Les relations entre la Syrie et la Turquie n’ont jamais été aussi tendues qu’actuellement. Après une enfilade de contentieux conséquents à la répression que mène Bachir al-Assad en Syrie, voilà que la destruction d’un avion turc par la défense syrienne a eu pour effet la formulation de gros mots. Les plus menaçants, les plus militaires d’entre eux.
À preuve, hier, après que le gouvernement turc eut saisi l’OTAN en invoquant l’article 4 de sa charte qui stipule que les membres se consultent lorsque l’intégrité territoriale d’un pays a été menacée, le secrétaire général de l’Alliance atlantique, Anders Fogh Rasmussen, a tenu des propos très durs à l’endroit des Syriens. Selon lui, l’épisode de la fin de semaine est « un exemple supplémentaire du mépris des autorités de Damas pour les règles internationales, la paix et la sécurité, ainsi que pour la vie humaine ».
Encouragé par la fermeté de la position adoptée par l’OTAN, le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, est intervenu après coup pour mieux marteler que les règles d’engagement de l’armée avaient été changées. Mais encore ? Tout élément militaire qui s’approche de la frontière turque et qui est considéré comme un danger sera pulvérisé. Rien de moins.
Cela étant, comme c’est presque toujours le cas dans les dossiers militaires, ce dernier épisode comporte sa part d’ombre, de nébulosité. Ankara a reconnu que son F4 avait effectivement pénétré dans l’espace aérien syrien, mais a ajouté que cela avait été accidentel. Ankara assure également que les Syriens avaient été prévenus. Mais, à Damas, on avance que ce ne fut pas le cas, que la nature de la mission du F4 demeure imprécise, qu’il ne s’agissait pas d’un simple exercice, mais bien d’une opération de reconnaissance, au bénéfice évidemment des Turcs, mais aussi, voire surtout, de l’OTAN. Histoire de ne pas être en reste, les autorités russes sont allées jusqu’à avancer que les Turcs voulaient tester la défense antiaérienne de la Syrie, dont toute l’architecture est made in Russia et… récemment installée !
Dans cette histoire, peut-être faut-il s’attarder à sa réalité géographique pour mieux comprendre une toile de fond qui demeure complexe. Toujours est-il que cet avion a été abattu dans une région que les Syriens contrôlent moins qu’auparavant. Plus exactement, le nord et le nord-ouest du pays sont dominés par une Armée de libération syrienne qui a énormément gagné en efficacité. Grâce à quoi, grâce à qui ? Grâce à la série de défections de colonels et de généraux qui rejoignent cette armée d’insurgés, par ailleurs soutenue par la… Turquie ! Autrement dit, est-ce qu’à la guerre civile va se greffer la guerre régionale?
Crise syrienne
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