Qui sont les pas bons?

Tribune libre

Je viens de terminer la lecture d'un article dont le titre n'annonçait rien de bon, en plus d'être dans Cyberpresse et signé Alain Dubuc, le «collaborationniste spécial» qui aurait pu écrire dans Je suis partout dans une vie antérieure. L'article en question est Les pas bons. Avant de commencer à écrire son article, le plan de Dubuc était, de toute évidence, de défendre le Parti libéral du Québec. Pour ce faire, il fallait donc attaquer le Parti québécois, l'opposition officielle:
Comme il se doit dans notre belle tradition parlementaire, la chef de l'opposition, étranglée par l'indignation, a réclamé la démission immédiate de la ministre des Transports, Julie Boulet, qu'elle accuse d'être complice de ces turpitudes.
La première étape consistait à utiliser le sarcasme dans le but de ridiculiser les adversaires, lesquels sont les séparatistes. En écrivant «étranglée par l'indignation», l'objectif du sarcasme était déjà atteint.
La deuxième étape était de diminuer le poids des accusations envers le groupe que l'on veut défendre à tout prix. Dubuc se prostitue intellectuellement pour le Parti libéral, ce groupe d'intouchables, les bons, quoiqu'ils fassent. En accusant Pauline Marois d«'accuser», dans l' indignation feinte, la marâtre dans cette histoire devient la chef du PQ puis la pôvre victime est la ministre libérale sans défense, qui n'est pas à la hauteur d'un si gros ministère car probablement rempli de pas bons fonctionnaires péquistes pas assez serviles et travaillant.
La troisième étape était d'enlever le doute qui pèse sur le Parti libéral. Quand bien même que ce parti est au pouvoir depuis avril 2003, Dubuc était bien décidé à trouver des coupables ailleurs. Notre cher collaborationniste, bien spécial, écrit:
Le laxisme et les irrégularités à ce ministère dépassent largement la personne de la ministre des Transports ou même le gouvernement actuel.
Bravo, mission accomplie Dubuc. L'empire Desmarais va vous donner une autre tite médaille. On a tous compris, la ministre Boulet n'a rien à voir dans cette histoire et c'est probablement même le problème du gouvernement précédent, évidemment péquiste.
Dernière étape: tout relativiser. Dubuc écrit que le problème est «global», «universel» et «c'est partout pareil». Appelez-moi la prochaine fois que vous voulez relativiser, je vais ouvrir mon dictionnaire des synonymes pour vous donner un coup de main, une claque s'il le faut.
Enfin, pourquoi ne pas en profiter pour cracher, une fois de plus, sur les Québécoises et le Québécois, en les traitant d'inaptes :
Le ministère des Transports est énorme, avec ses 6000 employés - 10% de la fonction publique -, très décentralisés, et donc difficile à gérer. Il donne pour 2,7 milliards d'ouvrages et doit signer plus de 30 000 contrats par année. C'est certainement complexe. Quand on connaît les risques de dérapages, et quand on doit gérer une machine pareille, il faudrait pouvoir compter sur un appareil administratif fort et efficace. Or, c'est le contraire.
Tant qu'à faire une apparition spéciale ce jour là, Dubuc en a profité pour rappeler que l'on devrait centraliser davantage et diminuer le nombre de fonctionnaires. Il nous faut de la lucidité au Québec! Un peu plus, et il écrivait que le Québec devrait se mettre en tutelle à Ottawa. Toutes les routes asphaltées mènent à Ottawa et les petits chemins en garnotte mènent à Québec, c'est ça?
Dubuc termine son article de façon magistrale. Il sait que Jean Charest ne veut pas avoir de commission d'enquête publique, donc la solution était d'arriver à deux conclusions:
Cela nous mène à deux conclusions. La première, c'est qu'il faut sérieusement redresser la barre au ministère des Transports. La seconde, c'est qu'on a besoin plus que jamais d'une commission d'enquête sur le béton et l'asphalte.
Quel génie! Ce que ça veut dire, c'est que Dubuc croit que la conclusion de l'enquête sera en fait la première des ses conclusions, soit de redresser la barre au ministère des Transports. Semplice! La seconde, il ne fait que la suggérer car le peuple en veut une. Voici sa poudre aux yeux. Par contre, dans son for intérieur, il ne croit pas que le peuple soit en mesure d'avoir une commission d' enquête publique, car dans «publique», il y a peuple. Le peuple du Québec, pour Dubuc, ça sert à être méprisé, pas à se mêler des affaires politiques dont seuls les brillants fédéralistes sont en mesure de s'occuper. Et s'il y a une commission d'enquête publique, pour satisfaire le petit peuple fatiguant et insistant, on prendra un homme comme Pierre Marc Johnson, un homme qui est revenu à la raison ou, pourquoi pas, Alain Dubuc.


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3 commentaires

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    24 novembre 2009

    @ JC Pomerleau:
    «Charest va se tapper sur les doigts avec son propre marteau.»
    Oui, et j'espère que ça lui sera douloureux, électoralement parlant, de se faire ainsi mal aux doigts!
    Je souhaite sincèrement que cet épisode du règne de John James McDonald Charest puisse ouvrir les yeux de gens qui ont voté pour lui; ou de gens qui se sont simplement abstenus
    de voter, aux dernières élections, lui permettant de remporter un troisième mandat.
    Je ne peux pas envisager qu'il remporte un quatrième mandat.

  • Archives de Vigile Répondre

    23 novembre 2009

    Charest va se tapper sur les doigts avec son propre marteau.
    Escouade Marteau se plaint que son manche est trop court. C'est dangereux pour les doigts de celui qui le manie un marteau au manche trop court.
    Des portes paroles syndicaux représentant 15 000 policiers estiment que l'escouade Marteau ne suffira pas et qu'il faut une enquête publique:
    http://www.vigile.net/Nouveau-refus-de-Quebec
    Claude Poirier, qui était contre l'enquête publique, a changé d'avis depuis qu'il a reçu les confidences d'un président de syndicat des policiers. Il a semblé impressionner et estime qu'il ne voit pas comment le gouvernement peut éviter cette enquête qui devient de plus en plus que nécessaire
    Le "Marteau" se rebelle et va finir par taper sur les doigts de ce régime. C'est ce que l'on espère car le Marteau a probablement la capacité de faire tombé le gouvernement.
    Géopolitique 101: Leçon de politique
    La politique nait de l'antagonisme; elle est dynamique et mouvement et ne désigne que l'intensité des unités en présences. Ici le syndicat des policiers est l'unité qui devient une unité politique en engageant un rapport antagoniste avec le régime en place.
    La comprenez vous la game.
    JCPomerleau

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    23 novembre 2009

    @ Sylvain Racine:
    Vous écrivez: «enfin, pourquoi ne pas en profiter pour cracher, une fois de plus, sur les Québécoises et le Québécois, en les traitant d’inaptes»...
    Oui, en effet, c'est une chose que se permet assez souvent Dubuc. Et je trouve que c'est grave, de travailler en étant payé pour écrire des articles très tendancieux, avec notamment comme objectif, d'entretenir ce mythe voulant que la nation québécoise ne soit qu'une grosse bande d'incapables, de simplets...
    Il faut comprendre que le mythe en question, est très précieux, aux yeux des fédéralistes, car il est à la base de notre manque de confiance en nous-mêmes. Et ce fameux manque de confiance, fait qu'une partie non-négligeable des Québécois voteraient NON à un nouveau référendum, ne nous croyant pas de taille à gérer les ressources de notre propre pays.