Jean Charest avait pourtant donné le coup d’envoi à cette campagne électorale en vantant la résilience de l’économie du Québec dans l’actuel contexte de crise et en promettant le plein-emploi. Le ton était donné. En matière économique, cette campagne s’annonçait pour être vidée de son contenu. Même dans la surenchère venue des autres partis.
Le premier ministre sortant a évidemment surfé sur la vague alimentée par la grogne des étudiants en lançant un appel à la majorité silencieuse. Il a par la suite replacé rapidement le rythme de cette campagne autour du thème de l’emploi, pour promettre une évidence : un taux de chômage à 6 % en 2017. Le ton était donné.
Sur la question de l’emploi, Jean Charest ne faisait que recycler les projections d’Emploi-Québec formulées au début de 2011. Car il est connu et largement documenté que le Québec fait face à une pénurie de main-d’oeuvre, ne serait-ce que pour combler l’espace créé par les nombreux départs à la retraite. Évolution démographique et croissance économique aidant, près de 700 000 emplois seront disponibles d’ici 2014, un million d’ici 2016. Quant à la carte du plein-emploi, elle a été jouée à maintes reprises, notamment dans le plan d’action Horizon 2005 de Pauline Marois, alors ministre des Finances.
Questions
En sous-thème, le premier ministre sortant promet un crédit d’impôt pour les travailleurs expérimentés, une mesure visant à encourager une retraite tardive déjà inscrite dans le budget 2011 du gouvernement. Et que dire de ce Fonds Ambition Québec de 1 milliard ayant pour mission d’aider les entrepreneurs québécois à acheter des compagnies étrangères, sans rappeler que la Caisse de dépôt et placement du Québec se veut déjà très active dans ce créneau ? Ou de l’accompagnement promis de l’État lors de transferts intergénérationnels des entreprises familiales, pour mentionner que les institutions financières québécoises, Fonds de solidarité en tête, offrent déjà de solides programmes visant la relève et le transfert de propriété au sein des PME québécoises ?
L’apport de Pauline Marois en nouveau contenu économique n’est pas plus édifiant. Que penser de cet embryon d’institution financière d’État empruntant au modèle de la Banque de développement du Canada (et rapatriant d’une quelconque façon les fonds fédéraux afférents), sans autre information sur sa cohabitation avec Investissement Québec ? Ou de ce plan de redevances minières resservi en sauce électorale, sans réflexion plus approfondie sur la pertinence du Plan Nord en l’état et sans ouvrir le débat sur la relance de l’amiante à Asbestos ? Il lui reste ce projet de rapatriement de l’assurance-emploi, une idée recyclée de manière récurrente depuis que les caisses du régime fédéral ont été renflouées.
Quant à François Legault, champion des promesses électorales milliardaires malgré une conjoncture des finances publiques plutôt difficile, le chef caquiste pige abondamment dans le contenu de ces plateformes déjà dévoilé l’an dernier. Pensons à cette invitation qui serait faite à la Caisse de dépôt de créer un fonds de 5 milliards dédié à l’exploitation des ressources naturelles.
Visiblement inspiré, le gouvernement Charest a déjà créé Ressources Québec en mettant à contribution Investissement Québec, disposant d’une enveloppe pouvant atteindre 1 milliard destiné à l’exploration et à la prise de participation dans des sociétés minières et pétrolières. Mais pourquoi pas ?
Après tout, le pétrole composant le sous-sol québécois n’est-il pas destiné à effacer la dette publique du Québec, selon M. Legault ?
Dans l’intervalle, le chef caquiste aura tout le temps de revenir sur la question de l’oisiveté des jeunes et d’expliquer en quoi productivité rime avec nombre d’heures travaillées.
Que du vent
En matière économique, cette campagne s’annonçait pour être vidée de son contenu. Même dans la surenchère venue des autres partis.
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