Nostalgiques et en mal de nouveautés, plusieurs médias issus particulièrement du Canada anglophone font écho et tentent de nous présenter depuis quelques jours Justin Trudeau, ce « rude batailleur et pugiliste contre le cancer » comme le Sauveur et la Réincarnation du renouveau et du rajeunissement du Parti libéral du Canada.
Cependant, en ce début de course à la chefferie libérale fédérale, je ne suis vraiment pas sûr que ce soit « l’idée du siècle » pour M. Trudeau de recevoir l’appui de l’ex-ministre André Ouellet, successivement titulaire, il y a plus de 30 ans, des ministères de la Consommation et des Corporations, des Postes et des Affaires étrangères.
Pour les plus ou moins jeunes et âgés comme moi, cet ex ministre – prédécesseur de Justin Trudeau dans la circonscription de Papineau-Saint-Michel - fut mêlé, dans les années ‘80, à ce scandale de la mousse isolante d'urée-formaldéhyde dite la « MIUF », ayant contaminée des milliers de propriétés et d’écoles en raison de sa nature cancérigène!
En ces jours où le nouveau gouvernement du Québec vient tout juste de stopper l'extraction et la transformation de l'amiante à la mine Jeffrey d’Asbestos et de déclasser Gentilly-2, je ne suis vraiment pas sûr qu'il s'agit là d'un appui de « taille » pour le « jeune » Justin Trudeau, premier candidat officiel à la chefferie du Parti libéral du Canada (PLC).
Les Québécois et les Canadiens, jeunes et moins jeunes, ne sont-ils pas en 2012 des consommateurs de plus en plus avertis et plus que jamais préoccupés, de justice sociale, d'environnement et de développement durable ? Membres et sympathisants libéraux ne se rappellent-ils pas que l’ex chef du PLC, Stéphane Dion, le père d’une certaine « clarté référendaire » a osé proposer déjà une audacieuse taxe sur le carbone, malheureusement rejetée par les électeurs ?
En ces temps où la confiance envers les élus est au plus bas et que la société civile au Québec a mis plus de deux ans à réclamer cette Commission d’enquête Charbonneau relativement aux collusions dans la construction, les firmes d’ingénierie et le financement des partis, est-ce vraiment cohérent et porteur d’Avenir pour ce jeune Trudeau de s’entourer et de ressortir l’Honorable André Ouellet ?
Je me souviens trop bien que sous Jean Chrétien, l’ex organisateur en chef du PLC pour le Québec avait été suspendu avec salaire en février 2004, soit deux semaines après la publication d’un rapport dévastateur de la Vérificatrice générale, Sheila Fraser sur le scandale des commandites, où Monsieur Ouellet agissait alors comme PDG. Cinq mois plus tard, en juillet 2004, un autre rapport de vérification, celui de la firme comptable Deloitte Touche indiquait que, de 1996 à 2003, André Ouellet avait omis de présenter des pièces justificatives en se faisant rembourser des dépenses de voyage et d'hébergement oscillant entre 127 000 $ et 327 000 $ par année. Selon ce même rapport commandé dans la foulée du scandale des commandites, le PDG des Postes était intervenu à maintes reprises dans l'attribution de contrats totalisant 35 millions $. Sans compter que durant la même période, il avait demandé à ses subalternes de trouver du travail à plus de 80 personnes prédéterminées par lui.
Un Justin Trudeau comme son père visionnaire et vecteur de solidarité internationale avec André Ouellet comme appui ? Vraiment ? J’en doute. Comparé à la démissionnaire conservatrice Bev Oda et ses verres de jus à 16 $ ; nous sommes sans conteste devant des gouttes de petite bière !
N’est-ce pas jadis ce même ex-ministre Ouellet qui fut l’un des premiers responsable de coupes importantes de fonds et fossoyeur de dizaines d’ONG de coopération internationale au Canada? Dans les faits, alors ministre des Affaires extérieures, André Ouellet a été le simple précurseur des actuelles politiques isolationnistes du Très Honorable Stephen Harper, davantage préoccupé depuis 2006 à couper lui aussi les fonds à des ONG comme Kairos, Développement et Paix ou Droits et Démocratie pour investir plutôt, à coups de milliards et à fonds perdus, dans des dizaines de prisons et 60 avions de guerre F-35 tout en s’étant vu refuser par les pays membres de l’ONU – faut-il s’en étonner ? – d’un siège névralgique au sélect Conseil de sécurité.