Le 20 août dernier, à Montebello, Stephen Harper, rencontrait ses homologues étasunien (Georges W. Bush) et mexicain (Felipe Calderon) à l'occasion de leur sommet annuel sur le Partenariat nord-américain pour la Sécurité et la Prospérité (PSP).
La création du PSP est relativement récente : il a été lancé à Waco, au Texas, en mars 2005, et se superpose en quelque sorte à l'Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) dont il renforce les positions. Largement inspiré des propositions émises en 2003 par le Conseil canadien des chefs d'entreprise, le PSP se veut un outil pour augmenter ou à tout le moins maintenir la prospérité des grandes entreprises dans un contexte de compétition internationale croissante et de menace terroriste grandissante.
Cette institution fantôme laisse une place plus importante que jamais aux multinationales à travers le Conseil nord-américain de la compétitivité (CNAC), composé de représentant(e)s de 10 grandes compagnies de chaque pays qui établissent l'ordre du jour des réunions des ministres et celles des chefs d'État.
Les sables bitumineux répondent aux besoins états-uniens
Dans le cadre du PSP, certaines «avancées» ont déjà été faites dans plusieurs domaines. Le projet de multiplier par 4 ou 5 la production des sables bitumineux albertains sur une période relativement courte en est un exemple. Ce projet répond en grande partie à un besoin étasunien de diversifier les sources d'approvisionnement en pétrole, les gisements actuellement exploités par ce pays étant souvent situés dans des régions «instables» du monde. L'approvisionnement énergétique sécuritaire des États-Unis est devenu un des éléments centraux de la National Security Strategy, la stratégie nationale de sécurité, établie par les États-Unis en 2002 (1).
La rencontre des 24 et 25 janvier 2006, à Houston (Texas), entre les patrons de l'industrie pétrolière états-unienne, les dirigeants des grands projets d'exploitation des sables bitumineux et des représentants des gouvernements des États-Unis, du Canada et de l'Alberta ont joué un moment crucial dans la mise en place de ce méga projet. Le rapport de cette rencontre établit clairement que les discussions ont eu lieu dans le cadre du PSP.
Rabaska pourrait faire partie de cette politique d'exportation
Le projet Rabaska serait, selon plusieurs, lié en partie à cette politique pétrolière d'exportation. Il faut effectivement savoir que le gaz naturel constitue une importante composante du processus d'extraction du pétrole des sables bitumineux. Ainsi le gaz de Rabaska, destiné à la consommation du Québec selon les promoteurs, viendrait libérer celui qui est actuellement importé d'Alberta par le Québec.
De plus, Rabaska pourrait servir, dans une logique de respect de l'ALÉNA, de réserve de gaz naturel en cas de carance au niveau des exportations vers les États-Unis. Effectivement, l'article 605a du chapitre 6 de l'ALÉNA oblige un pays exportateur de produits énergétiques ou pétrochimiques à fournir le pays importateur à un niveau constant et ce, même s'il est en pénurie de ce produit donné. Or, entre 1990 et 2002, les exportations canadiennes de gaz naturel ont connu une importante croissance, passant de 1400 à 3100 Gpi. Le projet Gros-Cacouna, qui aura pour rôle avoué de fournir le marché étasunien, contribuerait lui aussi à expliquer l'existence du projet Rabaska, selon la logique de l'ALÉNA.
L'ouverture de la filière gazière au Québec s'inscrit donc dans cette logique d'intégration nord-américaine propre à L'ALÉNA et au PSP. De là à dire que le projet Rabaska fait partie de l'ordre du jour des comités fantômes du PSP, il y a une marge. Cependant, il est plus que jamais tentant de franchir cette marge maintenant que la famille Desmarais, tout en ayant le privilège de siéger sur le CNAC ( Paul Desmarais Junior y représente Power Corporation), est actionnaire de la compagnie Suez, qui projette se fusionner à Gaz de France.
Rappelons que Gaz de France est l'un des trois promoteurs impliqués dans le projet Rabaska. Parions que les relations entre Paul Desmarais Jr et Richard Lee George, PDG de la compagnie impliquée dans l'exploitation de sables bitumineux Suncor Energy, continueront de se réchauffer au sein du CNAC.
(1) http://www.whitehouse.gov/nsc/nss.htm
Mémoire des ATQ sur Rabaska : HYPERLINK
http://www.bape.gouv.qc.ca/sections/mandats/Rabaska/documents/DM625.PDF
http://www.bape.gouv.qc.ca/sections/mandats/Rabaska/documents/DM625.PDF
Photothèque Le Soleil
***
Antoine Descendre
Les AmiEs de la terre de Québec
- source
LE SOLEIL - POINT DE VUE
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé