Parlons stratégie

Quo vadis, Pauline ? (2)

Gare au cul-de-sac !

Chronique de Richard Le Hir


Le Soleil nous apprenait hier que [« Le projet de programme
électoral du Parti québécois s'inscrira dans la logique du « toujours plus
»->http://www.vigile.net/Le-projet-de-programme-electoral]. Toujours plus de pouvoirs et de compétences jusqu'à la souveraineté
pleine et entière, lira-t-on. »
« Les instances dirigeantes du PQ présenteront leur proposition de
programme électoral à leurs militants le 19 juin. Les membres du parti
auront un an pour en discuter avant de l'adopter - avec les éventuelles
modifications qu'ils présenteront d'ici là. »
« Ce que l'on sait aujourd'hui, c'est que la proposition de la direction du
PQ puisera beaucoup dans le Plan pour un Québec souverain dévoilé par
Pauline Marois en juin 2009. »
« Il faut passer de l'unique approche du tout ou rien à celle du toujours
plus », disait alors la chef. Il s'agira, précisera-t-elle le 19 juin, de
faire avancer le Québec en attendant la souveraineté. »
« Autrement dit, de se rapprocher de l'indépendance en arrachant toujours
plus de pouvoirs et de compétences. De rompre avec ce qu'elle présente
comme de
« l'immobilisme » ou de « l'attentisme ». »
***
Mon premier réflexe a été de me demander si cette stratégie n'était pas
encore qu'une « astuce » du PQ pour reporter l'indépendance aux calendes
grecques et s'assurer de garder le vote indépendantiste en otage, auquel
cas il s'agirait du comble du cynisme.
À la réflexion, je crois qu'il est préférable d'attendre au 19 juin avant
de conclure. Tout d'abord, Le Soleil, c'est Gesca, avec toutes les réserves
que ça impose. Ensuite, tout dépendra de la façon dont sera rédigée et
présentée la proposition. J'ai moi-même suggéré il y a quelques semaines
que toute démarche vers l'indépendance devait commencer par l'adoption
d'une Constitution québécoise.
http://www.vigile.net/Independance-....
Plus récemment, j'ai rajouté que l'Assemblée nationale devrait adopter une
résolution aux termes de laquelle elle déclarerait que le Québec ne se sent
pas lié par la Constitution canadienne de 1982, celle-ci ayant été adoptée
dans des conditions que la Cour suprême du Canada jugeait illégitimes (si
c'est illégitime pour la Cour suprême, a fortiori cela doit-il l'être
également pour le Québec et les Québécois).
http://www.vigile.net/Clarte-quand-tu-nous-tiens
Si de telles mesures devaient être adoptées, il ne fait pas de doute que
nous nous rapprocherions rapidement de l'indépendance. En fait, je suis
même d'avis qu'elles permettraient un renversement de dynamique tel que
l'indépendance ne deviendrait plus qu'une question de mois.
L'idée qui me dérange et qui suggère que Pauline Marois serait prête à
s'engager dans un processus interminable, c'est celle d' « arracher » à
Ottawa « toujours plus de pouvoirs et de compétences ». S'engager dans
cette voie nous mène à un cul-de-sac. Ottawa répondra « Non » à toutes les
demandes du Québec, en le mettant implicitement au défi de déclencher un
référendum.
Le gouvernement fédéral sait fort bien que la population québécoise se
lasserait très rapidement d'un tel souque à la corde et réclamerait de son
gouvernement provincial qu'il s'occupe « des vraies affaires ». La
perspective de longues années d'affrontement n'a aucun avenir, et agirait
même comme repoussoir auprès de l'électorat. C'est le PQ qui en ferait les
frais.
Ce qui est à la fois rassurant et inquiétant, c'est que, une fois les
nouvelles propositions déposées, « Les membres du parti auront un an pour
en discuter avant de l'adopter - avec les éventuelles modifications qu'ils
présenteront d'ici là. » Rien ne sera donc coulé dans le ciment le 19 juin,
et des modifications demeureront possibles. Voilà pour le côté rassurant.
Mais du même coup, cela veut dire que discussions, divisions et
déchirements se poursuivront pendant encore un an devant une opinion
publique qui risque vite d'en faire une indigestion, surtout si des
événements graves se déroulent pendant ce temps, et il y a tout lieu de
croire que ce sera le cas.
Cela suppose aussi que les prochaines élections au Québec n'auront lieu
qu'au terme du mandat normal du PLQ. Or toutes les preuves sont à l'effet
que nous ne sommes pas dans la situation d'un mandat normal et que le
gouvernement Charest est assis dans un siège dont il peut être éjecté à
tout moment. Cette stratégie me paraît donc pour le moins imprévoyante,
voire même inconséquente.
Auteur : Richard Le Hir


Laissez un commentaire



10 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    14 juin 2010

    intentions de vote au provincial juin 2010
    http://www.ledevoir.com/images_galerie/68292_63465/tableau-intentions-de-vote-des-quebecois-au-provincial.jpg
    Une forte majorité ( comme l’aime M.Bousquet ) de 59 pourcent est contre le PQ malgré toute la merde libérale Charest.

    Le PQ gagnera l'élection législative de 2013 par défaut comme Charest en 2003 et 2008.Aucun danger.Le PQ ne veut pas faire l'indépendance.

  • Raymond Poulin Répondre

    9 juin 2010

    @ Gébé Tremblay
    Aucun parti dit indépendantiste n’a encore présenté un programme d’État digne de ce nom et susceptibler de faire l’union de nos forces. Peut-être les États généraux du peuple souverain du Québec, censés avoir lieu cet automne, pourront-ils définir les termes capables de rallier toutes les composantes citoyennes et politiques partisans de la primauté effective de l’Autorité démocratique suprême du peuple souverain du Québec sur son territoire national.
    Pour ma part, j’endosse les propositions formulées à cet effet par le Collectif citoyen du 5 mai 2010 : http://www.jesignequebec.com/page.php?id=51 , dont le dispositif politique et électoral contient notamment les deux points essentiels sur lesquels vos insistez, soit une Constitution adoptée par la constituante formée par la réunion de toute notre députation siégeant séparément depuis toujours à Québec et Ottawa et l’invalidation de l’État actuel du Canada, jamais nommément soumis au Oui des Québécois.
    Endossez L’Appel citoyen à l’union de nos forces du 20 mai 2010 :
    http://www.jesignequebec.com/detail-proposition.php?id=42

  • Archives de Vigile Répondre

    8 juin 2010

    "J’ai moi-même suggéré il y a quelques semaines que toute démarche vers l’indépendance devait commencer par l’adoption d’une Constitution québécoise. http://www.vigile.net/Independance-....
    Plus récemment, j’ai rajouté que l’Assemblée nationale devrait adopter une résolution aux termes de laquelle elle déclarerait que le Québec ne se sent pas lié par la Constitution canadienne de 1982, celle-ci ayant été adoptée dans des conditions que la Cour suprême du Canada jugeait illégitimes (si c’est illégitime pour la Cour suprême, a fortiori cela doit-il l’être également pour le Québec et les Québécois). http://www.vigile.net/Clarte-quand-..."

    J'en demande pas plus. Je me transformerais en super militant juste avec ça.
    La question c'est pourquoi le PQ ne l'a pas encore promis.
    C'est pourtant pas sorcier.

  • Archives de Vigile Répondre

    8 juin 2010

    Le grand problème de la démarche de Mme Pauline, c'est qu'elle laisse nombre d'indépendantistes indifférents. Elle n'a rien pour mobiliser. C'est une stratégie conçue pour mobiliser les autonomistes de l'ADQ, et qui joue pleinement les règles du fédéralisme.

  • Archives de Vigile Répondre

    8 juin 2010

    @ Denis Julien
    J'ai milité intensément à l'intérieur du PQ entre 1994 et 1999. Durant cette période, j'ai été président de circonscription et attaché politique d'une ministre. J'ai eu à débattre avec mes amis de Montréal-Centre à maintes reprises en conseil régional et par la suite en conseil national sur exactement le même sujet. Le comment et la meilleure stratégie pour atteindre notre objectif. Il faut croire qu'on n'a pas encore compris, de part et d'autre, qu'on se parle entre allier et non pas ennemi. J'ai toujours soutenu depuis tout ce temps que le travail que fait l'aile pure et dure du PQ est fondamentale, importante, et que le PQ ne peut s'en passer.
    Toutefois le jour que cette même aile reconnaitra ce que j'ai dit dans mon premier commentaire, elle s'ouvrira à un horizon pas mal plus optimiste.
    Pour ce qui est de votre 2e commentaire, un mouvement citoyen souverainiste serait une bonne idée dans la mesure...qu'il reste mouvement citoyen et c'est ca qui est moins sur. Les égos de dirigeants de ces mouvements ne sont pas toujours purs. Tot ou tard ils se prennent au jeu et se font jouer des tours quand ils sont dans l'engrenage du mouvement politique...C'est un pur comportement humain... Pour ce qui est de la crédibilité des politiciens..bien d'accord avec vous la dessus...

  • Archives de Vigile Répondre

    8 juin 2010

    Les bons gouvernements; ça ne mobilise et ne motive plus les gens parce qu'ils ne croient plus les politiciens.
    Aussi les fédéralistes ne nous prennent pas au sérieux. D'ailleurs, ils ne nous ont pas pris au sérieux ni au référendum de 1980 ni à celui de 1995. D'abord parce que même Lévesque savait dès le début de la campagne référendaire que le résultat serait négatif. En ce qui a trait à celui de 1995, le scandale des commandites nous a parfaitement bien démontré que les carottes étaient bien cuites pour nous et les fédéraux le savaient parfaitement.Ils ont enfreint toutes les règles démocratiques.On a bien fait rire de nous!Le merveilleux gouvernement de Lulu n'a même pas réagi virilement comme il aurait dû le faire. On s'est fait voler! On s'est fait fourrer! Et on a fermer notre gueule!
    Le seul moment dans l'histoire du Pq où les fédéraux ont eu la chienne et nous ont pris véritablement au sérieux, c'est de la période de 1968 à 1974. Ces deux élections; celles de 1970 et celles de 1973 où la donne était claire. Un vote pour le Pq est un vote pour la réalisation de la souveraineté. Ils se sont prêtés à l'exercice deux fois et le vote est passé de 24% à 33%. Il savait ce qui s'en venait! On connaît la suite avec l'arrivée de Claude Morin.
    Je le dis et le redis, les politiciens souverainistes font partie du problème. Ils ont perdu toute crédibilité auprès des militants les plus dévoués à la cause. Voilà pourquoi il est d'une urgence capitale de revenir à l'esprit du RIN de 1960 avant qu'il se transforme en parti politique. Nous devons militer dans un rassemblement citoyen non-partisan dont la seule loyauté est de porter le message de l'indépendance nationale auprès de nos compatriotes québécois, susciter une pression sur les politiciens quel que soit leur parti. Ce nouveau RIN appuiera uniquement les députés qui se commettront explicitement en faveur de l'indépendance nationale.
    Il arrive ce nouveau RIN. Il est indispensable à la reprise du combat québécois qui ne peut-être laissé entre les mains des politiciens.

  • Archives de Vigile Répondre

    8 juin 2010

    Une chose vous échappe monsieur Ménard, ce sont justement les indépendantistes purs et durs qui n'iront plus voter! On ne peut éternellement se présenter aux urnes en se bouchant le nez!
    En tous les cas et en ce qui me concerne, sachez bien je ne répéterais plus cette expérience désolante et combien décevante.

  • Archives de Vigile Répondre

    8 juin 2010

    [« Suite au sondage dont les résultats ont été diffusés lors du colloque annuel des IPSO, le 8 mai 2010,Pauline Marois et Gilles Duceppe en font une lecture différente.
    Le chef du Bloc Québécois déclare que « le Canada idéal qui serait prêt à accommoder le Québec n’est qu’un mirage ». Il s’appuie sur les résultas du sondage qui révèlent qu’entre 60% et 80% des Canadiens anglais s’opposent au rapatriement de chacun des pouvoirs que souhaitent récupérer les trois-quart des québécois.»] l’Aut’Journal
    Le renouvellement du fédéralisme est une voie totalement bloquée. Cette solution a déjà été essayée et ne fonctionne pas.
    Le NPD, les Conservateurs et les Libéraux savent bien que toute concession faite au Québec se paie en perte électorale ailleurs au Canada.
    Les passionnés du pays Québec ne sont pas encore parvenus à faire consensus,à conceptualiser en détails ce que sera le pays Québec après la déclaration de son indépendance suite à une élection régulière.
    Le français n’est plus la première langue minoritaire au Canada hors Québec.
    Avec l’ajout de députés hors Québec,le parlement canadien pourrait avoir un gouvernement majoritaire sans le support du Québec.

  • Archives de Vigile Répondre

    8 juin 2010

    Le PQ aurait intérêt à évaluer chaque comté avec la question suivante,afin d’avoir l’heure juste ;
    À propos de votre identité,vous vous considérez quoi ?
    1.Canadien d’abord ?
    2.Canadien-français d’abord ?
    3.Québécois d’abord ?
    J’aime pas certains objectifs de gouvernance annoncés par le PQ Marois ;
    1.Se rapprocher de l’indépendance sans la faire.
    2.Maintenir le statut provincial canadien du Québec.
    3.Garder le Québec subordonné aux jugements de la cour Suprême du Canada.

    4.Faire plusieurs référendums sectoriels.

    5.Éviter un référendum sur l’indépendance.

    Pour une proposition alternative au PQ,voir à l’adresse suivante ;
    http://espace.canoe.ca/jptellier/blog/view/273782

  • Archives de Vigile Répondre

    8 juin 2010

    M. Le Hir je veux réagir, entre autre, sur votre conclusion. Je vous cites:
    "Cela suppose aussi que les prochaines élections au Québec n’auront lieu qu’au terme du mandat normal du PLQ. Or toutes les preuves sont à l’effet que nous ne sommes pas dans la situation d’un mandat normal et que le gouvernement Charest est assis dans un siège dont il peut être éjecté à tout moment."
    C'est, à mon avis, vrai et faux.
    Même si Charest est assis sur un siège éjectable, il a les 2 mains sur le mécanisme d'éjection. Il ne peux être renverser. Juste un dossier de corruption personnel avec des preuves bétons pourraient peut être lui faire enclencher le processus d'éjection.
    L'ADQ va bloquer aussi toute élection avant terme.
    C'est surement avec cette vision de gestion du temps que le PQ et Pauline planifie les choses.
    Pour ce qui est de la sempiternelle question du " Comment et de stratégie" Je vous rappellerai que NOUS avons besoin, pour y accéder dans un référendum gagnant, de gens qui n'ont pas encore voter pour le PQ et la souveraineté. Les seuls militants purs et durs ne seront pas suffisants.
    C'est dans cette optique qu'il faut séduire les fédéralistes mous, les fédéralistes fatigués, les indécis de centre droit, les indécis de centre-gauche, les vieux souverainistes qui branlent dans le manche, des souverainistes mous qui ne vont pas voter.
    Est ce que c'est la vision des stratèges du PQ???
    Mobiliser les gens non convaincus à voter pour la Souveraineté est loin d'être une science exact...Ce qui est exact cependant vous en conviendrez, c'est qu'on a pas les moyens de perdre un 3e référendum