L’échec de la convergence entre le Parti québécois et Québec solidaire était hautement prévisible. Les péquistes cherchaient à s’allier aux solidaires avec une naïveté déconcertante ; pourtant, au fil du temps, Amir Khadir et Manon Massé ont répété qu’ils ne voulaient pas s’associer à ce qu’ils appellent un « parti bleu néolibéral ». La haine viscérale était donc annoncée depuis longtemps, et QS a toujours considéré le PQ comme un ennemi.
Le PQ a donc couru après cette rebuffade passablement humiliante, notamment pour Jean-François Lisée et Véronique Hivon. Il est d’abord tombé dans le piège de « l’islamophobie » tendu par Françoise David en 2015 ; par la suite, avec Alexandre Cloutier, le PQ a persisté dans sa croisade contre l’islamophobie dont le Québec serait prétendument affecté. Embourbé dans ses multiples contorsions, Jean-François Lisée a finalement réduit le projet de laïcité à une peau de chagrin pour plaire à QS ; il a ainsi confié ses desseins idéologiques et sa stratégie à Paul St-Pierre Plamondon, dont le rapport est d’une pauvreté intellectuelle désarmante.
QS a donc manoeuvré avec l’idée de convergence. Le moment venu, il a laissé tomber le PQ dans la boue avec l’aide de Dalia Awada. Ce parti, cet ennemi, expliquait-elle au congrès de QS, serait porteur des « deux bêtes » que sont le néolibéralisme et le racisme. Tarik Ramadan. Adil Charkaoui ou Haroun Bouazzi auraient pu dire la même chose s’ils avaient participé à ce congrès. Dans la mouvance islamiste, certains jouent le rôle de « bad cop », d’autres celui de « good cop », notamment à l’endroit du pouvoir politique. Cela dépend, mais tous se font le relais de l’idéologie islamiste. La question est donc posée. QS est-il devenu l’antichambre du gauchisme et de l’islamisme au Québec ?
Des gauches radicales alliées aux islamistes
Depuis les années 1980, les salafistes et wahhabites combattent le modèle démocratique des sociétés occidentales, leur mode de vie, la libre-pensée, les arts, la musique contemporaine, les libertés individuelles, la jeunesse trop libertine (comme on l’a vu à Manchester), les libertés sexuelles et l’égalité entre les hommes et les femmes, une valeur universelle totalement étrangère à leurs préceptes. Lorsque leurs dogmes « prémédiévaux » et ségrégationnistes sont dénoncés, ils chargent leurs opposants, les accusent d’islamophobie, les poursuivent ou les assassinent. Ces attaques visent tout autant les musulmans laïques que les « mécréants ». Dans ces circonstances, pourquoi les gauches radicales, ici comme ailleurs, notamment en Europe, dites progressistes, s’allient-elles aux islamistes ?
Oublions les discours sur le misérabilisme et le communautarisme qui ne sont que l’enveloppe idéologique. Politiquement, ce choix stratégique est imputable au fait que la mouvance islamiste s’attaque au socle de la société libérale et démocratique qui est aussi par ailleurs capitaliste. Or, c’est précisément ce socle que conspuent toutes les tendances gauchistes réunies. Car voulant mettre fin à la société néolibérale et capitaliste, le gauchisme retrouve en l’islamisme un discours hostile à la société occidentale dont il veut se débarrasser.
> Lire la suite de l'article sur Le Devoir
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé