Une autre guerre ?

Suicidaires États-Unis

Ils n’ont rien appris des leçons de l’histoire

Tribune libre


Le plus grand danger que court un État, ce ne sont pas ses ennemis, les vrais, mais sa propre force d’inertie.
Lorsque la politique d’un État est exclusivement fondée sur l’intérêt et les rapports de forces, sans principe aucun, l’État est déjà sur la pente descendante qui le mène à sa chute.
Depuis plus d’un siècle, les interventions militaires des États-Unis partout dans le monde n’avaient pour seul but que de répondre aux exigence des oligarques : ceux du charbon au début, puis ceux de l’acier, des matériaux stratégiques, des bois précieux, des carrefours maritimes majeurs, et finalement du pétrole.
La pénétration déterminée, via l’OTAN, des Américains vers l’Europe de l’Est, l’Asie Centrale, et maintenant vers l’Ukraine, a les mêmes objectifs qu’avant eux, les Français sous Napoléon, à la conquête des immenses richesses naturelles de la Russie, sans compter la plus grande forêt entretenue du monde.
Cette forêt, que j’ai vue et examinée à plusieurs reprises, est tellement étendue qu’il faut deux jours de train pour la traverser. C’est une forêt entretenue depuis 800 ans et qui fait l’envie de l’Europe après l’ouverture du port de Saint Petersbourg vers 1720, alors que la forêt du Québec ne contenait plus rien qui soit convoité par la France et les autres États européens.
À 60 degrés de latitude nord, alors qu’il n’y a rien au Québec, la forêt russe est remplie d’arbres de 30 mètres, robustes et en parfaite santé grâce aux soins apportés par les Russes pour entretenir et transplanter leurs arbres.
Ajoutez en plus le gaz naturel et les minerais stratégiques.
De même pour l’Ukraine, très riche. Elle regorge de sols noirs du type tchernoziom, des sols riches dans lesquels pousse le blé ukrainien qu’achetaient déjà les Romains. Une des guerres vécues par Rome avait précisément le blé pour enjeu.
En 1941, les Allemands envahirent la Russie pour les mêmes raisons. Ils commirent d’horribles massacres, mais l’hiver, le grand ami des Russes, a fini par les décimer. Pourtant, l’Armée russe n’avait ni l’entraînement ni l’équipement
nécessaire pour battre l’armée allemande, redoutable d’efficacité.
De plus, Staline avait fait exécuter 35,000 officiers de son armée, par folie furieuse, sans autre motif qu’ils étaient trop instruits et trop compétents, et qu’ils auraient été en mesure de contester son appréciation des contextes et situations qui se présentent, premier principe de stratégie.
Ce genre de chicane entre l’establishment militaire et son gouvernement est chose courante. Je l’ai vécu dans l’Armée canadienne et je me suis permis de faire publier un ordre secret à la une en 1977, afin de tuer dans l’œuf une intervention militaire injustifiée. C’était l’opération Neat Pitch.
Au contraire de ces malheureux officiers russes et aussi des officiers allemands qui s’étaient opposés à Hitler et qui ont été massacrés, j’étais en position de force car j’avais le Québec et une partie du Canada anglais de mon côté. Un officier n’approuve pas plus la guerre qu’un policier n’approuve le crime.
Dès 1945, les Américains se préparaient à envahir la Russie.
Ce secret bien gardé, je l’ai appris non par les services secrets de l’armée qui étaient ignorants comme des mules, mais par Simone de Beauvoir, philosophe existentialiste.
En 1946, elle avait été invitée aux États-Unis. Pour l’impressionner, les Américains lui firent visiter les usines Ford, à Détroit. Voyant que ces usines avaient commencé à produire des camions militaires avec très hautes plateformes, construits pour les régions aux sols mous et marécageux, elle s’enquit pour savoir à quoi ces camions étaient destinés. « Pour l’invasion de la Russie », lui répondit un ingénieur.
Pas folle du tout, elle en informa toute la France à son retour, et la la nouvelle se répandit vite fait dans toute l’Europe. Résultat : les Anglais les premiers, sous Winston Churchill, s’opposèrent au projet. La Russie était européenne et les Américains n’iront pas s’en emparer.
La propagande américaine contre le « communisme » fit faux bond en partant. Elle n’était crédible qu’en Amérique du Nord, y compris par le naïf Québec de l’époque.
En service en Allemagne du Nord de 1957 à 1959, je n’ai vu aucune armée russe sur la rive orientale de la Weser, le fleuve allemand qui servait de frontière entre l’Allemagne de l’Ouest et l’Allemagne de l’Est.
Je suis allé plus tard en Russie voir de près les « communiches » des Créditistes du Québec. Première constatation : il y avait 15 femmes pour un homme en Russie, résultat des guerres.
Je n’ai vu que des coopératives comme nos caisses populaires, à part le fait que l’État était le seul employeur. Je n’ai vu qu’un immense pays vulnérable aux invasions en provenance de l’extérieur, parce que trop étendu. Et j’ai vu une population calme, très religieuse au sens orthodoxe du terme, portée à la rêverie, très sentimentale de surcroît.
Comme les Français sous Napoléon et les Allemands sous Hitler, l’ambition sordide des Américains de viser la Russie comme leur objectif ultime va finir par les ruiner.
JRMS


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5 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    1 août 2014

    Même si j'estime que les Américains aient planifié une invasion de la Russie je crois néanmoins que l'épuisement des ses soldats aurait fait la tâche du prolongement de la guerre, un événement fort peu probable. Les Russes eux défendaient la patrie et ils avaient fait état de leur combativité.

  • Archives de Vigile Répondre

    1 août 2014

    Monsieur Sauvé,
    L'ancien secrétaire adjoint au Trésor des États-Unis sous Ronald Reagan, Paul Craig Roberts, un homme qui possède une grande connaissance des milieux décisionnels aux États-Unis, y va d'un très bon article pour compléter votre pensée:
    http://www.paulcraigroberts.org/2014/07/31/wests-reckless-rush-towards-war-russia/
    Il y a vraiment deux énoncés à retenir particulièrement de cet article de monsieur Roberts, deux énoncés qui font drôlement réfléchir de la part d'un homme aussi connaisseur des milieux du pouvoir américain que monsieur Roberts:
    "It is completely obvious that no one in Washington has enough sense to be in government."
    "The threat to life on earth has never been as great as it is at this time. The crazed fools in Washington and the reckless scum that comprise the Western media are brewing armageddon."
    Cela vous donne raison monsieur Sauvé et donne aussi raison, malheureusement, aux Nostradamus, Malachie et autres qui ont prédit la fin des temps pour notre époque.

  • Archives de Vigile Répondre

    1 août 2014

    « De tous les dangers, le plus grand est de sous-estimer son ennemi. »
    C'est d'autant plus vrai lorsque l'ennemi réside entre nos deux oreilles.

  • Jean-Louis Pérez-Martel Répondre

    30 juillet 2014

    « De tous les dangers, le plus grand est de sous-estimer son ennemi. » Pearl Buck (extrait de Impératrice de Chine )
    Citation pouvant servir à nous rappeler les deux forces antagonistes qui ont voulu imposer leur système d’organisation collective après la 2éme Guerre Mondiale : démocratie en liberté vs communisme des goulags. Dans ce dualisme sociétal, il convient alors de connaître les vraies raisons qui ont motivé la création de l’Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN)
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Organisation_du_trait%C3%A9_de_l'Atlantique_Nord
    ***
    JLPM

  • Archives de Vigile Répondre

    30 juillet 2014

    Très intéressant! Merci. La propagande et la désinformation au sujet de la Russie est affligeante. Il est difficile de trouver des opinions qui divergent de la ligne officielle de l'OTAN.