Projet de loi 59: la tentation autoritaire

810ce6019dabe2940e6c02c49e692d68

Une question de responsabilité démocratique





Lundi, la députée péquiste Agnès Maltais a demandé une fois pour toutes au gouvernement Couillard de retirer le projet de loi 59 (PL59).


On le sait, sous prétexte de lutter contre les discours haineux, il étouffera comme jamais la liberté d’expression et créera une police de la pensée et de l’opinion.


Probablement que le gouvernement Couillard sait au fond de lui-même qu’il fait fausse route. Depuis qu’il a été déposé, ce projet de loi a été si critiqué qu’il a été profondément remanié. Mais la deuxième mouture est aussi toxique que la première.


C’est que le principe de base est vicié.


Blasphème


Est-il possible, dans une société démocratique, de critiquer une religion ou une culture sans être immédiatement accusé de tenir des propos haineux?


La réponse du PL59, c’est non. Et ce projet de loi crée les conditions pour que se généralise la censure.


On sait à quel point la question religieuse est sensible aujourd’hui.


Dans chaque communauté, il suffira que les radicaux, qui détestent se faire critiquer, se plaignent d’être victimes de propos haineux pour que s’enclenche la machine à censurer.


Évidemment, dans leur tête un peu parano, ils verront des propos haineux partout.


Même si un individu n’est pas personnellement visé par une critique, il pourra porter plainte à la Commission des droits.


Il s’autoproclamera représentant de sa communauté offusquée et pourra jouer au persécuté en réclamant qu’on fasse taire ceux qui critiquent ses convictions.


D’ailleurs, ce projet de loi nous vient de la Commission des droits de la personne et de la jeunesse (CDPDJ). Officiellement, elle incarne la vertu. On lui donnerait le bon Dieu sans confession. Sauf qu’il suffit de lire ses travaux pour constater qu’elle porte bien mal son nom.


Nous sommes devant une commission très radicale qui vise à contrôler la parole publique et qui rêve de devenir une police de la pensée et de l’opinion.


Elle veut faire de ses goûts et dégoûts la norme publique. Nous ne devrions pas lui accorder ce privilège.


Monsieur Couillard


Une société libre est une société où on se critique librement, et où aucune croyance n’est à ce point sacrée qu’il n’est plus possible d’en rire, de la critiquer ou la dénoncer.


Le blasphème des uns ne doit pas devenir la censure des autres.


Le gouvernement du Québec cède en ce moment à une tentation autoritaire.


On peut croire, toutefois, qu’à la différence de la CDPDJ, il ne savait pas dans quoi il s’engageait. Peut-être même qu’il se trouve actuellement pris dans le pétrin et ne sait plus reculer sans perdre la face.


On me pardonnera d’interpeller directement Philippe Couillard, ce dont je n’ai pas l’habitude.


Monsieur le premier ministre, soyez à la hauteur de votre fonction: retirez ce projet de loi.


Nous n’y verrons pas une preuve de faiblesse politique, mais de responsabilité démocratique. Il n’est pas trop tard pour ne pas mal faire.




Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé