Sico, une autre tuile qui nous tombe sur la tête

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Redonner un sens à la Caisse de dépôt

En voyage vers Boston, le premier ministre du Québec a aujourd’hui déclaré que la province était « open for business », mantra généralement répété à chaque fois que le chef de notre gouvernement se rend à l’étranger. La diplomatie, c’était pour hier ; aujourd’hui, l’État québécois se voit comme un comptoir administratif voué à l’attraction des investisseurs étrangers.


François Legault a cependant raison de vouloir une réorientation importante des outils de l’État pour favoriser le maintien de nos sièges sociaux chez nous. Il faudra voir ce que le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, aura bien à nous présenter sur la question. De prime à bord, on peut craindre que le plan soit déphasé, si on se fie à la rhétorique de son gouvernement. Nous ne sommes plus à l’époque du Québec Inc fort. Tout plan cohérent devrait se pencher sur le grand détournement de la Caisse de dépôt et placement.


Quoi qu’il en soit, il faut laisser une chance au coureur et saluer les bonnes intentions du gouvernement. Nous sommes ici loin d’une Dominique Anglade qui parle d’une « transaction bénéfique » quand nous perdons un fleuron, ou de Philippe Couillard qui qualifie la coupure de milliers d’emplois de signe d’une nouvelle phase de croissance.


Le premier ministre a ainsi pleinement raison de se fâcher du départ des activités de Sico au Québec, au profit de l’Ontario. 150 travailleurs sont mis à la porte. Il faut donc dire que la décision pouvait être anticipée : lors de la dernière négociation, l’employeur souhaitait que la convention collective ne dépasse pas 16 mois. Quand on procède ainsi, il faut s’attendre à un ressac de la part des consommateurs québécois, ce que Legault a jugé légitime.


Le problème est encore une fois liée à la fuite des sièges sociaux. Sico a été créée au Québec en 1937, puis a été vendue à à la Néerlandaise AzkoNobel en 2006, puis est passée entre les mains de l'américaine PPG Industries en 2013. À partir du moment où on vend à  l’étranger, on peut se douter que les emplois québécois seront très loin dans la liste des préoccupations.


Une solution me semble s’imposer : légiférer pour que la présence des salariés aux C.A. des entreprises soit statutairement obligatoire et imposante. Cela me semble être la seule manière d’enraciner la direction des entreprises dans les réalités concrètes de ceux qui les font vivre, en plus de sensibiliser les employés sur les défis de la compagnie.


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Simon-Pierre Savard-Tremblay179 articles

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Simon-Pierre Savard-Tremblay est sociologue de formation et enseigne dans cette discipline à l'Université Laval. Blogueur au Journal de Montréal et chroniqueur au journal La Vie agricole, à Radio VM et à CIBL, il est aussi président de Génération nationale, un organisme de réflexion sur l'État-nation. Il est l'auteur de Le souverainisme de province (Boréal, 2014) et de L'État succursale. La démission politique du Québec (VLB Éditeur, 2016).