Le gouvernement Harper a l'occasion de nuancer sa désastreuse politique proche-orientale, dont on a vu les effets pervers durant le conflit entre Israël et le Hezbollah. Cette chance lui est offerte par la formation prochaine d'un gouvernement d'union nationale dans les territoires palestiniens.
Le Canada doit envoyer un signal positif afin de saluer cette avancée. Il doit exprimer sa satisfaction devant le pas qui vient d'être accompli.
Le Mouvement de résistance islamique a encore de nombreux gages à donner sur la reconnaissance d'Israël. Cette reconnaissance demeure plus implicite qu'explicite. Mais il s'agit néanmoins d'une première pour le Hamas. Il faut non seulement le souligner, il faut en tenir compte.
Ce n'est évidemment pas pour rien que le président Mahmoud Abbas, du Fatah, et son frère ennemi, le premier ministre Ismaël Haniyeh, du Hamas, viennent de s'entendre. C'est qu'ils espèrent que l'entrée en fonction d'une nouvelle équipe gouvernementale débouchera, à terme, sur une reprise de l'aide internationale. Il faut le souhaiter avec eux.
La suspension de l'aide à l'Autorité palestinienne a plongé les territoires palestiniens dans une crise financière et politique sans précédent. La situation est intenable. Le danger d'explosion croît de jour en jour.
Pourquoi Ottawa, qui n'est qu'un tout petit joueur dans cette zone du monde, devrait-il se manifester rapidement ?
D'abord, parce que le Canada, pour ceux qui ne s'en souviendraient pas, a été le premier pays de la planète à couper les vivres au nouveau gouvernement palestinien dirigé par le Hamas. C'était en mars.
Ce n'est évidemment pas lui qui a entraîné les autres, mais les États-Unis et l'Union européenne ont suspendu leur aide à l'Autorité palestinienne quelques jours plus tard.
Si Ottawa a aujourd'hui le devoir de coller aux derniers développements, c'est également pour démontrer qu'il est réellement attaché à la paix au Proche-Orient.
Les mots employés par Stephen Harper sur la nécessité qu'il y ait un État palestinien vivant en paix à côté d'Israël demeureront vides de sens s'il ne les accompagne pas de gestes concrets.
Lundi, les citoyens canadiens ont entendu le premier ministre parler de terrorisme lors des commémorations marquant les attentats du 11 septembre 2001. Celui-ci ne doit donc pas ignorer que le conflit israélo-palestinien alimente depuis trop d'années déjà la haine dans le monde arabo-musulman. Il y a des fous de Dieu qui l'instrumentalisent.
M. Harper doit aussi savoir que tous les Palestiniens ayant voté pour le Hamas en janvier n'ont pas sombré dans les bras de l'islamisme radical. Que la plupart d'entre eux souhaitent une paix négociée avec Israël. Que s'ils ont voté pour le parti islamiste, c'est en raison de l'effondrement de l'économie et des structures sociales dans les territoires palestiniens. Qu'ils voulaient sanctionner la corruption du Fatah de Yasser Arafat.
La communauté internationale doit demeurer prudente. Elle doit maintenir le Hamas sous surveillance. Mais elle doit réaliser qu'une attitude sans cesse plus intransigeante à son endroit ne fera que renforcer sa frange la plus radicale. Il y a des extrémistes qui n'attendent que ça !
Sous réserve de voir la composition exacte du prochain exécutif palestinien, les pays occidentaux devront rétablir leur aide à l'Autorité palestinienne. Ils devront le faire graduellement.
Il leur appartient de soutenir les modérés quand ils prennent leur place sur l'échiquier, comme cela semble vouloir être le cas. La relance du processus de paix est à ce prix.
Le mouvement amorcé est insuffisant, mais il faut lui permettre d'aller plus loin.
jmsalvet@lesoleil.com
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