La Charte des valeurs

Pourquoi pas un référendum sur ce sujet?

Tribune libre

À présent que la tempête qu'il vient de déclencher a commencé à déferler sur le gouvernement Marois, le seul choix qui s'offre à lui désormais est le suivant : avancer ou reculer. Soit il se tient debout face aux adversaires du projet de Charte des valeurs, soit il plie l'échine.
Ce qui vaut pour l'actuel gouvernement vaut aussi pour les Québécois de souche : soit nous nous serrons les coudes face à la présente montée de l'intolérance à l'égard des valeurs québécoises, soit nous renonçons à être nous-mêmes.
Il est trop tard pour faire marche arrière. Le projet de Charte du ministre Drainville aura au moins eu le mérite de révéler au grand jour le malaise profond qui règne depuis plusieurs décennies au sein de la société québécoise. Il est temps maintenant de crever l'abcès !
Toute tentative d'esquive est inutile, car le débat de société qui vient de s'engager n'est pas prêt de s'arrêter et il laissera inévitablement des séquelles. L'avenir des relations inter-communautaires dépendra essentiellement de la manière dont nous allons régler ce problème. La tenue d'un référendum sur ce sujet délicat pourrait constituer une porte de sortie honorable pour Pauline Marois et son équipe, sans compter que cela permettrait à la population de trancher la question une bonne fois pour toutes et de donner à ladite Charte une légitimité qui serait le meilleur garant de son caractère non partisan.
« Approuvez-vous la Charte des valeurs québécoises, OUI ou NON ? »

Une fois connue la réponse à cette question claire et simple, les dirigeants péquistes n'auraient qu'à en tirer les conclusions qui s'imposent. La population québécoise aussi – incluant immigrants et communautés ethniques et culturelles ! Il y aurait alors lieu de signifier à ceux et celles qu'un OUI massif dérangerait profondément : « Le Canada et son multiculturalisme, c'est la porte d'à côté ! »
Une victoire du NON serait certes désastreuse pour le Parti québécois et la cause de l'Indépendance -– pour ne pas dire suicidaire pour notre peuple ! -– j'en conviens, mais c'est le risque à prendre. La question est donc de savoir si les ténors de la « gouvernance souverainiste », après avoir – naïvement ou consciemment ? – mis le feu aux poudres, auront le courage d'aller jusqu'au bout de leur démarche. Nous devrions être très vite fixés à ce sujet...
PS – Pour information, en Turquie, le seul État à majorité musulmane qui soit laïque, le voile islamique est interdit dans les institutions de l'État depuis les réformes qu'Atatürk, le fondateur et premier président de la République turque, a fait inscrire dans la Constitution... de 1924 ! Pour le bénéfice d'une certaine élite intellectuelle qui se serait laissée charmer par les sirènes du multiculturalisme et qui serait par conséquent tentée de faire des compromis sur cette question de peur que le principe d'égalité des chances ne puisse être respecté, je vous signale qu'en Turquie, faute de pouvoir porter le voile, les musulmanes travaillant dans les services publics portent une perruque. En Allemagne, le 11 septembre, le tribunal administratif fédéral « a jugé[...] qu'une écolière de confession musulmane ne pouvait pas être exemptée de cours de natation en raison de ses convictions religieuses » : elle a plutôt été invitée à porter le « burkini », ou maillot de bain intégral (source : http://fr.reuters.com/article/frEuroRpt/idFRL5N0H73WG20130911). Et nous, sur notre territoire à majorité catholique, nous n'oserions pas imposer nos valeurs de crainte de déplaire à une minorité d'individus qui sont très mal placés pour nous faire la leçon ? Quand allons-nous cesser de ramper devant les autres ? Ne serait-il pas enfin temps de nous tenir fièrement debout et d'envoyer un message clair à ceux et celles que nous avons eu la générosité d'accueillir... et que rien n'oblige d'ailleurs à rester plus longtemps chez nous !?


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5 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    17 septembre 2013

    M. Paiement,
    Vous avez une bonne compréhension de la situation.
    Il faut savoir que le Système ne veut pas d'identités nationales fortes. Cela crée une chimie, une solidarité, un sens d'appartenance à l'intérieur d'une nation. Ainsi, le Système préfère une société divisée ethniquement, socialement etc... pour pouvoir continuer à être en contrôle.
    C'est probablement l'une des raisons pourquoi le Système chercher à diluer l'identité nationale par de l'immigration soutenue.

  • Normand Paiement Répondre

    17 septembre 2013

    @ Nestor Turcotte
    Étant allé à deux reprises en Turquie, je confirme vos dires: contrairement à la société québécoise, "la société turque n’est pas une société sécularisée". Pour prendre un exemple bien concret, sauf dans les lieux touristiques - et encore! -, la vente de boissons alcoolisées (vin, bière...) y est interdite dans les hôtels et restaurants! La distinction que vous faites entre "sécularisation et laïcité" est donc tout à fait pertinente. Permettez-moi toutefois de douter que le gouvernement veuille aller dans la direction du "laïcisme" en faisant du Québec "un État officiellement athée", comme vous le laissez entendre dans votre conclusion.
    La tenue d'un référendum, comme je le suggère, ne permettrait-elle pas de trancher la question?...
    @ Michel Bélisle alias Didier
    Votre explication concernant "la conception que les immigrants ont du Québec" me paraît tout à fait pertinente. Une seul conclusion s'impose alors: Tant que nous n'aurons pas le courage de faire l'indépendance, la lutte pour le territoire du Québec n'aura jamais de fin. Pour notre peuple, c'est une véritable question de survie! En ce sens, le PQ "met la charrue avant les boeufs". Dans l'état actuel des choses, nos "valeurs" et notre culture n'ont aucune chance d'être acceptées ou respectées par les communautés ethniques les plus vindicatives. Quand on y songe, les efforts du gouvernement Marois sont pour le moins pathétiques et inutiles!
    Mais... un référendum gagnant sur la question de la laïcité pourrait déboucher sur le désir des Québécois de souche de se donner enfin un pays. D'où ma suggestion, car l'heure est grave. Il est temps de se réveiller!...
    Normand Paiement

  • Archives de Vigile Répondre

    17 septembre 2013

    Les fédéralistes démaguogues comme Lise Ravary vont parler de dictature de la majorité.
    Quand il s'agit des québécois ils ergotent que l'on ne peut soumettre les droits des minorités au bon vouloir de la majorité surtout quand c'est au Québec comme l'enseigne la doctrine multiculturaliste de Trudeau qui est celle de tout les partis fédéralistes et du califat de Québec Solidaire de F. David.

  • Archives de Vigile Répondre

    17 septembre 2013

    Ce débat sur la charte des valeurs met en relief la conception que les immigrants ont du Québec. Pour avoir conversé avec certains d'entre eux, je dois dire que je ne suis pas surpris de leur réaction.
    Ces derniers, en général, considèrent que le Québec a toujours été une terre d’immigration.
    Donc, ils ne considèrent pas que les Québécois de souche les "accueillent" ; ils considèrent que ces derniers sont tout simplement des immigrants de plus longue date qui ne peuvent imposer quoi que ce soit à ceux arrivés plus récemment.
    Et le PQ a lui-même contribué à cette immigration massive en invitant à tour de bras des gens de partout à venir peupler le Québec, en leur disant comment le Québec était la société la plus ouverte qu'il n'y a pas sur la planète etc...
    Ça vous dit quelque chose?
    Je sais, ce n'est pas que le PQ. En ce qui concerne l'immigration, le PLQ a fait pareil sinon davantage.
    Il faut admettre que face à l'immigration, les Québécois de souche partent, aux yeux des immigrants, avec une prise contre eux.
    Les immigrants vont dire que nous avons tassés les Amérindiens pour prendre leur place.
    Donc, sur un territoire qui a une histoire de tassage de population au profit d'autres groupes ethniques, le Système a beau jeu de faire la promotion de son multiculturalisme.
    Et les immigrants, de par leur fécondité supérieure, savent qu'un jour, ils seront plus nombreux que les Québécois francophones de souche au Québec.
    Alors pourquoi adhérer à une charte qui est pour eux une atteinte à leur identité propre?
    La vérité, il faut se la dire. Les immigrants ne considèrent pas que les Québécois francophones, descendants des familles souche et des filles du Roy venus de France au 17e siècle, sont davantage chez eux qu'eux, pourtant plus récemment arrivés.

  • Nestor Turcotte Répondre

    17 septembre 2013

    Oui,mais il faudrait cependant que les deux camps, celui du OUI et celui du NON, aient les mêmes budgets et les respectent.
    Selon l’éthicien et juriste Guy Durand la laïcité est «née en France dans un climat de contestation face à la dominance de l’Église, à un certain durcissement des autorités religieuses». Elle a pris, au cours des années, «un ton agressif, anticlérical et parfois antireligieux».
    La laïcité réfère à «un statut juridique», alors que «la sécularisation réfère plutôt un processus socioculturel». La sécularité est liée à «une mutation de la société où s'opère un amenuisement du rôle institutionnel et culturel de la religion». C’est ce que le Québec a vécu depuis la Révolution tranquille.
    Il n'y aurait pas eu cette perte de pertinence sociale du religieux au Québec qu'il faudrait réfléchir sur les rapports entre le rôle de l'État et le rôle des Églises. Le Québec est maintenant «séculier», mais il n’est pas, dans ses textes de loi, officiellement un État laïc.
    Il y a un lien entre sécularisation et laïcité. Mais ce lien n'est pas «univoque», affirme Guy Durand. «La sécularité ou la sécularisation n'est pas un produit direct de la laïcité, mais l'inverse est vrai: c'est une perte du sens religieux qui a amené les États dans le monde à se laïciser».
    Je suis allé en Turquie. Ce pays est doté depuis 1928 je crois, d’une constitutionnel laïque, mais la société turque n'est pas une société sécularisée. Les Mosquées sont pleines et les Turcs sont à 99% musulmans. En «Grande-Bretagne, où la religion anglicane est reconnue en tant que religion établie (même si elle est très peu pratiquée), «l'État ne peut être défini comme laïc, mais la société civile est largement sécularisée et la souveraineté de l'État est entière».
    Depuis 50 ans, le Québec est devenu un État séculier. Il peut devenir «officiellement» un État laïc. Pour que l’on se comprenne bien, il faut ouvrir le dictionnaire et bien définir le mot : la laïcité est la séparation de l’État et des Églises; la neutralité de l’État à l’égard de toutes les religions. La laïcité doit cependant «permettre la promotion des libertés individuelles (liberté de conscience, liberté de religion, de culte), égalité en droit, neutralité du pouvoir politique et respect des diverses religions».
    Il ne faut pas confondre cependant laïcité et laïcisme Celui-ci laïcisme est une doctrine qui vise à lutter pour l’élimination de toute référence religieuse dans l’espace public, voir la suppression de toute croyance religieuse. L’État, alors, devient un État officiellement athée. Si c’est dans cette direction que le gouvernement veut amener le peuple québécois, il doit le dire franchement et publiquement.
    Nestor Turcotte