À trois mois du déclenchement des élections, le gouvernement Couillard se décide à réfléchir à la privatisation de la Société des alcools du Québec (SAQ), que préconise depuis des années la Coalition avenir Québec (CAQ).
Le ministère des Finances Carlos Leitao vient de lancer un appel d'offres pour la réalisation d'une étude sur les conséquences d'une privatisation, partielle ou totale, de la société d'État. Le plan stratégique de la SAQ a été déposé il y a quelques semaines, a rappelé jeudi le ministre Leitao, et l'intention d'obtenir une étude s'y trouvait. À maintes reprises, le ministre avait pris ses distances à l'égard du projet de privatisation de la SAQ comme de celle d'Hydro-Québec. Ce changement de cap avait été suggéré par l'économiste Claude Montmarquette et le fiscaliste Luc Godbout, dans un rapport déposé quelques semaines seulement après l'arrivée au pouvoir du Parti libéral du Québec (PLQ).
«On veut déterminer le modèle d'affaires le plus efficace. Est-ce que ce sera une privatisation totale, partielle ou pas du tout ? Il faudra d'abord faire ce travail-là. On va y aller dans l'ordre et après analyse», a dit le ministre Leitao.
Il faut considérer l'impact du changement, du point de vue de la santé publique, de la sécurité publique, des employés, de l'économie, des finances publiques, relève-t-il.
La CAQ propose de mettre fin au monopole de la SAQ, pour permettre plus d'accès aux produits. L'offre mondiale de vins et de spiritueux est beaucoup plus large que la gamme des produits offerts par la SAQ. François Bonnardel suggère par exemple de permettre aux épiceries de vendre des vins et des spiritueux embouteillés à l'extérieur du Québec, ce qui leur est interdit actuellement.
Le leader parlementaire du Parti québécois, Pascal Bérubé, croit pour sa part que privatiser de façon partielle ou totale la SAQ «ce n'est pas pragmatique, c'est idéologique.»
«Pour les cinq produits les plus populaires de la SAQ, on est en bas du prix [de vente] de l'Ontario. Est-ce qu'on veut se priver de dividendes importants pour les missions essentielles de l'État? Au profit de qui?», a-t-il questionné jeudi.
À leur arrivée au pouvoir, les libéraux avaient mandaté l'ex-présidente du Conseil du trésor, Lucienne Robillard, pour revoir les programmes du gouvernement. Il y a plus de trois ans, son rapport préconisait la fin du monopole de la SAQ.
- Avec Hugo Pilon-Larose