Depuis un peu plus d’un an, de nombreuses voix se sont élevées pour réclamer un moratoire sur l’utilisation croissante de la reconnaissance faciale par les États et les municipalités. Le chercheur montréalais de réputation internationale Yoshua Bengio, grand spécialiste de l’intelligence artificielle, est une des figures de proue de ce mouvement. « Un élément qui m’inquiète est qu’on vogue vers une société hyper surveillée, avec comme conséquence une plus grande facilité pour le pouvoir en place de s’y maintenir grâce à la technologie, donc une possible dérive autoritaire qui mettrait en danger nos valeurs démocratiques », allègue M. Bengio.
Or, malgré de nombreux appels au moratoire et invitations à légiférer lancés aux élus, tant par les scientifiques que par des groupes de défense des libertés civiles, ni Ottawa, ni Québec, ni même la Ville de Montréal ne se sont penchés en profondeur sur l’utilisation croissante de la reconnaissance faciale.
Lors d’entrevues réalisées le 29 juin à l’émission 24/60 sur les ondes de RDI, la députée libérale Marwah Rizqy, porte-parole de l’opposition en matière de stratégie numérique, s’est montrée farouchement opposée à la prolifération de la reconnaissance faciale eu égard à l’intrusion abusive dans la vie privée des gens. De son côté, son vis-à-vis, le ministre Éric Caire, envisage la possibilité d’utiliser, dès 2021, la reconnaissance faciale pour permettre aux citoyens de se connecter aux sites gouvernementaux qui hébergent des données confidentielles.
Aux yeux de la majorité de la population du Québec, la reconnaissance faciale incarne un concept nébuleux. C’est pourquoi, à mon avis, un moratoire doit être décrété sur l’implantation d’un tel concept et un débat public doit se tenir dans les plus brefs délais, à défaut de quoi la vie privée des citoyens risque de devenir un concept galvaudé et abscons.
https://iatranshumanisme.com/2020/02/28/reconnaissance-faciale-la-crise-de-la-vie-privee/
Le défi de Sonia LeBel
Le remaniement ministériel annoncé par François Legault, amène, entre autres, l’ex- procureure en chef de la commission Charbonneau, Sonia LeBel, au poste de présidente du Conseil du trésor, une nomination qui la place sur la ligne de front de la défense du projet de loi 61 controversé sur une relance accélérée de l’économie du Québec.
Or, pour y parvenir, le gouvernement Legault propose de surseoir à diverses dispositions adoptées par la commission Charbonneau, notamment des modifications prévues par la Loi sur les contrats d’organismes publics dans les deux ans suivant la sanction de la loi.
Une situation pour le moins inconfortable, voire déchirante, pour Sonia LeBel qui était positionnée, en tant que procureure de la commission Charbonneau, en première ligne ayant contribué aux diverses mesures mises de l’avant pour contrer la collusion et la corruption dans l’industrie de la construction.
Sonia LeBel est réputée pour avoir fait preuve d’une intégrité à toute épreuve tout au cours de sa carrière juridique. Conséquemment, il m’apparaît pertinent de s’interroger sur les arguments qu’elle fera valoir pour concilier son intégrité avec les « entourloupettes » proposées dans le projet de loi 61 dans le but de contourner les mesures de surveillance qu’elle a elle-même contribué à faire adopter lors de son passage à la commission Charbonneau… Une histoire à suivre!
Henri Marineau, Québec
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