Gestion de crise

Priorité à la COVID-19, un choix toujours pertinent?

Les itinérants dans l’engrenage du couvre-feu / Le télétravail, la panacée?

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Tribune libre

 




Le nombre de patients hospitalisés pour la COVID-19 ne cesse d’augmenter au Québec. La situation est « très critique » dans les hôpitaux qui sont de plus en plus forcés de procéder au délestage d’activités. Les greffes de rein de donneurs vivants sont suspendues. Des patients devant subir une coloscopie ne peuvent obtenir ce test. Des personnes en attente d’une prothèse de hanche et qui éprouvent des douleurs en marchant ne peuvent non plus être opérées. Actuellement, 140 000 interventions chirurgicales sont en attente d’être réalisées. 

Dans cette foulée, des médecins québécois s'inquiètent des conséquences du délestage et dénoncent la priorisation absolue dans les hôpitaux des patients infectés par le coronavirus. À cet effet, faute de lits ou de personnel, le haut taux de délestage raccourcit l'espérance de vie de nombreux patients, souvent plus jeunes que ceux admis pour des complications dues à la COVID-19.

Est-il équitable d'agir ainsi? Devrait-on déplacer des personnes âgées des CHSLD, ayant une survie de six mois ou d’un an, aux hôpitaux ? Aux yeux des médecins consultés, il faut arrêter de faire semblant que cela n'existe pas et qu'on est capable de traiter tout le monde. De toute évidence, on n'est plus capable de traiter tout le monde.

On sait qu'en CHSLD, l'espérance de vie moyenne est de 18 mois. Est-ce que la vie de ces gens-là, qui ont eu le droit à leur vie et qui sont souvent très âgés, doit être prolongée au détriment de gens plus jeunes dont l’espérance de vie est nettement supérieure ?

En bref, est-ce qu'on va continuer de façon dogmatique à prioriser ceux qui souffrent de la COVID-19 en lésant tous les autres patients quelle que soit leur condition de santé ?

Les itinérants dans l’engrenage du couvre-feu

En décrétant que les sans-abris ne pourront bénéficier d’une exception eu égard au couvre-feu, le ministre responsable des questions liées à l’itinérance, Lionel Carmant, argue qu’il y a à peu près 1500 places ouvertes à Montréal. Or, l’été dernier, la mairesse Valérie Plante avait évalué à 6 000 le nombre de personnes en situation d’itinérance dans la métropole.

Mais là où le bât blesse avec le plus d’acuité, c’est que le ministre Carmant semble oublier qu’un itinérant est un « sans-abri » et que, par conséquent, il ne peut, en toute logique, être soumis à un couvre-feu si la municipalité manque de lits pour les accueillir après 20h.

Dès l’imposition d’un couvre-feu partout dans la province, plusieurs organismes ont fait état d’amendes remises à des itinérants, notamment à Montréal et à Val-d’Or. Et pourtant, la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, avait maintenu quelques jours plus tôt qu’«il n’y a personne qui veut donner des contraventions aux itinérants».

Le « gros bon sens » est une expression à la mode par les temps qui courent… Peut-être que le ministre Carmant devrait le mettre en pratique en exigeant notamment que les policiers en usent envers les itinérants!

Le télétravail, la panacée?

Depuis le début de la pandémie, plusieurs travailleurs ont adopté le télétravail, notamment en raison de la fermeture de certaines entreprises à la suite des confinements. Or, il s’avère de plus en plus que ce mode travail puisse se poursuivre après la pandémie pour plusieurs travailleurs.

À cet effet, certains professionnels de la santé n’hésitent pas à mettre le télétravail au banc des accusés pour les problèmes actuels de sédentarité, invoquant notamment le peu de déplacement inhérent au travail à la maison par rapport à un travailleur qui prenait le transport en commun pour se rendre à son travail. Cette sédentarité malsaine a des impacts sur toutes les maladies chroniques, cardiovasculaires et sur la santé mentale.

Parlant de santé mentale, il m’apparaît évident que la personne qui s’adonne au télétravail est confinée dans sa résidence permanente, dans un environnement où elle vit 24 heures sur 24, 7 jours par semaine, étant privée, de la sorte, de la socialisation dont elle bénéficie en côtoyant ses collègues de travail.


En bref, il serait illusoire, voire dangereux, de considérer le télétravail comme une panacée. Ses effets collatéraux physiques et psychologiques doivent être considérés sérieusement avant de prendre la décision d’adopter ce mode de travail de façon permanente!


Henri Marineau, Québec


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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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