Le français parlé en Nouvelle-France avait bonne réputation. En 1840, toutefois, les jugements qu'on porte sur lui sont devenus négatifs. Pourtant, pendant cette période qui va de 1760 à 1840, la langue parlée au Québec ne s'est à peu près pas modifiée. Comment expliquer, alors, la modification du regard qu'on pose sur elle?
Dans Méchante langue. La légitimité linguistique du français parlé au Québec, la linguiste Chantal Bouchard essaie de comprendre ce paradoxe qui fait «qu'une variété linguistique ayant relativement peu changé s'est en l'espace de deux générations presque entièrement déva-luée». Elle explique, de savante façon,] que «la légitimité du français parlé au Canada est une victime tardive de la Révolution française».
Après cet événement, en effet, la norme parisienne, définie par une nouvelle classe dominante, change. Le Québec, coupé de cette évolution, ne suit pas la tendance linguistique. Sa langue ne s'est pas objectivement dégradée, mais elle fait désormais «Ancien Régime».
En citant Pierre Bourdieu, qui notait qu'«une langue vaut ce que valent ceux qui la parlent», Chantal Bouchard rappelle une leçon qui vaut aussi pour aujourd'hui: la légitimité linguistique est inséparable des rapports de force sociaux.
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Collaborateur du Devoir
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Méchante langue
_ La légitimité linguistique du français parlé au Québec
_ Chantal Bouchard
_ PUM
_ Montréal, 2011, 176 pages
Essai
Soudain, les Québécois parlaient mal
la légitimité linguistique est inséparable des rapports de force sociaux.
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