Voilà que Vladimir Poutine menacerait l’équilibre nucléaire mondial, s’il faut en croire de hauts responsables de l’OTAN. Bienvenue dans le monde de la propagande.
Vladimir Poutine vient d’annoncer que son pays fabriquerait 40 nouveaux missiles nucléaires qui pourraient déjouer les systèmes de défense les plus sophistiqués. Selon Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’OTAN, le geste de Poutine serait «injustifié, déstabilisant et dangereux».
Le droit du côté de Poutine
En fait, ce geste est conforme aux accords de désarmement START que la Russie et les États-Unis ont signés en 2010. Bien plus, ces nouveaux missiles sont en quelque sorte prévus dansles accords. Exactement l’inverse de ce que laisse entendre le secrétaire général de l’OTAN.
L’article V – 1 du traité prévoit en effet que «... la modernisation et le remplacement des armes offensives peut-être mené». Cette modernisation est même un des objectifs du traité. Dans son introduction, le traité spécifie bien que la Russie et les États-Unis visent la «... réduction graduelle et la limitation des armes nucléaires tout en maintenant la sûreté et la sécurité de leur arsenal nucléaire». C’est exactement ce que fait Poutine.
La réduction des arsenaux nucléaires des États-Unis et de la Russie se fait depuis 1985. Le traité SALT de 2010 vise une cible de 2550 bombes nucléaires de chaque côté. Cette réduction tient à une logique militaire et à une logique économique. L’armement nucléaire se modernise et la qualité des missiles est en train de suppléer à la quantité. Et puis, combien de fois faut-il être capable de détruire le monde pour exercer une menace nucléaire convaincante?
Question d’argent
C’est peut-être bien l’argument économique qui incite le plus les diverses puissances nucléaires à s’entendre entre elles. Les missiles nucléaires coûtent aujourd’hui environ 1,8 million de dollars chacun, soit cinq fois plus qu’en 1985, en dollars constants. Surtout, la Russie et les États-Unis doivent démanteler plusieurs milliers de bombes désuètes, décontaminer des sols et des bâtiments devenus hautement radioactifs à la suite de production de masse de dizaines de milliers de bombes.
Pendant ce temps aux É.-U.
Les États-Unis sont aussi engagés dans un vaste programme de modernisation de leur armement nucléaire. Cette modernisation s’étale sur une trentaine d’années et elle devrait coûter des centaines de milliards de dollars. Ce n’est pas demain la veille que l’armement atomique disparaîtra de la surface de la Terre.
Vladimir Poutine est critiquable pour plusieurs excellentes raisons, mais pas celles invoquées par le secrétaire général de l’OTAN. Hier, les Russes ont répondu au secrétaire général que ce sont les pays de l’OTAN qui sont en train de masser de l’armement lourd aux frontières de la Russie, ce qui menace l’équilibre européen...
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