Ayant travaillé à l’Assemblée nationale, j’ai été un peu surpris par la plus récente sortie de Sol Zanetti, dans le débat sur le projet de loi 21.
Rappelant sa vive opposition à toute interdiction de signes religieux dans le secteur public et affirmant que ce débat avait été alimenté par des chroniqueurs et de sites de fausses nouvelles, mon député a pourtant dit que Québec solidaire ne ferait pas d’obstruction parlementaire pour empêcher son adoption.
Québec solidaire votera contre, mais sans plus.
L’arme à la main
Dans un Parlement, les oppositions disposent de plusieurs moyens pour rendre la vie difficile au gouvernement, même majoritaire. Le livre des règlements est plein de mesures et de procédures dilatoires qui permettent de faire traîner le débat et, ainsi, de faire monter le prix à payer pour le parti ministériel, par exemple en le forçant à imposer le bâillon.
Quand j’étais à l’opposition officielle, j’ai souvent entendu le leader parlementaire de mon parti exposer sa stratégie ainsi : « On va mourir l’arme à la main. »
À la fin, on va perdre, mais l’adversaire aura payé le prix.
Choquer, mais pas trop
On ne verra pas ça chez QS qui, il est vrai, a connu un parcours très sinueux sur la question, comme le député de Jean-Lesage.
Partisan du compromis Bouchard-Taylor, on savait que QS ne pourrait résister à la poussée de ses militants intersectionnels, pour qui tout appui à la moindre limitation des manifestations religieuses s’assimile à une forme de fascisme plus ou moins assumée. La conversion de Sol Zanetti, hier fort partisan d’une laïcité plus stricte, était révélatrice.
Pourtant, QS sait que, dans l’électorat qu’il faut rejoindre pour grandir encore, il y a des gens qui aiment le PL 21 et que la plupart d’entre eux ne détestent pas les immigrants et possèdent des dents saines.
Québec solidaire et Sol Zanetti ont donc compris que ça pouvait être correct de les choquer... mais pas trop. Les libéraux s’en chargeront.