Retour sur la stratégie du mouvement étudiant

"La démocratie est un vain mot si les politiciens en ont le monopole"

Tribune libre

Un article paru dans Le Devoir du 18 juillet sous le titre « Vote des jeunes – De la rue à l’isoloir : pourquoi la discipline ? » et signé par Marcos Ancelovici et Francis Dupuis-Déri, membres du Groupe de recherche sur l’action collective (GRAC), ramène à nouveau sur la sellette la stratégie que devraient adopter les étudiants face à l’avenir de leurs revendications envers les politiques du gouvernement Charest à l’approche du prochain scrutin.
À la lecture de l’argumentaire de Mm. Ancelovici et Dupuis-Déri, je n’ai pu que constater la convergence de leurs propos avec ceux que j’invoquais sur cette tribune dans mon article du 12 juillet sous le titre « Et si les étudiants n’entraient pas en classe! »
Mon intention n’est pas ici de faire preuve de vantardise mais plutôt d’ajouter plus de poids aux effets pervers de ce « discours paternaliste et disciplinaire » des supposés « alliés » du mouvement étudiant qui conseillent aux manifestants étudiants de « cesser toute turbulence et d’attendre les élections pour que la question de la hausse des droits de scolarité soit tranchée par les urnes ».
« Or, ces alliés du mouvement étudiant, insistent les auteurs, proposent plutôt de reprendre le discours de la droite et du gouvernement : taisez-vous pour qu’on puisse voter dans le calme ! Pourquoi ajouter sa voix à la chorale néo-libérale, qui compte déjà tant de choristes qui ont pignon sur rue dans les médias ? »
Enfin, il m’apparaît éclairant et pertinent de conclure sur ces extraits qui, à mon sens, ferment la boucle sur l’importance, non seulement stratégique, mais aussi sociologique, de maintenir le mouvement de la rue :
« Le pouvoir de la rue ne se construit pas contre la démocratie ; il en est à la fois l’incarnation et le fondement. Le mouvement étudiant l’avait compris avant qu’on lui fasse la leçon… Depuis des siècles, les mouvements sociaux proposent une autre façon de penser et de vivre la démocratie, soit de manière directe en comités, en assemblées et dans la rue… Prendre le risque d’une défaite ? C’est le pari désespérant que font tous les matins en se levant beaucoup de militants, car les victoires, grandes et petites, des mouvements sociaux et leurs effets ne se réduisent pas au nombre de députés élus. La démocratie est un vain mot si les politiciens en ont le monopole. »
En conséquence, dans toute cette polémique qui entoure les débats sur les différentes stratégies que devraient adopter les étudiants en août, le carré rouge doit demeurer à l’écart de toute allégeance politique et continuer d’incarner les aspirations du citoyen de la rue, le véritable catalyseur qui peut vraiment donner vie à la démocratie!
Henri Marineau
Québec

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Henri Marineau2095 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    19 juillet 2012

    Fournier et Lester - que je connais bien tous les deux - disent ici des conneries.
    Les gens de la CLASSE ne sont pas des anarchistes et en plus Fournier ne connait pas ce qu'est l'anarchie, qui n'est pas le désorde, mais l'ordre sans le pouvoir. Il suffit d'avoir un peu lu sur la guerre civile espagnole de 1936-39 pour le savoir.
    Faux de dire que les gens de la CLASSE s'opposent à l'indépendance du Québec. Pendant toutes les manifestations, on n'a pas vu un seul drapeau du Canada, mais beaucoup de drapeaux du Québec. Beaucoup.
    Quant à Lester, c'est proprement idiot et imbécile de comparer les gens de la CLASSE aux fascistes et aux nazis, sous prétexte qu'ils parlent de démocratie directe.
    Je n'ai jamais lu quelque chose d'aussi insignifiant et qui fait montre d'un absence total de culture politique et historique.
    Disons simplement que Lester est un des journalistes les plus riches que je connaisse et il défend ses intérêts de classe, tout comme Gilbert Rozon l'a fait.
    Fournier et Lester sont de vieux réactionnaires finis qui devraient avoir la décence de se taire au lieu de raconter de telles inepties.
    Combien gagnez-vous par année, M. Lester pour raconter de telles sottises?
    Pierre Cloutier
    avocat à la retraite

  • Archives de Vigile Répondre

    19 juillet 2012

    …/Suivre la CLASSÉ, c’est contribuer à la réélection de Charest ! Les gens de la région de Montréal en ont ras-le-bol
    de la CLASSÉ, ce mouvement où personne n’est responsable de rien, où les leaders ne sont que des portes voix, des haut-parleurs…/
    Suivre n’importe quoi et n’importe qui au Québec actuellement, c’est contribuer d’une façon ou d’une autre à la réélection de Jean Charest. (Mode de scrutin pipé, carte électorale pipé, financement des partis pipé, soutien de la justice pipée, soutien de la presse pipée, agents de l’oligarchie dans tous les partis politiques, donc, pipé, pipé, pipé…etc.)
    Le peuple québécois constate qu’il est dans une impasse avec cette démocratie trafiquée faite pour servir ses maîtres. La démocratie véritable est faite pour servir le peuple, et là, tous constate ici au Québec, qu’il n’y en a plus du tout, sauf ceux qui vivent de ce système de prédation à l’encontre du peuple, pour eux, les vilains, les méchants, c’est « La CLASSE », c’est Amir Khadir, c’est VIGILE, c’est la rue, autrement dit, c’est le peuple, autrement dit c’est le citoyen, autrement dit, c’est la démocratie véritable.
    Les gens de l’oligarchie montré…alaise en ont ras-le-bol de ces petits morveux de la CLASSÉ, ce mouvement qui soutient une démocratie participative, et qui refuse de jouer le jeu du mensonge, comme eux, du détournement de la démocratie.
    Il est curieux de constater aujourd’hui que tout est retourné sens dessus dessous : « Nous sommes dans une époque où le mensonge est considéré comme une vérité, et les vérités comme un mensonge. » C’est une grande époque. Elle contribue à nous ouvrir l’esprit, à remettre en questions ce que nous considérions autrefois comme vérité absolue, ici le visage de notre démocratie, qui s’est révélé être qu’une arnaque, qu’un faux-semblant, qu’une apparence, finalement qu’un masque...qui cachait son véritable visage, celui de ceux qui franc-maçonnent derrière les coulisses du pouvoir ; le leur.

  • Archives de Vigile Répondre

    19 juillet 2012

    Vous êtes de la région de Québec où même le cégep Limoilou n'a pas suivi le mouvement de boycott.
    Suivre la CLASSÉ, c'est contribuer à la réélection de Charest! Les gens de la région de Montréal en ont ras-le-bol
    de la CLASSÉ, ce mouvement où personne n'est responsable de rien, où les leaders ne sont que des porte voix, des haut-parleur.
    J'endosse entièrement l'opinion des Laviolette et Dubuc dans une lettre ouverte au DEVOIR
    http://www.vigile.net/A-propos-du-manifeste-de-la-CLASSE
    Louis Fournier y va d'un point de vue intéressant:
    "En lisant le manifeste de la CLASSE, on est frappé par l’emploi de concepts et de mots qui évoquent la vieille utopie anarchiste et ses illusions. Chez certains jeunes, l’anarchisme semble avoir pris la relève du bon vieux « marxisme-léninisme », populaire ici à la fin des années 70 et au début des années 80. Et comme les « m-l » qui votèrent NON lors du référendum sur la souveraineté en 1980, les « anars » sont des adversaires du nationalisme et, singulièrement, du projet d’indépendance de notre nation, le Québec."
    http://www.ledevoir.com/societe/education/354773/une-greve-sociale-avec-la-classe
    Quant à Normand Lester, quoi qu'en dise VIGILE, son point de vue doit être entendu.
    "Quel vide intellectuel. Quelle indigence de la pensée. Comment peut-on amasser un si grand nombre de litotes et de lieux communs dans un aussi petit nombre de paragraphes?(..)
    Le ton lyrique pépère, la prétention loufoque de représenter le peuple, l’appel à la démocratie directe, le rejet des partis politiques et des institutions parlementaires: tout cela rappelle la naissance du fascisme en Italie dans les années 1920. Mussolini et ses partisans, qui venaient du parti socialiste italien, chantaient, comme la CLASSE, «Nous sommes avenir», «Nous sommes le Peuple.»
    http://fr-ca.actualites.yahoo.com/blogues/la-chronique-de-normand-lester/le-manifeste-de-la-classe-mussolini-serait-fier.html#more-id

  • Archives de Vigile Répondre

    18 juillet 2012

    Que Charest demeure dans sa caverne dimanche prochain, 22 juillet, parce qu'il pourrait mourir de peur tellement il y aura de carrés rouges Place Émilie-Gamelin.
    Comme à tous les 22, la foule y sera incroyable et ceux qui auront pu être ébranlés par la démonisation stratégique du carré rouge par les Pelquistes (PLQ) se rassureront, voyant que c'est une population normale qui l'arbore, dans la bonne humeur de l'été. Ça n'empêche pas de scander: Charest, Dégage! J'y paraderai à nouveau la photo du Joker à ressemblance Charest.