Six ministres en France: les Français vont payer, dit Couillard

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Horrible faux-pas diplomatique

Les contribuables français vont assumer une bonne part des frais de voyage de la demi-douzaine de ministres québécois qui débarqueront à Paris la semaine prochaine.
Le chef du gouvernement libéral, Philippe Couillard, a avancé cet argument, mercredi, pour justifier la présence à ses côtés d'un chapelet de ministres à l'occasion de la 18e Rencontre alternée des premiers ministres québécois et français, du 2 au 6 mars.
«Dans le cadre d'une visite alternée, c'est la partie qui reçoit qui paie les dépenses d'hébergement et de transport terrestre de la partie qui visite, de sorte que ces dépenses de la délégation québécoise sont prises en charge par la France», a expliqué le premier ministre dans l'espoir de mieux dorer la pilule.
Ces dépenses ne comprennent pas celles des nombreux fonctionnaires attachés à chacun des ministères ni du personnel politique et de la sécurité qui prennent part au périple.
Néanmoins, M. Couillard rejette du revers de la main les critiques soulevées par les partis d'opposition qui lui reprochent de rouler grand train en pleine période d'austérité.
La relation avec la France, basée à l'origine sur l'histoire, la langue et la culture, a aussi un volet économique dont le profil prend de plus en plus d'importance, a soulevé le premier ministre.
«Il y a beaucoup d'entreprises, la France est notre troisième partenaire commercial après les États-Unis et la Chine et il y a beaucoup d'occasions d'investissements et d'emplois, notamment avec le Plan Nord», a-t-il dit.
À Paris et à Bordeaux, M. Couillard sera accompagné par la ministre de la Culture, Hélène David, le ministre délégué à l'Implantation de la Stratégie maritime, Jean D'Amour, le ministre de l'Environnement, David Heurtel, le ministre de l'Économie, Jacques Daoust, et la ministre des Relations internationales, Christine St-Pierre.
Une autre membre du gouvernement, la ministre de la Sécurité publique, Lise Thériault, mènera une mission en parallèle outre Atlantique du 4 au 13 mars pour «tisser des liens» sur des enjeux de sécurité.
Lors de la dernière visite alternée au Québec au printemps 2013, le premier ministre français, Jean-Marc Ayrault, était débarqué en compagnie de quatre membres de son cabinet. À l'époque, l'ampleur de la délégation française, pourtant plus modeste que celle du Québec cette année, avait surpris les observateurs.
Mais pour M. Couillard, tous les ministres québécois auront un «rôle spécifique» à jouer dans l'Hexagone et leur présence est pleinement justifiée.
«Il y a le plan culturel numérique que les Français demandent de voir, il y a M. Heurtel qui est là parce qu'on prépare la conférence de Paris (sur les changements climatiques) où le Québec aura un rôle à jouer, les Français veulent également de l'information sur la Stratégie maritime», a énuméré le premier ministre.
Pendant la période de questions à l'Assemblée nationale, le Parti québécois et la Coalition avenir Québec ont accusé le premier ministre de s'accorder des largesses alors qu'il impose aux Québécois un régime d'austérité.
Le député péquiste Alain Therrien a parlé d'une mission commerciale «digne du Roi-Soleil et de sa cour».
«Pendant que les citoyens voient leurs taxes et impôts augmenter, pendant qu'ils voient leurs services coupés, pendant qu'ils subissent l'austérité, le gouvernement, lui, ne se prive pas d'amener 25 pour cent de son conseil des ministres pour une semaine à Paris», a-t-il lancé.
Les Français ont beau partager la facture, les contribuables québécois devront tout de même débourser le gros prix pour ce voyage de groupe, a renchéri le député Éric Caire, de la Coalition avenir Québec.
«En regardant les études de crédits, le voyage d'un ministre coûte en moyenne 2 339,08 $ par jour (...) plus le personnel politique, plus les gardes du corps, plus les fonctionnaires, donc, en gros, un voyage de plusieurs centaines de milliers de dollars», a dénoncé le député de La Peltrie.
«Le message qu'on envoie aux contribuables québécois, c'est qu'on va continuer à piger dans vos poches, on va continuer à couper dans vos services et on va continuer à se payer des voyages sur votre dos», a-t-il poursuivi.
En novembre dernier, le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, avait prévenu qu'il aurait à l'oeil les dépenses de voyage et qu'il veillerait à autoriser (ou non) chacun des déplacements des fonctionnaires du gouvernement. Interpellé en Chambre, il a défendu à son tour le déplacement de la flottille québécoise.
«Cette mission a des dossiers très concrets qui font avancer des choses importantes pour le Québec, que ce soit la création d'un institut de recherche maritime avec la France, que ce soit la promotion de la stratégie numérique dans le domaine culturel, que ce soit les 21 rencontres que mon collègue ministre de l'Économie va avoir pour faire avancer des dossiers concrets d'investissement», a-t-il opiné.
Il a aussi fait remarquer que les péquistes «seraient les premiers à déchirer leur chemise et peut-être même leurs pantalons» si le gouvernement mettait un frein à sa relation privilégiée avec la France.


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