Souveraineté revisitée: entre cultures et capitaux

Du bas de laine aux valises malsaines.

Tribune libre

J’aurais voulu écrire un long mémoire. Peu de lecteurs aiment lire en longueur de journée. Mais j’ai la chance d’avoir un mentor souverainiste, brillant et humaniste.
Alors, je serai bref, au meilleur de moi-même.
Quand on vit au Québec, on ne peut l’ignorer. On est né québécois, ou on ne l’est pas, mais on vit pareil au Québec. Ici, c’est aussi au Canada, mais ce n’est hélas pas pareil.
Ce qui fait la différence, n’est ni moins ni plus que la divergence de visions politiques, principalement le projet de souveraineté ou d’indépendance. A quoi ça rime, à quoi c’est fragile?
L’identité québécoise sur fond du fait français revient à l’esprit de plus d’un souverainiste, pour ne pas dire de tous. Cette identité n’est pas mono-culturelle. S’agissant de la langue, il y a des Québécois anglophones de souche ou d’adoption, des Québécois bilingues ou multilingues. Et ils partagent tous la même sensibilité au respect de leurs perceptions identitaires, la même aspiration à des droits et à des libertés, le même attachement à cette terre et à cette société. Vouloir se définir par rapport à l’usage du français divise manifestement les Québécois, et constitue en soi un frein à la souveraineté.
Oui, le français est essentiel à la vie de plusieurs millions de Québécois, y compris ceux de Montréal. L’on ne peut ne pas se préoccuper de son avenir. Oui, il faut se prémunir en tant que culture minoritaire, contre l’assimilation anglophone et les invasions de nouvelles cultures. Pour ce faire, il faut créer et maintenir des emplois en français, promouvoir la culture d’excellence en français (en production technologique, en création et diffusion culturelles, en gouvernance des destins). La langue n’est pas faite à base de lait ni de céréale, il faudra lui en ajouter.
Certains disent : «nous voulons un pays». Ceci ne me rejoint pas fortement. J’en ai eu un pays. Des politiciens véreux et des bandits armés l’ont mis à feux sous mes regards impuissants, et m’en ont chassé. Comment cela aurait pu être évité? J’ai à présent un pays, plus grand que celui qu’on me promet. Je serais plus sensible à une promesse de plus de liberté, de plus de sécurité, de plus de prospérité, de plus de solidarités nationale et internationale, de plus de sens de responsabilité, de plus de lucidité et d’efficacité gouvernementales, de meilleur modes et niveau de vie, de plus d’espoir et de moins d’illusions.
Ensuite, une démonstration que le Canada ne peut plus nous en faire rêver, encore moins nous y emmener. Cette démonstration, je persiste à croire qu’elle sera le mieux faite par les Gaffeurs à Ottawa que par des souverainistes (séparatistes ou indépendantistes) érudits à Québec. Quand par exemple ils votent des guerres auxquelles nous ne souscririons pas, brûlent des fonds qui autrement serviraient à créer des emplois, et font de nos enfants des chaires à canon à Kandahar. Mais ça en prend plus pour chauffer les esprits à bloc, chez une très large majorité de Québécois.
Il s’agit effectivement d’une question de choix par la majorité. De quelle majorité? Aujourd’hui, le PQ qui jouit de moins de 51% d’appui populaire, qui a perdu deux référendums, n’est pas prêt à remettre en question son projet pour prendre en compte les convictions divergentes. Les fédéralistes feraient de même s’ils n’avaient pas gagné. Que dirions-nous aux anglophones majoritaires dans Montréal si à leur tour ils rêvaient d’un pays «Montréal»? Où nous amènent au fond ces chicanes? Nulle part. Seraient-elles essentielles à la dynamique démocratique? Pantoute!
Le fédéralisme et le séparatisme sont en train de s’incruster dans ce qui nous définit comme peuple, autant ils nous divisent. «C’est un maudit fédéraliste! Ah, c’est un méchant séparatiste!» Il faut entre amis ou voisins éviter ces sujets, si on veut préserver la bonne entente. Ni les uns ni les autres, nous ne sommes plus libres d’être «nous». Ou on clarifie les enjeux, ou on s’en câlisse.
Selon moi, les véritables enjeux sont d’ordre économique. D'ailleurs, d'aucuns croient que le Québec serait un pays n'eut été le biais des commandites à gros canons d'argents. Pendant que les politiciens nous distraient dans leurs chicanes interminables, notre bas de laine s’évapore au rythme de gaspillages que plus personne ne sait contrôler. On le sait mais nous ne le saurons jamais assez, le pouvoir politique reposer sur le pouvoir de dépenser. Vous enlevez celui-ci aux politiciens, et ils déposent tous le tablier. Toutes les raisons sont bonnes pour dépenser. En temps de crise comme durant la prospérité. Quand des milliards volent comme des ballons aux fêtes des poupons, c’est que les politiciens sont en déficit d’idées de bonne gouvernance. Évidemment, nous ne sommes guère tendres avec eux, quand ils ont les ailes de gens intelligents. Nous les aimons mieux quand ils brassent l’argent! Ils nous en mettent plein la vue, et nous détournent des diagnostiques de fond. Des milliards! Le débat et la réflexion focalisent là-dessus. Aux questions de l’inefficience du système de la santé, ils dressent des budgets mirobolants et nous promettent un médecin par habitant. Waouh! Mais il existe sûrement une façon différente d’adresser des solutions lucides et responsables aux défis de la santé. La coopération en est une option. Quelles directions privilégient nos politiciens? Ils mettent des milliards pour sauver une industrie pourrie telle l’automobile. Ainsi ils l’empêchent de se soigner, de se restructurer. A qui vont les enveloppes? Parfois aux mêmes responsables des déboires. Qui paye la note? Les travailleurs. Tant que les élus et les dirigeants de compagnies ne passeront pas à la réduction de leurs paies pour équilibrer les budgets, nous ne seront pas sortie de l’auberge. On ne subventionne pas les salaires des dirigeants, dit-on! Qui est cave?
Selon moi, les fonds publics devraient aller aux coopératives de travailleurs, de consommateurs, de producteurs. Et je crois que seule la culture des coopératives peut garantir notre souveraineté et nos sécurités vitales, au sein d’une fédération ou en tant que nation administrativement distincte. Faisons du PQ, du PLQ, du QS, etc. voire de la fonction publique et du gouvernement, des Super Coop., et tout ira pour le mieux.

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François Munyabagisha79 articles

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Psycho-pédagogue et économiste, diplômé de l'UQTR
(1990). Au Rwanda en 94, témoin occulaire de la tragédie de «génocides»,

depuis consultant indépendant, observateur avisé et libre penseur.





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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    21 novembre 2009

    "Faisons du PQ, du PLQ,etc..., des super co-op et tout ira pour le mieux".
    Etes-vous sérieux? Quelle naiveté! Avez-vous proposé cela dans votre pays d'origine? Tant qu'à y être, pourquoi ne pas proposer de faire une nouvelle religion bilingue, multiculturelle dans laquelle tout le monde s'aimerait dans le plus grand respect de tous? Quelque chose comme la Tour de Babel quoi.