Les mots-clics sont légion sur les réseaux sociaux, mais certains provoquent des raz-de-marée internationaux. C’est le cas des #metoo et #moiaussi qui ont déferlé pour dénoncer les inconduites sexuelles et les agressions.
Le sujet a soulevé des questions et une longue discussion lors de la table ronde sur le marketing d’influence, vendredi matin, lors de l’événement la Semaine des réseaux sociaux. Si le mot-clic s’est quelque peu essoufflé, il n’en demeure pas moins que la vague a produit des effets, affirmait Frédéric Gonzalo, car il a provoqué une intolérance dans le public pour ce type d’écart de conduite. Ce fut le cas aussi dans les entreprises qui ont pris des mesures pour contrer le harcèlement sexuel et ce qui en découle, ajoutait Frédéric Therrien.
Avec Nellie Brière et Bruno Guglielminetti, les deux hommes partageaient leurs points de vue de spécialistes des réseaux sociaux. Ensemble, les quatre influenceurs s’interrogeaient sur les conséquences de cette désapprobation qui a mis les Rozon, Salvail, Parent et Weinstein au pilori au milieu de la place publique.
Rappelant que les allégations analogues contre le président américain Donald Trump et l’acteur Bill Cosby ont perdu de leur visibilité rapidement, les quatre influenceurs espéraient que les dénonciations se concrétisent par des accusations devant la justice et des condamnations, sinon les effets sur les victimes pourraient être aussi désastreux dans l’univers public que l’opprobre qui a éclaboussé les présumés agresseurs.
Il suffit de rappeler le cas d’Alice Paquet, dont la dénonciation d’actes allégués du député libéral Gerry Sklavounos n’a pas mené ni à un procès ni à une condamnation. Le député a subi des conséquences, mais la victime alléguée aussi. La même chose s’est produite avec l’animateur Jian Ghomeshi, l’homme a vu sa réputation entachée, mais les victimes n’ont rien obtenu.
Pour Nellie Brière, la vague de ce mot-clic aura permis aux gens de se rassembler et de manifester. Ce qui provoquera un changement de mœurs probablement sur une dizaine d’années au lieu d’une trentaine. Alors que Bruno Guglielminetti y voit un effet thérapeutique temporaire, mais risqué, puisqu’il y aura toute la lourdeur et les procès lors d’un éventuel procès.
Justice populaire
Selon M. Guglielminetti, ces mots-clics, et les influenceurs qui les ont propagés, ont par contre provoqué une justice populaire qui faisait penser au procès de Jésus et de Barabas. Ce sont les influenceurs des autorités juives qui ont poussé le peuple à condamner Jésus à la crucifixion par ses cris et fait libérer Barabas. La présomption d’innocence ne semble pas avoir de fondement dans les réseaux sociaux comme devant les tribunaux, ajoutait-il.
Pour ces influenceurs, les événements de #moiaussi montraient une évidente obligation pour les adeptes des réseaux sociaux de devoir s’informer à d’autres sources en dehors du contexte numérique pour avoir une image claire.
Le #moiaussi aura permis aux médias traditionnels de rapporter les allégations sans crainte d’être accusé de diffamation en fouillant davantage les histoires pour apporter un éclairage plus neutre dans le contexte d’une vague de dénonciations.