S'affaiblir sans se séparer

Cette résolution adoptée mercredi par l'Assemblée nationale, aussi absurde qu'unanime, ne renforce pas la cause du Québec dans le reste du pays. Au contraire, elle nous affaiblit. Pire, elle nous rend ridicules.

La minorisation politique du Québec au Canada



On reste bouche bée devant cette nouvelle démonstration du culot du chef de l'Action démocratique.
La semaine dernière, Mario Dumont a mené la bataille contre le projet du gouvernement fédéral d'ajuster la composition de la Chambre des communes en fonction du poids démographique de chaque province. Le chef de l'opposition a osé déplorer le fait que le projet de loi C-56 «réduit considérablement le poids du Québec dans le Parlement fédéral». Or, M. Dumont a bâti sa carrière politique sur le rejet de l'Accord de Charlottetown, une entente qui aurait garanti au Québec un poids de 25% dans la Chambre des communes. Si le jeune Mario Dumont avait été un peu plus clairvoyant il y a 15 ans, le projet de loi C-56 n'aurait pas pu voir le jour aujourd'hui!
Les choses étant ce qu'elles sont maintenant, il n'y a pas à s'offusquer de la démarche du gouvernement Harper. Le poids du Québec dans la Chambre des communes diminuera un peu au cours des prochaines années, c'est inévitable. Pas à cause du gouvernement Harper, pas à cause des méchants Anglais, mais parce que la population du Québec croît moins rapidement que celle ce certaines autres provinces.
Que ferait M. Dumont s'il était premier ministre du Québec? Il irait réclamer au reste du pays que le Québec bénéficie la protection spéciale qu'il a rejetée en 1992?
Quel principe invoquerait-il, que le Québec est une nation? L'Assemblée nationale reconnaît que les communautés autochtones forment des nations; celles-ci jouissent-elles pour autant d'une représentation particulière au Parlement du Québec?
La position de l'ADQ est d'autant plus indéfendable que tout en exigeant un poids disproportionné pour le Québec à la Chambre des communes, elle réclame que cette chambre transfère des pouvoirs à l'Assemblée nationale. Autrement dit, le Québec aurait une influence accrue sur un Parlement qui s'occuperait de moins en moins de questions préoccupant les Québécois!
Ce n'est pas Ottawa qui affaiblit le Québec. Ce sont nos élus de l'Assemblée nationale qui, au lieu de s'attaquer au coeur des problèmes qui confrontent le Québec, cherchent à détourner l'attention de l'électorat en se jetant à l'assaut de moulins à vent. M. Dumont parle d'«autonomie»; il dit vouloir que le Québec «s'affirme sans se séparer». Mais blâmer sans cesse les autres pour ses propres problèmes, c'est l'inverse de l'autonomie. Lancer des combats déraisonnables, ce n'est pas s'affirmer, c'est s'affaiblir.
Le PQ et le Bloc ont évidemment enfourché ce nouveau cheval anti-Ottawa. Le Bloc a même réclamé que le fédéral garantisse «au Québec au moins 25% des sièges à la Chambre des communes». Précisément ce que prévoyait Charlottetown, entente que les souverainistes avaient pris un grand plaisir à démolir pièce par pièce!
Le comble, c'est que le gouvernement Charest, tout en sachant que cette revendication n'est fondée sur aucun principe valable, s'est associé à l'ADQ et au PQ pour demander le retrait du projet de loi fédéral. Minoritaire, M. Charest n'est apparemment plus en mesure de défendre convenablement le fédéralisme. Pourquoi les libéraux tiennent-ils tant à gouverner si c'est pour agir en clones des autonomistes-souverainistes? À quoi bon continuer de faire de la politique, M. Charest, si vos n'osez plus soutenir même vos convictions les plus profondes?
Cette résolution adoptée mercredi par l'Assemblée nationale, aussi absurde qu'unanime, ne renforce pas la cause du Québec dans le reste du pays. Au contraire, elle nous affaiblit. Pire, elle nous rend ridicules.

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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