Projet de réforme de Bernard Drainville

Résister à la résistance au changement

C’est en écrivant qu’on apprend à écrire

Tribune libre

De toute évidence, le projet de réforme du ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, n’a pas l’heur d’être accueilli sans plusieurs bémols, un constat que le ministre attribue à la résistance au changement. Et, comme réponse à ce phénomène, M. Drainville argue que « nous allons résister à la résistance au changement! » En termes clairs, non seulement il déterminer la cause des critiques envers son son projet de réforme, mais il identifie le moyen pour la combattre. Face à un tel scénario basé sur le monologue, on est à mille lieues d’un dialogue constructif entre les parties.

Par ailleurs, nonobstant le fait que l’être humain manifeste souvent une résistance au changement, je suis d’avis que la pénurie de main d’oeuvre dans nos écoles devrait avoir une nette prépondérance sur la réforme des structures. Et, dans cette foulée, il m’apparaît irresponsable que les dernières mesures prises pour pallier ce phénomène, à savoir engager des jeunes qui ont complété leurs études secondaires alors que la plupart sont encore mineurs, ouvre la porte à un nivellement par le bas dont souffriront toute une pléiade d’élèves tout au cours de leurs études.

Autrement dit, ce n’est pas le temps de réformer les stratégies préventives des incendies. Il faut plutôt éteindre les feux avant que la maison ne brûle. Bien sûr, les enseignants ne poussent pas dans les arbres. Cependant, la complexité et la lourdeur des tâches actuelles des enseignants doivent être réévaluées en vue de leur permettre d’enseigner dans un climat propice à l’apprentissage. Et qui sait, peut-être favoriserons-nous ainsi une plus grande rétention des nouveaux enseignants et des enseignants plus expérimentés qui cessent prématurément leur carrière, à bout de souffle.

C’est en écrivant qu’on apprend à écrire

J’applaudis à l’initiative du ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, à l’effet d’améliorer la maîtrise du français à l’école, notamment en amenant les élèves à écrire davantage durant les cours de français. Après tout, n’est-ce pas en écrivant qu’on apprend à écrire?



Henri Marineau, Québec


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Henri Marineau2089 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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1 commentaire

  • François Champoux Répondre

    7 juin 2023

    Bonjour M. Marineau,


    Faire de la politique est très exigeant; il est toujours plus facile de critiquer les choix des politiciens; il faut donc tenter de faire des critiques constructives comme je l'ai perçu dans votre texte. Bravo.


    Pour ce qui est d'écrire pour apprendre à écrire (!), je dois confirmer votre lapalissade par cet extrait de l'oeuvre de Nicolas Boileau:


    L’Art poétique (extraits)



    Avant donc que d’écrire, apprenez à penser.



    Selon que votre idée est plus ou moins obscure,


    L’expression la suit, ou moins nette, ou plus pure.


    Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement,


    Et les mots pour le dire arrivent aisément.



    François Champoux, Trois-Rivières


    Sans la langue, en un mot, l’auteur le plus divin


    Est toujours, quoi qu’il fasse, un méchant écrivain.


    Travaillez à loisir, quelque ordre qui vous presse,


    Et ne vous piquez point d’une folle vitesse :






    Hâtez-vous lentement, et sans perdre courage,


    Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage,


    Polissez-le sans cesse, et le repolissez,


    Ajoutez quelquefois, et souvent effacez.