À la veille de Noël, une vingtaine de sénateurs Les Républicains (LR) ont déposé une proposition de loi visant à préserver les crèches de Noël, « tradition immémoriale de la nation française ». Un moyen pour eux de rappeler que Noël, en plus d’être une fête chrétienne, constitue un fondement essentiel de notre identité.
Combat contre un mouvement wokiste
« On est en droit de se demander s’il y aurait encore longtemps des nuits de Noël, avec leurs anges et leurs bergers, pour ce monde féroce, si éloigné de l’enfance. […] Que viendra faire dans un monde tel que celui-ci un jour consacré depuis deux millénaires ? » Les mots de Georges Bernanos sont d’une étonnante actualité, 75 ans après leur écriture. Partout Noël, tradition séculaire qui forge le patrimoine français, est menacé. À Beaucaire (Gard), Béziers (Hérault) ou Perpignan (Pyrénées-Orientales), la Justice a ordonné le retrait des crèches de Noël. Saisie par la Ligue des droits de l’homme (LDH), le tribunal administratif s’est rangé, comme chaque année, du côté des laïcards qui voient dans les santons de la crèche une violation de la Constitution, voire une « instrumentalisation de la religion par l’extrême droite ».
Face à ces déconstructeurs, des sénateurs LR ont décidé de sauver Noël, ou du moins ses traditions. Dans une proposition de loi déposée le 19 décembre dernier, ces élus veulent modifier la loi du 9 décembre 1905. À l’heure actuelle, la loi de séparation des Églises et de l’État prohibe l’apposition de tout signe ou emblème religieux sur les monuments publics, à l’exception des monuments funéraires et des musées. Stéphane Rudelier, sénateur des Bouches-du-Rhône (LR), soutenu par une vingtaine de parlementaires, espère ajouter une nouvelle exception, à savoir « les dispositifs nécessaires à la présence temporaire de crèches et arbres de Noël, de santons, de galettes des rois et d’œufs de Pâques ». Pour l’élu, ce texte doit permettre de « défendre cet héritage [chrétien] qui appartient à l’histoire et au patrimoine de France ». Loin d’être un simple coup politique, le sénateur fait de sa proposition de loi une arme contre « un mouvement extrémiste et wokiste qui vise à déconstruire ce que nous sommes ».
Les crèches, une tradition française
Cette proposition de loi, si elle est adoptée, permettrait de protéger de la menace juridique qui, chaque année, plane au-dessus de leur installation. Car les crèches, en plus de faire rêver les enfants, sont une tradition française. La légende veut que saint François d’Assise, au XIIIe siècle, soit l’un des premiers à avoir mis en scène la Nativité du Christ en Italie. Rapidement, la coutume se propage en France où des crèches mécaniques et à taille humaine voient le jour. Mais à la Révolution française, les églises deviennent propriétés de l’État et les crèches sont vouées à la disparition. C’était sans compter sur l’ingéniosité des Français, attachés à cette tradition chrétienne, qui se mettent à créer des crèches miniatures qu’ils installent chez eux. Depuis, chaque année, des Français ressortent leurs santons et reconstituent, en famille, la Nativité.
Les crèches sont également un savoir-faire français. En Provence, le ministère de la Culture lui-même le reconnaît au titre du patrimoine culturel immatériel. « L’artisanat du santon est fondé sur une somme de savoir-faire (sculpture, moulage, cuisson, peinture) transmise de génération en génération au sein de petites entreprises familiales », explique l’inventaire national. Les crèches sont enfin le reflet de la société française. Devant l’étable, le rémouleur côtoie le berger, le boulanger rencontre le notable du village et l’abbé discute avec le maire.
Avec leur proposition de loi, c’est donc tout un pan de notre patrimoine que les sénateurs LR tentent de préserver contre les attaques des adeptes de la déconstruction. Peut-être pouvons-nous espérer encore de belles nuits de Noël...