Le capitalisme semble bien mal en point, les crises succédant aux crises partout dans le monde. Pourtant, il survit ! Les néolibéraux québécois, Charest, Legault et Deltell, s’acharnent. Ils veulent rentrer dans la gorge des Québécois des mesures d’austérité qui font toujours plus s’élargir l’écart entre les riches et les pauvres. La classe moyenne voit son niveau de vie menacé. Mais cette situation alimente une indignation que les maires des villes où elle s’est exprimée ont vite fait d’éloigner des places publiques manu militari où elle commençait à être trop visible.
Si les échafaudages du système vacillent, cela n’empêche pas un prétendant au pouvoir comme Legault de s’essayer à la rafistoler. Comme il l’a dit devant ses maîtres à la Chambre de Commerce de Montréal, il aura « les yeux tournés vers le privé ». Le néolibéralisme a pris une telle tangente au Québec qu’il peut compter sur une triple alliance PLQ-ADQ-CAQ. Est-ce que cette conjoncture annonce une division des votes à droite ? On peut le souhaiter. Mais il ne faudrait pas trop compter là-dessus. Car ces trois organisations peuvent harmonieusement se relayer pour entamer des débats de société tout tournés vers les aspects les plus réactionnaires de leurs programmes respectifs, oubliant chacun son tour la proportionnelle et tout ce que les militants de leurs partis ont appelé à défendre.
Ils n’auraient donc pas grand peine à se soumettre aux imprécations d’un Harper pour un capitalisme agressif, militariste et monarchiste. Et ils ne verraient sans doute pas comme une déchéance politique le fait de s’écarter des sensibilités populaires. Charest parle déjà « contribution au fédéralisme ».
Voilà où finissent par conduire des programmes politiques qui se collent à tous les aspects rétrogrades de la société marchande.
À mon sens, le plus dangereux n’est sans doute pas là cependant. La dialectique capitaliste entraîne avec elle son lot d’irrationnel qui finit par miner toute la confiance populaire sur laquelle veulent s’appuyer les États et les gouvernements de droite. À l’expérience, on déchante vite d’une autorité qui n’a d’objectif que de presser toujours plus le citron même si elle prétendait à la légitimité du suffrage universel. D’un pouvoir à l’autre les alternatives néolibérales s’usent à la tâche de faire renaître les soi-disant exploits du capitalisme sous d’autres patronymes, comme les prétentions de Legault d’augmenter la collaboration entre l’État québécois et le privé sous le couvert d’encourager l’entreprenariat. Un nouveau souffle peut aussi être recherché de l’intérieur des appareils multi-médiatiques en mitraillant les messages d’une recherche de survie bien précaires au libéralisme économique.
Ainsi pendant que Harper revoie bredouille au Québec un Ministre de la Justice et son confrère de la Sécurité Publique, tous deux Libéraux, il s’organise une parade militariste qui heurte profondément notre sentiment national pacifiste.
Et c’est là que m’apparait le pire risque qui plane sur nous autres et tous ces jeunes québécois nouvellement venus à la cause du peuple par une expérience militante ou engagée où elle a appris beaucoup : rôle de la police, conditions dégradées des milieux salariés, destruction de pays souverains par les voies militaires de l’OTAN, …
En fait, si c’est bien la survie du système de domination des patrons que cherchent Legault, Charest et Deltell, ils n’ont d’autres choix que celui de faire croire à un avenir heureux pour un système qui tombe en loques à la grandeur de la planète et sous différents aspects : violence envers les femmes, agressions en vue de recoloniser des pays indépendants, menace à une nature en déliquescence, pression sur les agricultures vivrières, …
Nous assistons à un raffinement agressif du discours pour détruire toute perspective viable d’un monde en progrès constant. C’est en gros ce qui définit la réaction politique. On veut récupérer à l’avantage d’un système monstrueux toutes les innovations extraordinaires qui émanent du combat anticapitaliste sous toutes ses formes. Même la science doit un jour ou l’autre se démarquer des prétentions de la faire servir l’argent en premier.
Et le danger que j’y vois, c’est qu’ils nous confisquent tout simplement notre avenir. Que d’une génération à l’autre, l’oubli accompagne leur discours mystificateur.
Il y a une différence maintenant avec ce que nous avons connu dans notre propre jeunesse à nous : un programme socialiste s’est renouvelé et il peut répondre aux aspirations des jeunes à faire des classes dominantes actuelles les dinosaures d’une histoire dont on étudierait les stratégies politiques comme celles d’un passé réactionnaire révolu.
L’espoir demeure que les énergies mises au service de l’édification d’un authentique parti communiste (de l’intérieur de Québec solidaire comme collectif reconnu) fassent de nous des agents essentiels d’un nouvel apprentissage d’une manière de gouverner qui gagne, au fil des jours et des mois, l’appui résolu d’une population assoiffée de nouveau. C’est à ce prix que l’avenir se nourrira de la pérennité de nos organisations et non du dépit de les croire à ce point puissants à cause de la réapparition d’épouvantails du néolibéralisme, comme Legault.
Nous confisqueront-ils notre avenir ?
Que faire avec le dernier petit nouveau Legault
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1 commentaire
Archives de Vigile Répondre
7 décembre 2011Monsieur Roy,
Un homme que vous avez connu, le légendaire Michel Chartrand, proposait un revenu de citoyenneté universel pour régler le problème de la pauvreté et distribuer équitablement la richesse collective, une solution plus sensée il me semble que les solutions de la CAQ.
On peut s'apercevoir que Michel Chartrand est toujours d'actualité lorsqu'on regarde cette vidéo:
http://www.youtube.com/watch?v=AUd0SnuCyIw