Après des critiques acerbes contre l'OTAN et une montagne russe d'émotions infligées aux pays membres de l'organisation militaire, Donald Trump a estimé jeudi midi que le Sommet qui s'achève à Bruxelles a été un « grand succès ».
« Ça a été deux journées fantastiques, a-t-il lancé avec le sourire. Tout s'est réglé en fin de compte. »
Dans une longue conférence de presse à laquelle ont assisté au moins 300 journalistes et photographes, le président américain a affirmé que l'alliance est aujourd'hui « beaucoup plus forte qu'elle ne l'était il y a deux jours ».
Donald Trump s'est aussi félicité du réinvestissement de 33 milliards de dollars américains dans l'alliance militaire, qui aurait été convenu jeudi entre les 29 pays membres selon ses dires.
Citant le secrétaire général de l'OTAN, M. Trump s'est attribué tout le crédit pour ce réinvestissement obtenu sous la menace.
« Tout le monde était heureux en sortant de la pièce (jeudi matin) », a-t-il déclaré, citant un « esprit de corps » des alliés.
« Génie très stable »
Fidèle à son habitude d'utiliser des qualificatifs pompeux et colorés, Donald Trump a estimé que ses nombreux tweets agressifs et menaces proférés avant et pendant le Sommet n'avaient pas créé le chaos.
« Je suis un génie très stable », a-t-il lancé avec le sourire en réponse à un journaliste.
33 milliards?
M. Trump a affirmé de façon très claire que tous les pays membres de l'OTAN avaient accepté d'augmenter leurs budgets militaires pendant la réunion de cette semaine, grâce son intervention musclée.
Il a cité le chiffre de 33 milliards en argent frais, qui n'a toutefois pas été confirmé par l'organisation.
Dans une conférence de presse distincte, le président français Emmanuel Macron a expliqué que cette somme semble correspondre « à l'augmentation qui a été actée cette année d'ores et déjà des dépenses et qui a été confirmée par les États membres ». Pas à un nouvel engagement pris sous les menaces de Trump, donc.
Ce fameux 33 milliards semble donc être un résultat direct des engagements déjà pris par les membres de l'OTAN pour 2024.
2% du PIB
Ceux-ci avaient alors convenu de réinvestir de façon massive dans leurs budgets militaires respectifs, après des années de réduction. L'objectif: faire passer leurs budgets militaires respectifs à 2% de leur produit intérieur brut (PIB) d'ici 2024
Le Canada dépense aujourd'hui 1,3% de son PIB dans ce domaine. Selon les plans actuels du gouvernement Trudeau - qui prévoient une hausse de 70% du budget de la défense sur 10 ans -, le Canada atteindra un seuil d'à peine 1,4% en 2024.
Trudeau se défend
En conférence de presse au terme du Sommet à Bruxelles, Justin Trudeau a indiqué que le Canada visait toujours à respecter les engagements pris par les membres de l'OTAN en 2014.
Il a toutefois refusé de répondre aux nombreuses questions des journalistes, qui demandaient si le Canada rehaussera sa cible de dépenses à 2% du PIB (plutôt que 1,4%) en 2024.
« Nous continuons de reconnaître à quel point l'OTAN est importante et nous allons toujours arriver avec de l'argent, oui, mais aussi avec des engagements et des capacités », a-t-il indiqué.
Contradiction de Trump
Justin Trudeau estime que la participation du Canada à toutes les missions de l'OTAN depuis 1949 - notamment en Afghanistan et dans les Balkans - a une valeur réelle, qui ne se calcule pas en dollars ou en points de pourcentage du PIB.
Les propos de Justin Trudeau viennent donc contredire les affirmations faites un peu plus tôt jeudi par Donald Trump. Celui-ci a soutenu que tous les pays membres de l'OTAN s'étaient engagés à vite rehausser leurs budgets militaires pour atteindre le seuil de 2%.
Centaines de milliards
Depuis leur engagement pris en 2014, les pays membres de l'OTAN ont globalement augmenté leurs dépenses militaires de 87 milliards américains.
Selon les plans déjà convenus avant le sommet de Bruxelles (et avant les montées de lait de Donald Trump), les réinvestissements prévus ajouteront encore 266 milliards au cours des six prochaines années.
Même si les pays ont conjointement renouvelé la cible de 2% dans une déclaration commune, mercredi, Donald Trump a pris tout le monde par surprise en exigeant plutôt 4%.
Ce bond, énorme, se traduirait par des centaines de milliards supplémentaires en défense. La demande a toutefois été écartée, du moins pour le moment.
Réunion d'urgence
Le deuxième jour du Sommet de l'OTAN à Bruxelles a débuté avec une réunion « d'urgence » des dirigeants de cette alliance transatlantique, qui ont discuté de moyens pour tenter d'apaiser la colère de Donald Trump au sujet du financement de l'organisation.