Les Québécois ont dit non à l'exploitation des gaz de schiste sur leur territoire, ils ont abandonné en bloc le gouvernement Harper lorsqu'ils ont réalisé à quoi mène concrètement son idéologie de droite et, malgré dix ans de propagande néolibérale de la part du gouvernement Charest, ils sont descendus massivement dans la rue pour s'opposer à une augmentation abrupte des frais de scolarité universitaires. Ils ont finalement mis à la porte ce premier ministre qui les méprisait.
Le gouvernement péquiste minoritaire a bien manœuvré, si bien qu'il devrait devenir majoritaire à la suite de la prochaine élection. Les sceptiques ont été confondus et des indépendantistes très critiques il n'y a pas longtemps font maintenant l'éloge de la première ministre Marois. Ce qui est suspect pour un indépendantiste progressiste c'est que les médias contrôlés par des intérêts privés et toujours allergiques à tout discours le moindrement nationaliste, se sont récemment montrés positifs dans leurs analyses du gouvernement Marois ce qui a permis une poussée soudaine de popularité de ce gouvernement.
Est-ce que devant l'entêtement des québécois à conserver les acquis sociaux et leur appui indéfectible à la Charte de la laïcité, l'establishment capitaliste se serait résigné à laisser les péquistes gouverner en faisant la promotion de l'indépendance et en rejetant ouvertement le multiculturalisme? Ils auraient accepté de prendre certains risques à condition que le gouvernement démontre dans un premier temps son acceptation de la gouvernance néolibérale. Pour ces financiers qui ambitionnent de dominer le monde l'indépendance politique du Québec n'est pas une grande préoccupation, le pouvoir réel des États étant appelé à disparaître. Le premier ministre Harper lui-même est très ouvert à ce que le Québec sorte du Canada et il ne manque pas une occasion de nous provoquer.
On a dit que Marois a réussi parce qu'elle gouverne plus au centre que ses prédécesseurs péquistes. C'est vrai qu'elle gouverne au centre mais seulement parce que la droite a bouffé le centre et que tout ce qui est minimalement à gauche est jugé extrême. L'exploration pétrolière sur l'Ile d'Anticosti ne plaît pas aux environnementalistes du Parti mais ce n'est rien de nouveau, les gouvernements péquistes ont toujours donné la priorité au développement économique. Le prétendu refroidissement à l'égard des syndicats est aussi de l'histoire ancienne, il n'y a plus grand chose qu'un gouvernement puisse faire pour soutenir efficacement les syndicats, même ceux du secteur public, dans un contexte où les entreprises menacent de déguerpir aussitôt qu'un négociateur syndical lève le ton.
Ce qui illustre l'alignement du gouvernement Marois avec le nouvel ordre capitaliste mondial c'est plutôt l'acceptation du discours sur la crise des finances publique, laquelle s'expliquerait par un nouveau contexte économique mondial qui ne permettrait plus de continuer à offrir à la population les services publics déjà existants. La réalité c'est que les difficultés financières des gouvernements au Canada comme ailleurs résultent des baisses d'impôts et des nombreux abris fiscaux accordés aux plus riches, et il est facile de le démontrer. Le discours néolibéral a été conçu pour opérer un transfert gigantesque de richesse des classes moyennes vers les classes privilégiées qui ont pris le contrôle de nos gouvernements démocratiques.
Le gouvernement Harper a déjà annoncé qu'il profiterait de la marge de manœuvre fournie par le retour à l'équilibre budgétaire, acquis par des coupures dans les services publics, pour procéder à de nouvelles baisses d'impôts. Ces pertes de revenus généreront éventuellement de nouveaux déficits. Nos élites économiques devraient s'opposer à cette tendance, non pas par charité chrétienne mais bien parce que l'ambition sans bornes des leaders capitalistes va mener à leur propre perte. La croissance économique rapide obtenue au siècle dernier, et même celle plus récente des pays émergents, s'explique par l'atteinte d'un certain équilibre dans la distribution des revenus et la consommation de masse que cela a permis dans les pays développés.
C'est cet équilibre vital qui est maintenant attaqué de façon irresponsable.
Forte d'un gouvernement majoritaire, la première ministre aura les coudées plus franches sur des dossiers comme la langue, l'immigration et l'affirmation de l'identité québécoise. Elle pourra signifier à la juge Charbonneau qu'elle en a un peu marre de la série Rambo et qu'il serait peut-être temps de revenir à des dossiers qui révèlent l'implication d'hommes publics dans le phénomène de la corruption au Québec. Elle pourra même mettre fin à l'exploration pétrolière à Anticosti si les premiers reportages sur l'impact des travaux amorcés soulèvent une levée de bouclier dans la population.
Cependant, pour conserver l'appui des financiers, elle devra répondre aux attentes quant à la réduction de la taille de l'État québécois et la normalisation de son niveau de dépenses publiques dans le contexte nord-américain. Même si elle résistait aux demandes de réduction des impôts, la pression venant de la baisse planifiée des transferts fédéraux l'obligera à poursuivre l'appauvrissement des services publics et l'augmentation des tarifs pour les utilisateurs. On peut déjà anticiper une grande désillusion des Québécois envers leur gouvernement national.
On peut aussi s'attendre à ce que les financiers, à l'initiative de ceux de Toronto qui aimeraient bien conserver leur colonie francophone, se retournent contre le gouvernement péquiste au moment où celui-ci sera suffisamment fragilisé et obtiennent l'élection d'un gouvernement libéral. À la suite de ces nouvelles humiliations on pourrait comprendre que les Québécois n'aient plus la force de résister à une assimilation sur tous les fronts.
Malgré tout, on peut espérer que les irréductibles Québécois se révolteront encore plus massivement qu'en 2012 contre des politiques qui s'annoncent aussi dures et arbitraires que la hausse des frais de scolarité et que nos indignés, ayant pris conscience des véritables causes de notre difficulté à faire des choix de société, mettent l'indépendance du Québec au cœur de leurs revendications. Qui sait, madame Marois, emportée par la vague, pourrait ressortir son carré rouge et prendre en main le processus de notre libération nationale.
Le terrain est miné mais il semble qu'un gouvernement péquiste majoritaire soit présentement la seule avenue qui nous permette d'avancer. Son soutien actif au développement économique du Québec, une responsabilité abandonnée par le gouvernement Charest dans le cadre de sa stratégie de la terre brulée, mériterait à lui seul la réélection du gouvernement péquiste. Il faut toutefois retenir qu'encore une fois on aura confié le sale boulot à un gouvernement qui sait parler au peuple.
Québécois irréductibles
Des appuis suspects au gouvernement Marois
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2 commentaires
Archives de Vigile Répondre
27 février 2014Les ennemis de la Nation Québecoise dominent en nous divisant et il sont encore ces DIVISÉS en 2014 plus de 60% contre le Parti Québecois et votent pour des partis fédéralistes ou des mini partis bidons supposés indépendantistes qui font le jeu des divisionnistes des COUILLARDÉS .
Moi, je suis contre la charte anti catholique , contre les pro-morts ( avortements , suicides assistés et euthanasies ), contre le féminisme , contre le nationalisme sans l'individualisme et l'internationalisme , contre les pollueurs destructeurs de l'écologie, contre l'anglicisation des enfants dès la première année et même cette anglicisation systématique qui nous ferme le monde à 90% non anglophone , contre l'immigration anarchique , contre ….. et, pourtant je vote pour le moindre mal : LE PQ ce parti des égarés , des beaux risques qui ne respectent pas notre LANGUE NATIONALE et NOTRE RELIGION et NOTRE HISTOIRE .
MICHEL GUAY
François Ricard Répondre
26 février 2014En se tournant vers l'indépendance, le PQ vient de se rallier bien des indépendantistes. Il est souhaitable que le PQ soit réélu majoritaire.
Mais pour que le PQ continue sur cette lancée vers l'indépendance, il faut que les indépendantistes, de gauche, de droite ou du centre, joignent les rangs du PQ et y jouent un rôle actif.
J'ai été de QS. J'ai été de l'ON. Je me rends compte maintenant que l'éparpillement de nos forces ne nous mènera jamais à l'indépendance, ne nous mènera jamais au paradis socialiste.