M. Péladeau est en politique pour faire du Québec un pays. Comme disait M. Landry « Sur l’indépendance (Note 1), il est d’une clarté absolue ».
Et il ajoute (M. Landry) « Mais il ne faut pas qu’il y ait de flou sur la façon d’y arriver ».
Comment y arriver? En ralliant la majorité des Québécois.es. Mais sur quoi?
Quelques observations de mise en contexte:
1) Le co-porte-parole solidaire Andrés Fontecilla: « On ne va pas donner un chèque à blanc à n’importe quel sauveur qui veut faire la souveraineté. Pas question pour QS de laisser de côté ses positions progressistes. Les solidaires souhaitent bien sûr faire du Québec un pays, mais ils souhaitent le faire en unissant les Québécois.es autour d’un projet rassembleur de solidarité plutôt que de tout miser sur un supposé sauveur »;
2) « M. Zanetti de ON: « Le rassemblement des forces souverainistes est nécessaire et souhaitable [...], mais ça doit être fait autour d’une volonté claire de réaliser l’indépendance dans le prochain mandat, exhortant PKP à clarifier son projet de pays »;
3) Pour les souverainistes de gauche, comme c’est le cas de certains «ce n’est pas suffisant de faire du Québec un pays. Il faut que ce pays penche du bon bord. Au lieu de dire: on va séparer le Québec et après, on verra, ils veulent que le nouveau chef promette solennellement, dans un projet de Constitution, que le futur pays sera progressiste, écolo, féministe, pour les pistes cyclables, pour les droits des transgenres, contre le pétrole, pour l’augmentation du salaire des fonctionnaires, contre la loi 3, contre la loi 10, contre la loi 20, etc. (Source: Richard Martineau, le 18 mai 2105)»;
4) Pour le chef de la CAQ, François Legault: « la population est davantage préoccupée par les questions fiscales que par l'indépendance du Québec.
Je continue à dire que le PQ est déconnecté et actuellement les gens sont inquiets, avec l'augmentation de 1400 $ des taxes et tarifs par le gouvernement Couillard, c'est de ça que j'entends parler partout »;
5) L’appui actuel à la souveraineté est de 41 %;
De ces observations, il faut remarquer que pour QS, ON et SPQ, l'indépendance n'est pas l'élément rassembleur. Selon F. Legault, les Québécois.es ne souhaitent pas discuter d'indépendance. À leur façon, ils disent “Nous devons avoir un projet de pays qui nous rassemble”.
Ils confirment:
a) que l'indépendance n'est pas le projet rassembleur pour le Québec;
b) que l'indépendance est en aval du projet rassembleur pour le Québec qu’elle est un moyen et non la fin;
c) que l'élément rassembleur, dit de différentes façons, est le contenu du projet de pays.
Mes hypothèses:
1) Même sans projet de société, les QS, ON et SPQ voteraient oui à l'indépendance. Ce qui donnerait une base de plus de 40 %. Pour obtenir une majorité, il faudra donc convertir près d'un million de Québécois.es qui ne savent pas, ne comprennent pas, ne s'intéressent pas ou ne veulent pas de l'indépendance;
2) Il est peu probable (voir l'argumentation à la note 2) de convaincre près d'un million de nouveaux adhérents à la souveraineté en comparant celle-ci au fédéralisme canadien sans référence à un projet de société. Cette approche replace la polarisation fédéraliste-souverainiste au centre des débats, au grand bonheur des fédéralistes;
3) Les porteurs (es), les ténors de l’option souveraineté/indépendance commettent tous (tes) la même erreur conceptuelle: ils la présentent comme si elle était le projet. Cette incohérence est amplifiée par les programmes des partis souverainistes qui sont mal structurés, incomplets, éparpillés, tout comme les discours de leurs leaders, encore au grand bonheur de leurs opposants;
4) Les Québécois.es ne sont pas confus. Ils ne sont pas convaincus que l'indépendance est essentielle pour leur plein développement. Ils se demandent qu'est-ce que ça donne! Ils ne sont pas pour autant fermés à l’option de la souveraineté. En fait, ils & elles sont ouverts (es) à différentes options, incluant la souveraineté;
5) Les Québécois.es n'ont pas de projet de société. À l'exception de Québec Solidaire, qui est le plus articulé dans l'élaboration de leur projet, les autres partis proposent des programmes électoraux basés sur les défis actuels et très peu sur les défis à long terme.
Conclusion: II est temps & urgent pour le Québec d'entreprendre une démarche articulée, structurée pour se doter d'un plan projet de société partagé et commun par ses citoyens.es. Et si, cette démarche concluait que l'indépendance est un incontournable à sa réalisation, sa concrétisation serait une simple formalité.
L'opportunité pour le PQ est de prendre le leadership de cette démarche et accepter de mettre le projet de société en amont de l'indépendance.
Dans mon prochain billet je répondrai aux questions suivantes: Qu'est-ce qu'une démarche articulée, structurée pour se doter d'un plan projet de société partagé et commun & quel est le contenu du plan projet de société partagé et commun?
Note 1: Indépendance comprends souveraineté et vice et versa.
Note 2: Je justifie le qualitatif peu probable” par les faits suivants:
1) L’effondrement brutal du PQ aux élections d’avril 2014 et du Bloc à celle de mai 2011;
2) Les nombreux sondages, analyses et explications sur l’option souverainiste, qui sont parfois/souvent plausibles, tortueuses, partisanes, prisonnières du Maître le rêve indépendantiste, de l’Ô Canada, technocratiques, émotives, culpabilisantes, éparpillées, qui tirent dans toutes les directions, déjà entendues, non convaincantes;
3) L’arrivée de nouveaux partis souverainistes;
4) La création, la disparition et la multitude de mouvements indépendantistes (plus de 40 en août 2011);
5) Près de 150 études sur la question qu’il faut réétudiées pour s’y retrouver. La Presse en août 2012 “Le mandat confié par Mme Marois aux 12 membres du comité d'étude sur la souveraineté qu'elle préside est double : définir la prochaine stratégie référendaire et mettre à jour 148 études sur la souveraineté, notamment celles produites à l'époque de la commission Bélanger-Campeau au début des années 90”;
6) Des initiatives inachevées, opportunistes, sans suivis. Nous pensons entre autres au comité d'étude sur la souveraineté, le Congrès de la Convergence nationale;
7) L'histoire agitée du Parti Québécois, le traitement qu'il a réservé et continue de réserver à ses leaders, ses crises, ses déchirements périodiques;
8) L'hésitation chronique et quasi permanente des Québécois (depuis près de 60 ans). Au lac Meech en 1987, ils se montrent ouverts à une négociation avec le Canada. En juin 1991, le Québec adopte la Loi sur le processus de détermination de son l'avenir politique et constitutionnel. Elle oblige le gouvernement à tenir un référendum sur la souveraineté du Québec en juin ou octobre 1992. Elle est modifiée en septembre 1992. La modification relève l'obligation de tenir un référendum sur la souveraineté du Québec et le remplace par un référendum sur “un nouveau partenariat de nature constitutionnelle” avec le Canada. Le 8 septembre 1992, le référendum sur l’accord de Charlottetown est rejeté à 57 %;
9) Un appui fragile à l'indépendance et au Canada. Au référendum de 1980, 40,4 % pour le oui, 49,4 en 1995. Peu de temps après ce dernier, une controverse a éclaté au sujet du déroulement de la campagne et de la validité des résultats du scrutin. Malgré l’enquête du Directeur général des élections, elle persiste. En juin 2014, les sondages estiment à 44 % les souverainistes québécois.
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6 commentaires
Fernand Lachaine Répondre
22 mai 2015Petite note aux indépendantistes: Notre responsabilité c'est soutenir PKP comme chef de notre parti le PQ.
Des élections partielles auront lieu très bientôt dans la région de Québec: Pouvons-nous aider le PQ a remporter quelques votes additionnels?
Le PLQ a créé une commission, genre tribunal politique, pour sortir PKP de l'Assemblée Nationale qui siégera la semaine prochaine. Nous les indépendantistes sommes-nous prêts à répliquer à cette magouille des libéraux.
En s'occupant sérieusement du concret immédiat, nous pourrions mieux saisir les gestes à poser et les actions à prévoir pour bâtir notre PAYS.
Merci
Fernand Lachaine
Archives de Vigile Répondre
21 mai 2015Lisez correctement le sondage.
La 'souveraineté' est à 51% chez ls francophones
Michel Aubin Répondre
21 mai 2015M. Michel Gendron merci de votre commentaire. Pour éviter toute confusion, nous avons enlevé la référence au SPQ.
Stéphane Sauvé Répondre
21 mai 2015Solide argumentaire. Je retiens votre conclusion:
«"II est temps & urgent pour le Québec d’entreprendre une démarche articulée, structurée pour se doter d’un plan projet de société partagé et commun par ses citoyens.es. Et si, cette démarche concluait que l’indépendance est un incontournable à sa réalisation, sa concrétisation serait une simple formalité.
L’opportunité pour le PQ est de prendre le leadership de cette démarche et accepter de mettre le projet de société en amont de l’indépendance."»
Ce qui m’agace dans votre conclusion est le "SI" la démarche concluait que l’indépendance était un incontournable alors... Monsieur Aubin, à ma connaissance, aucun territoire avec le potentiel du Québec n’a pu se développer à sa juste mesure sans la pleine possession de tous les leviers de développement qui revient de plein droit à un pays.
Quant au projet de société, je vois d’un très bon œil, un projet qui vise l’indépendance énergétique du Québec, ou encore l’électrification du transport en conjugaison avec celui qui vise la souveraineté alimentaire du Québec. C’est de ce type de projet auquel vous faites référence?
Archives de Vigile Répondre
21 mai 2015Monsieur Aubin,
À propos du point 3 de votre texte: concernant la citation, je ne sais pas ce qui vous fait dire que c'est le SPQ qui dit ça. On voit bien que la première phrase est tronquée... Je sais cependant que celle-ci reflète le point de vue de QS, point de vue dénoncé par le SPQ. Vouliez-vous nuire au SPQ en lui faisant dire ce que dit QS, où est-ce simplement une erreur de votre part? Une correction s'impose, à mon avis.
Au plaisir
Stéphane Sauvé Répondre
20 mai 2015Tout à fait d'accord avec votre analyse. Je retiens votre conclusion:
"II est temps & urgent pour le Québec d’entreprendre une démarche articulée, structurée pour se doter d’un plan projet de société partagé et commun par ses citoyens.es. Et si, cette démarche concluait que l’indépendance est un incontournable à sa réalisation, sa concrétisation serait une simple formalité."
Exemple: Le projet de pipeline Transcanada est refusé par une forte majorité de Québécois. Si PKP pousse pour la nationalisation du transport électrique et refuse ce pipeline, les QUébécois seront derrière eux. Si l'indépendance est nécessaire pour y arriver (ce que je crois), ils endosseront le projet de l'indépendance du Québec.
A suivre...