Les milieux de travail bilingues sont plus courants au Québec qu’il y a dix ans, si bien que l’usage du français comme langue prédominante a quelque peu reculé, selon les plus récentes données du recensement. Une tendance qui s’explique en partie par la baisse du poids démographique des francophones.
Les anglophones et les allophones sont toutefois plus nombreux à parler ou écrire principalement en français au travail.
Statistique Canada a dévoilé mercredi les dernières données du recensement de 2016. Celles-ci portent sur le travail, la langue qui y est utilisée, les déplacements pour s’y rendre, la scolarité de même que la mobilité et la migration à l’intérieur du pays.
Bien que l’usage régulier du français en milieu de travail soit demeuré stable depuis 2006, d’autres langues sont davantage utilisées.
La prépondérance de la langue française a donc diminué de 2,3 points de pourcentage en dix ans, la proportion de travailleurs qui l’utilisent le plus souvent passant de 82 % en 2006 à 79,7 % en 2016.
En contrepartie, les milieux de travail bilingues où le français et l’anglais sont utilisés équitablement ont augmenté de 2,6 points de pourcentage durant la même période. La proportion de travailleurs utilisant ces deux langues est passée de 4,6 % en 2006 à 7,2 % en 2016. Chez les francophones, l’augmentation est de 1,4 point de pourcentage.
« Le changement est plus sur l’intensité d’utilisation du français au travail, remarque l’analyste de recherche principal pour Statistique Canada, Jean-François Lepage. C’est une question de degré d’utilisation des langues. »
« Ça donne l’impression qu’il y a moins de ségrégation linguistique, mais évidemment il n’y a pas que ça, poursuit-il. Il y a aussi tous les changements qui sont liés au marché du travail. Il y a des secteurs d’emploi où on utilise davantage l’anglais et ce sont des secteurs comme ça qui sont en croissance. »
Davantage de travailleurs parlent ou écrivent en anglais au travail dans le secteur des services professionnels (juridiques, comptables, génie, publicité, etc.), scientifiques et techniques, constate Statistique Canada. Leur nombre est passé de 158 055 en 2006 à 194 640 en 2016. Ces travailleurs représentaient près des deux tiers de tous les employés de ce secteur au Québec.
Cette tendance touche particulièrement la grande région de Montréal où l’usage du français comme langue principale de travail a diminué de 2,6 points de pourcentage, passant de 72,2 % à 69,6 % en dix ans.
Puisque ces données sur la langue de travail sont seulement recueillies depuis 2001, il faudra encore patienter avant de savoir si cette tendance est là pour rester.
« Comme ce sont des phénomènes qui changent lentement, c’est vraiment à long terme qu’on va pouvoir le voir, indique M. Lepage. […] Des fois, il y a des tendances démographiques qui sont très claires dans le temps. Ici, ce n’est pas le cas. »
Le bilinguisme avance à petits pas
Si les milieux de travail francophones se bilinguisent, les anglophones aussi. Ils sont de plus en plus nombreux avec les allophones à utiliser le français, soit comme langue principale de travail ou soit en concordance avec l’anglais.
Près du quart des travailleurs anglophones au Québec utilisaient le français comme langue principale de travail en 2016, une hausse de 1,4 point de pourcentage en dix ans. Cette proportion atteint presque 50 % chez les allophones où la hausse est de 1,6 point de pourcentage de 2006 à 2016. Le bilinguisme au travail a également connu une augmentation considérable en dix ans pour ces deux catégories de travailleurs, grimpant de 6,0 points de pourcentage chez les allophones et de 4,0 points de pourcentage chez les anglophones.
Au Québec comme ailleurs au pays, peu de travailleurs — environ 5 % — utilisent une autre langue que le français ou l’anglais au travail et leur nombre diminue. Ces travailleurs sont concentrés à Toronto, Vancouver et Montréal. Ils constituent environ 10 % du nombre total de travailleurs dans la métropole québécoise et sont plus susceptibles de parler espagnol et arabe que toute autre langue.
> Lire la suite sur Le Devoir.