L'organisation américaine conservatrice Project Veritas, connue pour ses vidéos en caméra cachée, a piégé plusieurs employés de l'administration centrale américaine et de ministères. Ces activistes se vantent de saboter l'action de Donald Trump.
Sont-ce des éléments concrets tendant à prouver l'existence d'un «Etat profond» aux Etats-Unis ? Après avoir dénoncé les pratiques de Twitter et de CNN, l'organisation américaine conservatrice proche de la droite alternative (l'alt-right, en anglais) et pro-Trump Project Veritas, qui se donne pour mission de révéler des scandales à l'aide d'une caméra cachée, a encore frappé. Elle est parvenue à illustrer l'«Etat stable» ou «permanent», expression qu'un haut fonctionnaire anonyme préfère à «Etat profond» dans une tribune qui a suscité un tollé après sa publication dans le New York Times le 5 septembre dernier.
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Cette fois, les activistes de Project Veritas (PV) ont pris au piège des fonctionnaires du Government Accountability Office (GAO), l'administration américaine chargé de l'audit et de l'évaluation des comptes publics, ainsi que du suivi du budget fédéral, avec pouvoir d'enquête.
J'ai un ami qui travaille pour le département de la Défense et il a un niveau d'accréditation top secret. Il travaille sur la Syrie
Dans deux vidéos publiées sur le site de PV et sur YouTube les 19 et 20 septembre, des employés du GAO, censé être neutre politiquement, se vantent de s'opposer frontalement à Donald Trump. Natarajan Subramanian, un fonctionnaire du GAO filmé à son insu, se félicite ainsi de faire obstruction, à son niveau personnel, au travail administratif. «Vous pouvez passez en mode ralenti, de sorte que [les décisions de l'exécutif] soient inefficaces», explique l'homme qui dit être par ailleurs membre du parti politique confidentiel, les Socialistes démocrates d'Amérique (DSA).
«Ceci n'est pas l'œuvre d'un prétendu #Etat profond» : un collaborateur anonyme accable #Trump#Politique #Diplomatie
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Mais, imprudemment, Natarajan Subramanian fait d'autres révélations, plus inquiétantes. «J'ai un ami qui travaille pour le département de la Défense et il a un niveau d'accréditation top secret. Il est très actif au sein des DSA [...] Il travaille sur la Syrie», affirme-t-il, admettant avoir menti, lui, sur ses liens avec ce parti dans le questionnaire d'embauche. «S'ils s'en rendent compte, en gros, vous êtes dans le pétrin», souligne-t-il, reconnaissant avoir conscience qu'un telle pratique est illégale. Et admettant également que les DSA travaillaient à noyauter le GAO.
Résister de l'intérieur sans mandat démocratique ?
Dans une deuxième vidéo tournée en caméra cachée, Allison Hrabar, une employée du département de la Justice des Etats-Unis, se décrit également comme une opposante clandestine. «Au travail, on discute beaucoup de comment nous pouvons résister de l'intérieur», explique-t-elle sans savoir qu'elle est filmée.
Ouais, c'est un peu comme "Gorge profonde" du temps de Nixon
Quitte à aller jusqu'au sabotage ? C'est ce que semble inférer Allison Hrabar. «Nous avons un membre qui travaille pour les personnes qui distribuent les food stamps [bons de nourriture dont bénéficient de nombreux américains pauvres] et ils peuvent en quelque sorte les supprimer et ralentir leur action», explique-t-elle. Jessica Schubel, ex-employée du département de la Justice durant le mandat de Barack Obama, explique recevoir des informations de ses collègues, pour, éventuellement, les faire fuiter, dit-elle, vers les journalistes. «Ouais, c'est un peu comme "Gorge profonde" du temps de [Richard] Nixon», se félicite-t-elle.
Ayant pris connaissance de ces témoignages obtenus en caméra cachée, le GAO a réagi dès le 20 septembre par l'ouverture d'une enquête, évoquant des «problèmes très sérieux»... De démocratie et de respect de la neutralité administrative ?