Le gouvernement du Québec souhaite accueillir 2450 réfugiés syriens de plus que les 1200 déjà prévu cette année, a annoncé la ministre de l'Immigration Kathleen Weil. Elle a aussi pressé le gouvernement fédéral à collaborer avec la province afin d'accélérer le traitement des demandes.
Mme Weil a fait l'annonce de ce plan conjointement avec la ministre des Relations internationales Christine St-Pierre lundi matin, quelques jours après que la photo du corps du petit syrien Aylan Kurdi sur une plage de Turquie ait braqué les projecteurs sur la crise des migrants syriens fuyant leur pays en guerre.
D'après l'Agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) le conflit a maintenant fait 4 millions de réfugiés syriens, qui se trouvent principalement en Turquie et au Liban.
Québec veut donc contribuer à l'aide international et compte tripler le nombre de réfugiés syriens pour en accueillir 3650, en 2015. Déjà en 2014, la province a accueilli 60% des réfugiés syriens acceptés au Canada.
Mme Weil a qualifié cet objectif d'ambitieux. Elle pourra compter cette année sur une enveloppe de 29 millions afin de financer les services offerts aux réfugiés tels que le soutien à l'habitation, la francisation, l'aide à l'emploi, ou encore les services d'éducation et de santé. Les organismes de parrainage devraient aussi recevoir du financement, a confirmé la ministre, lorsque questionnée à ce sujet.
« Mais la clé du succès est vraiment la collaboration du gouvernement fédéral», a souligné Mme Weil.
Par exemple, le Québec voudrait envoyer au Liban des fonctionnaires afin d'étudier plus rapidement les demandes de réfugié parrainé, ce qui nécessite l'accord du fédéral.
Le gouvernement propose aussi au fédéral d'identifier des zones européennes où il y a une forte concentration de migrants afin de les faire venir par avion au Québec.
Michel Guibert, coordonnateur de l'immigration humanitaire au ministère de l'Immigration, estime d'ailleurs que près de 1000 demandes de parrainage au Québec visant environ 2000 Syriens attendent toujours qu'Ottawa leur accorde un statut de réfugiés.
Mme Weil a précisé que le ministre de l'Immigration du Canada, Chris Alexander, a été informé du plan de la province. Pour l'heure, 650 réfugiés syriens ont été acceptés au Québec depuis le début de l'année.
Québec demande aussi des mesures d'allégements administratives pour les années à venir pour les parrainages.
Finalement, Québec demande aussi à Ottawa d'augmenter le nombre de réfugiés pris en charge par l'État, soit 650 personnes de plus que les 400 prévus dans le cadre du plan d'immigration 2015, mais, si le fédéral acceptait, cette mesure ne serait pas mise en place avant l'année prochaine.
La ministre des Relations internationales Christine St-Pierre a débloqué 100 000$ de son fonds d'aide d'urgence afin de soutenir les initiatives des organismes québécois de coopération internationale sur le terrain.
Questionnée à savoir si elle était optimiste par rapport à la collaboration d'Ottawa, la ministre Weil a plutôt répondu qu'elle était « déterminée » à convaincre le gouvernement fédéral.
Selon le plan d'immigration 2015 du gouvernement provincial, Québec a pour objectif d'accueillir entre 4 700 et 5 300 réfugiés d'un peu partout dans le monde. Mme Weil a précisé qu'il n'était pas question de débattre pour l'heure du nombre de réfugiés syriens que doit accueillir le Canada. Plutôt que de parler de volume, la ministre préfère se concentrer sur l'accélération du traitement des demandes.
En marge de la conférence de presse de la ministre Weil, le père Bernard Bassett de l'église grecque melkite catholique qui a parrainé une trentaine de Syriens cette année, s'est réjoui de cette annonce. Il espère toutefois que la ministre fera pression au fédéral pour augmenter le volume de réfugiés syriens dans les prochaines années.
« Ce plan va faciliter notre travail, on avait atteint notre quota de parrainage collectif depuis janvier alors maintenant on pourra s'occuper des nombreuses autres personnes en attente», a ajouté Mario Brisson, responsable du parrainage des réfugiés pour la Mission jésuites.
«La ministre semblait dire qu'il pourrait y avoir une aide financière pour les organismes qui parrainent, il semble donc y avoir une ouverture, on verra ce qu'il est possible de négocier», a-t-il poursuivi.
De passage à Toronto, le chef du Nouveau parti démocratique, Thomas Mulcair, a réagi par communiqué à cette annonce, lundi.
«J'applaudis l'annonce du premier ministre Philippe Couillard et du gouvernement québécois de prendre des mesures concrètes pour ouvrir les portes de la province à 3650 réfugiés syriens et de fournir l'aide nécessaire pour supporter l'accueil des nouveaux arrivants.»
« Alors que de plus en plus de municipalités et de provinces décident d'offrir leur aide et tendent la main, j'invite le premier ministre à les soutenir dans leurs efforts humanitaires», a-t-il ajouté.
Au moment de publier ces lignes, le gouvernement conservateur n'avait toujours pas rappelé La Presse.
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