Présidentielle 2022 : l'hypothèse Éric Zemmour

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Un candidat de droite nationale pour sortir la France de l'impasse

Ce n'est plus une petite musique, mais une fanfare qui entonne l'air du « Zemmour président » avec de plus en plus d'insistance. L'orchestre des idolâtres est naturellement composé de personnalités de droite – appelons-la, au choix, extrême, identitaire, réactionnaire, populiste... Récemment, c'est la rumeur d'une candidature avortée de Zemmour aux européennes sur la liste RN, qui a fait l'objet de quelques papiers dans la presse en ligne. En l'occurrence, ce n'est pas la première fois que le journaliste se voit proposer une investiture. Mais ses amis sont aujourd'hui formels : il pourrait se laisser convaincre par la prochaine élection présidentielle – bien qu'il hésiterait encore au regard des bouleversements que cela impliquerait dans sa vie privée. Il testerait même l'idée auprès de quelques proches. Et ceux qui travaillent à ce scénario affirment que l'argent ne sera pas pour lui un souci, tant les donateurs seraient nombreux. De même, n'aura-t-il aucun problème à s'entourer d'une armée de bénévoles.


Contacté, Éric Zemmour répond que « les gens disent n'importe quoi  ! » En revanche, une chose est certaine : la recomposition politique de la droite s'accélère. Selon nos informations, Patrick Buisson et Éric Zemmour s'activent en coulisses pour donner une base doctrinale à la droite, susceptible de rallier les déçus de LR et de RN, mais aussi d'attirer des électeurs de La Franceinsoumise. Car oui, pour eux, l'union des droites n'est désormais plus suffisante pour espérer l'emporter en 2022. Mais pourquoi chercher un représentant de cette droite quand on a la quasi-certitude que Marine Le Pensera la candidate du RN dans trois ans  ? Là est le vrai sujet.


Tout a-t-il été écrit  ?


Comme Patrick Buisson, l'auteur du Suicide français n'est pas tendre à l'égard de la présidente du RN. L'histoire Le Pen (Marine) et Zemmour reste d'ailleurs à raconter. Le journaliste du Figaro la trouve tout bonnement inapte, comme beaucoup de ceux qui gravitent autour du parti, ceux qui composent cette fameuse « droite hors les murs ». Zemmour considère qu'elle a atteint un plafond de verre, qu'elle porte une malédiction liée à son nom, que le résultat des européennes est en réalité à relativiser et qu'en outre, elle se fourvoie dans son analyse des problèmes. S'il est moins dur avec Marion Maréchal, le journaliste voit d'un mauvais œil son libéralisme économique. « Alors, vas-y  ! » lui rétorquent ses proches qui voudraient le voir porter les thèmes du « grand remplacement », de « l'invasion migratoire » et de « l'islamisation de la France » en 2022 et éviter à tout prix un second tour Macron-Le Pen. Mais n'est-il pas périlleux d'être à ce point radical quand on aspire à parler à une partie des électeurs de Jean-Luc Mélenchon  ? Et lui-même, Zemmour, est-il suffisamment armé pour mener une campagne présidentielle, qui ne se fera pas sur le seul terrain de l'identité  ? « Les gens s'en moquent. Ils veulent une direction, deux ou trois idées fortes, une incarnation, et se foutent des modalités d'application. Eric est une star », prêche un de ses admirateurs.


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En 2015, selon un sondage réalisé par Valeurs actuelles, 12 % des Français se disaient prêts à voter pour Éric Zemmour. Dans son roman passionnant Une élection ordinaire (Ring), le directeur de la rédaction de l'hebdomadaire, Geoffroy Lejeune, échafaude un tel scénario. Conseillé par Buisson, Zemmour annonce finalement sa candidature à la présidentielle, après avoir considéré qu'il était plus utile en tant qu'essayiste – un argument qu'il reprend parfois aujourd'hui. Qualifié pour le second tour et même vainqueur à la fin (Guaino est à Matignon, Marion Maréchal, aujourd'hui directrice de l'Issep, à l'Éducation), Zemmour sème le trouble à gauche, au point où certains peinent à choisir entre un candidat « xénophobe » et un candidat « libéral » incarné par François Hollande. « La fatigue des partis, le succès du populisme, la place des questions identitaires dans le débat public, tout concourait à l'émergence d'un candidat antisystème. Il avait saisi sa chance. Le paysage était en place, depuis plusieurs années », écrit, en 2015, Geoffroy Lejeune.