le peuple du Québec.
    Vive la fin de la dépendance !
    Vive l'indépendance sans condition, sans négociation avec le Canada !
    Nous aviserons par la suite.
    Cessons de nous définir par rapport au Canada et affirmons-nous pour ce que nous sommes !