Les révélations de l’émission Enquête sur les dessous de la dissidence navrante de Renaud Lachance dans le rapport final de la commission Charbonneau sont la goutte nauséabonde qui fait déborder le vase.
Une version préliminaire du chapitre crucial sur le financement des partis politiques et une série de courriels où il s’en prend durement à la présidente France Charbonneau lèvent le voile sur le rôle troublant joué par Renaud Lachance derrière les portes closes de la commission.
On y découvre un homme pressé d’édulcorer les critiques étayées de la juge Charbonneau envers les partis politiques. Plus particulièrement encore dès qu’il s’agit de libéraux notoires, dont Jean Charest, Nathalie Normandeau, Line Beauchamp, l’argentier Marc Bibeau ou l’organisateur Marc-Yvan Côté.
Ses mots envers la présidente sont étonnamment méprisants. À plusieurs reprises, il qualifie ses constats de «ridicules». Il pousse même l’insulte jusqu’à lui lancer: «tu devrais te regarder le nombril avant de faire la morale aux autres».
Plus qu’une «chicane»
Une commission d’enquête n’étant pas une cour d’école, de tels échanges transcendent une simple «chicane» ou le conflit de personnalités.
Ils témoignent avant tout du déni profond de M. Lachance pour qui aucune preuve n’aurait été faite d’un lien quelconque entre le financement des partis politiques et l’octroi de contrats publics au provincial. Ce lien, même indirect, la juge Charbonneau le reconnaît pourtant explicitement.
À la lumière d’un tel gâchis, la question est sur toutes les lèvres: quelles furent les véritables motivations de Renaud Lachance? Jouait-il pleinement son rôle de commissaire en quête de la «vérité»?
Si oui, pourquoi est-il resté muet lorsque la juge Charbonneau lui demandait de lui expliquer, «preuve à l’appui», ses nombreux désaccords cinglants?
Ou jouait-il plutôt au mercenaire autoproclamé à la défense du Parti libéral lorsqu’il a plombé sciemment le rapport final par sa propre dissidence sur l’objet central de la commission?
Audi Alteram Partem
Pour élucider le mystère, dans toute société normale, la règle élémentaire dite du Audi Alteram Partem – que soit entendue l’autre partie – serait appliquée. Considérant le caractère gravissime des révélations d’Enquête, M. Lachance devrait donc être entendu en commission parlementaire.
Disons-le plus crûment. Après les 44 millions $ encourus par la commission, dont 1,4 $ million pour M. Lachance, l’homme doit de sérieuses explications aux Québécois – devoir de réserve ou pas. À moins d’un revirement majeur, ils risquent toutefois de ne jamais l’entendre.
Pour qu’il soit convoqué au parlement comme le demandent les partis d’opposition, l’appui de tous les partis est requis. Or, les libéraux, trop heureux de cette dissidence providentielle, voudront-ils ouvrir la boîte de Pandore?
De toute cette boue, il reste néanmoins ceci. Les Québécois connaissent maintenant l’ampleur de l’écosystème de corruption qui, au fil des ans, les a détroussés de sommes incalculables. Même la dissidence de M. Lachance ne saurait l’effacer.
Ce qui, à la lumière des dernières révélations, ne le disculpe pas pour autant de l’obligation morale de s’expliquer.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé