Alexandre Shields - Le gouvernement Charest s'est peut-être engagé à mener une évaluation environnementale stratégique de l'industrie du gaz de schiste, mais il n'a toujours pas décidé si celle-ci s'étendra au secteur pétrolier, et ce, même si des projets de recherche d'or noir sont déjà en cours. Même que dans au moins un cas, un puits pourrait entrer en production commerciale avant l'adoption de la future loi sur les hydrocarbures.
En annonçant mardi qu'il irait de l'avant avec une évaluation complète du controversé secteur du gaz de schiste, comme lui recommandait le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE), le ministre Pierre Arcand n'a jamais mentionné l'autre filière d'énergie fossile qui se développera au Québec dans les prochaines années: le pétrole.
Même silence au bureau de la ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau, où on a simplement indiqué hier qu'il était trop tôt pour dire si le secteur pétrolier fera partie des travaux d'évaluation scientifique. «On étudie actuellement l'ensemble des recommandations du BAPE et le gouvernement a la volonté d'être cohérent», a-t-on mentionné au Devoir. La ministre Normandeau — dont le ministère a la responsabilité des questions énergétiques — «fera connaître sa décision sous peu».
Plusieurs des recommandations formulées par le BAPE abordent pourtant de front la question pétrolière, selon le président de Nature Québec, Me Michel Bélanger. Le rapport souligne notamment la nécessité d'étudier l'impact de l'exploitation des hydrocarbures sur le bilan de gaz à effet de serre du Québec, mais aussi les questions d'aménagement du territoire et de cohabitation avec les populations locales. Les constats faits au sujet des faibles redevances et des coûts des permis d'exploration valent autant pour le gaz de schiste que pour le pétrole. Tout cela fait dire à Me Bélanger que Québec ne doit pas «limiter» la portée de l'évaluation environnementale stratégique. Celle-ci doit impérativement aborder les deux filières.
Un projet à venir
La chose est d'autant plus nécessaire, selon lui, qu'au moins un puits de production commerciale d'or noir pourrait voir le jour au cours des prochains mois. L'entreprise Pétrolia souhaite en effet aller de l'avant avec le projet Haldimand, situé à moins de cinq kilomètres de Gaspé. Elle y a déjà mené différents tests afin de préciser le potentiel de ce puits, dont elle compte extraire du pétrole léger traditionnel. La quantité de pétrole récupérable pourrait s'élever à plus de sept millions de barils dans ce secteur, selon ce qu'indique le site Web de l'entreprise. Et ce ne pourrait être que le début pour Pétrolia, qui ambitionne de produire 20 000 barils de pétrole léger par jour d'ici 2014, c'est-à-dire environ 5 % des besoins en or noir du Québec.
Fait à noter, aucune redevance n'a été versée jusqu'à maintenant à l'État québécois pour les quelque 2000 barils extraits du projet Haldimand puisqu'il s'agit de la phase d'évaluation. Son permis d'exploration pour ce secteur — qui s'étend sur 23 943 hectares — lui coûtera cependant 11 971,50 $ pour l'année en cours, à 50 ¢ par hectare. Avant cette année, le maintien de ce permis coûtait 2394,30 $ par année.
Reste maintenant à s'assurer avec précision des réserves contenues dans le sous-sol. Mais les ambitions sont d'ores et déjà grandes puisque le président de l'entreprise, André Proulx, estime que l'exploitation commerciale pourrait débuter d'ici quelques mois. «On veut aller chercher un bail de mise en production. C'est ce qu'on vise pour le mois de novembre [2011]. C'est notre priorité», a-t-il déjà expliqué au Devoir. Dans ce cas, la mise en production pourrait survenir avant l'adoption d'une loi sur les hydrocarbures.
Chez Pétrolia, on a toutefois refusé cette semaine de préciser si les travaux se poursuivraient, et ce, même si le président de l'entreprise a souvent fait état de son enthousiasme quant aux résultats des recherches menées par l'entreprise.
Par ailleurs, les bons résultats des travaux menés à l'été 2010 par Pétrolia sur l'île d'Anticosti devraient mener à d'autres étapes d'exploration au cours des prochains mois, si le financement est au rendez-vous.
Une autre entreprise, Junex, a déjà indiqué que le sous-sol de son permis d'exploration de Galt, situé à l'ouest de Gaspé, pourrait éventuellement produire 13 750 000 barils de pétrole. D'autres secteurs restent à explorer en Gaspésie.
Québec n'a pas décidé s'il encadrera l'industrie pétrolière
Au moins un puits de production commerciale d'or noir pourrait voir le jour au cours des prochains mois
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