par Lessard, Denis
Québec - La lente remontée du gouvernement libéral s'est essoufflée. Et sur la scène fédérale, le gouvernement conservateur de Stephen Harper est désormais aussi impopulaire que celui de Jean Charest.
C'est le constat auquel en arrive la maison de sondage CROP, dans sa plus récente enquête mensuelle réalisée pour La Presse.
Réalisée du 19 au 29 octobre dernier, auprès de 1000 personnes, après le début des travaux à l'Assemblée nationale et au moment des nombreuses fermetures dans le secteur des scieries, le sondage montre que libéraux et péquistes sont à égalité dans les intentions de vote des Québécois.
Le coup de sonde, précis à 3 points de pourcentage près, indique que la satisfaction à l'endroit du gouvernement Charest est à 41%, comme le mois précédent.
Fin août, 40% des gens étaient satisfaits du gouvernement, une première hausse importante par rapport à juin. Dans le décompte des insatisfaits, l'embellie paraît en panne: 54% des gens se disent insatisfaits de leur gouvernement à Québec, une diminution de 3%, insuffisante pour être significative.
"C'est comme si le gouvernement avait atteint un plateau depuis la fin de l'été. Les libéraux auraient pu espérer voir une fenêtre s'ouvrir... ce n'est pas le cas actuellement", observe Claude Gauthier, de CROP. Cette stagnation est "assez fascinante" parce qu'elle survient après plusieurs semaines durant lesquelles le gouvernement Charest s'est multiplié en annonces dans les régions.
Le gouvernement a aussi injecté beaucoup d'argent pour atténuer l'impact en région des fermetures dans les scieries. En vain, si on se fie au sondage. Devant des constats similaires, les stratèges libéraux ont d'ailleurs décidé de reporter au printemps une annonce importante sur le développement régional, histoire de ménager les fonds pour les débloquer à un moment plus proche des élections.
Faible consolation, le gouvernement Harper est désormais aussi impopulaire que le gouvernement Charest au Québec, une augmentation subite des insatisfaits passant de 50% en septembre à 56% en octobre. Comme pour le gouvernement Charest, 41% des gens se disent satisfaits du gouvernement fédéral, une baisse de quatre points en un mois. Autre signe de parenté, entre Jean Charest et Stephen Harper, 61% des électeurs du PLQ sont satisfaits du gouvernement conservateur, 20% de plus que la moyenne des Québécois.
Des élections fédérales au Québec cette semaine auraient donné un score proche de celui de janvier 2006. Les conservateurs récoltent 24% des intentions de vote, un point de moins qu'aux élections. Les libéraux fédéraux, même sans chef, obtiennent leur score d'il y a 10 mois, 21%, et les bloquistes font 36%, six points de moins qu'aux élections.
Selon M. Gauthier, toutefois, les choses pourraient changer radicalement pour le gouvernement Harper au Québec si des Québécois perdent la vie en Afghanistan - le premier contingent est parti de Valcartier lundi soir.
C'est à Québec que les conservateurs font leur meilleur score avec 38% des intentions de vote. Les libéraux fédéraux obtiennent 27% à Montréal, mais le Bloc y fait 36%. Le parti de Gilles Duceppe domine nettement en région avec 38% des intentions de vote.
PLQ en panne
En y regardant de plus près M. Gauthier souligne que la remontée de la satisfaction à l'endroit du gouvernement Charest depuis août, venait d'un retour au bercail des non-francophones. Les francophones sont à 59% insatisfaits du gouvernement Charest - alors que la moyenne dans l'ensemble de la population est de 54% d'insatisfaits.
Dans les régions, en dehors de Montréal et Québec, le taux d'insatisfaction est de 59% aussi. Les "satisfaits" sont à 37% contre 41% pour l'ensemble du Québec. "Il y a une personne sur cinq qui se décrit comme "très insatisfaite" du gouvernement québécois, c'est pas négligeable" dira M. Gauthier.
A posteriori, M. Charest a bien fait de ne pas se lancer en campagne électorale cet automne, observe-t-il. "Ils avaient sûrement leurs propres enquêtes. Cela aurait été pas mal risqué de se lancer en campagne", précise M. Gauthier.
Pour les intentions de vote, le sondage d'octobre ne montre aucune différence significative par rapport à celui de septembre où PQ et PLQ étaient à égalité, avec 37% des intentions de vote.
Dans un tel scénario, le PQ part avec une longueur d'avance. À cause de la concentration de leur vote dans l'ouest de Montréal, les libéraux ont besoin d'une avance de cinq points environ au niveau national pour l'emporter.
Après répartition des 15% d'indécis (5% de moins qu'en septembre), CROP estime que le PQ aurait remporté les élections avec 37% des suffrages, contre 36% au PLQ, un point de moins qu'en septembre. L'ADQ monte d'un point passant de 12 à 13%, encore là un mouvement trop faible pour être significatif.
"C'est comme pour la satisfaction, les choses semblent figées depuis la fin de l'été", commente Claude Gauthier. À l'inverse, la rentrée parlementaire qui devait être un temps fort pour le chef péquiste André Boisclair, n'a laissé aucune trace dans le sondage.
Chez les électeurs francophones, après répartition des indécis, le PQ monte de troispoints à 48%, tandis que le PLQ baisse de trois points à 25%. L'ADQ monte de deux points, à 15%, tandis que Québec solidaire et le Parti vert piétinent. En région, les partis restent sur leurs positions de septembre, hormis l'ADQ qui monte de 11 à 17%. À Montréal, les libéraux ont une avance de 2% sur le PQ, (39% contre 37%) et seulement 8% pour l'ADQ.
Sur la question référendaire, le sondage d'octobre montre des résultats identiques à ceux de septembre, 45% des Québécois auraient appuyé la souveraineté-partenariat contre 55% qui s'y seraient opposé.
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