Souvenirs, larmes et propagande

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Le Canada ose nous envoyer un ministre algérien de tendance islamiste pour nous faire la morale

Pour faire changement, je commence ma chronique par la conclusion : les Québécois n’ont pas besoin d’experts de l’islam envoyés au Québec par l’ambassade du Canada à Alger et choisis par le ministère des Affaires religieuses de l’Algérie pour leur enseigner le vivre-ensemble. Et surtout pas en lien avec l’anniversaire de l’attentat de Québec.


Et pourtant, c’est ce qui va arriver.


L’Algérie est une dictature laïque, mais le ministre des Affaires religieuses est accusé de faire le jeu des islamistes. En mai, l’écrivain algérien Rachid Boudjedra, qui fait rarement dans la dentelle, disait au magazine français Le Point : « La société algérienne est submergée par l’islamisme. »


Merci de nous envoyer vos plongeurs.


Cette étrange idée vient du Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence (CPRMV) de Montréal et du gouvernement du Canada, via son ambassade à Alger, dans le cadre de journées de conférences à Québec et à Montréal pour souligner l’anniversaire de la tuerie du 29 janvier.


Laïcité mon œil


Encore une fois, le fédéral démontre qu’il n’a rien compris du Québec. Ici, la séparation de la religion et de l’État, c’est du sérieux. Les Québécois n’en ont rien à cirer d’experts de l’islam dont ils n’ont jamais entendu parler et du mandat de nous « instruire » émis par un ministère d’Affaires religieuses d’un pays étranger.


Car, il n’y a pas de lien direct entre la tuerie et l’Algérie.


Les victimes étaient intégrées et seulement deux sur six étaient nées en Algérie. Les autres étaient d’origine kabyle, marocaine, tunisienne et guinéenne. Mais surtout, ils étaient Québécois.


Au Centre, on a voulu me faire comprendre qu’il s’agit d’une initiative diplomatique. Et alors ? Le Centre veut bien paraître pour vendre ses services à l’Algérie ? Le directeur Herman Okomba-Deparice voyage beaucoup, espérant voir sa méthode de déradicalisation rayonner de par le vaste monde.


Sauf que personne ne sait si ça fonctionne vraiment.


Même si ce bazar est financé par nos impôts, n’essayez pas d’y voir clair. J’ai le Centre à l’œil depuis longtemps et rien de ce qui en émane ne m’aide à y voir autre chose qu’une grenouille gonflable.


Qui, comment, pourquoi ?


Chose certaine, le Centre a le sens du timing et des relations publiques. Quelqu’un a vu que des petites commémorations s’organisaient à gauche et à droite. Pourquoi ne pas rassembler le tout et faire big ? International même !


Mais des conférences intitulées « Penser les djihads en islam » et prononcées par des gens qui ne connaissent pas notre société, est-ce la meilleure façon de célébrer la mémoire de ces hommes morts sous les balles d’un tueur fou ?


Le porte-parole du Centre m’a expliqué que les proches des victimes n’étaient pas le groupe cible, mais les gens ordinaires, les étudiants, les universitaires.


C’est là que j’ai compris. Quelqu’un quelque part – pas le Centre qui, lui, souffre de naïveté – a décidé d’utiliser le 29 janvier pour nous endoctriner, sous le couvert de la compassion, du vivre-ensemble et de l’amitié entre les peuples.


C’est honteux. Seul le bruit des larmes qui tombent devrait être perceptible.