Pourquoi pas avec le Parti Québécois ?

Tribune libre

Ces projets de nouvelle coalition indépendantiste sont bien embêtants puisque le Parti Québécois occupe un tel mandat depuis sa fondation. Pourquoi alors risquer de le détruire pour rebâtir autre chose? Ne serait-il pas mieux de le transformer de l’intérieur? Discrètement et sérieusement.
Le problème, au fond, n’est pas la ferveur souverainiste. On vient au Parti Québécois parce qu’on est indépendantiste ou si non on n’y adhère pas. Cela peut changer après coup avec un peu d’opportunisme mais la question bien posée par Pierre Drouilly, ce visionnaire prophétique qui, à la fin des années 1970 s’interrogeait déjà si brillamment en parlant du gouvernement péquiste d’alors lorsqu’il dénonce : « …les faux prestiges du pouvoir affichés par ceux qui, hier encore, se disaient militants sans qu’on puisse savoir aujourd’hui s’ils militaient pour eux-mêmes ou pour l’indépendance du Québec » .
Bien des noms pourraient venir en tête ici. Notamment ceux et celles qui dans le cabinet de Lucien Bouchard l’ont laissé conduire le Québec vers la dérive souverainiste que nous vivons cruellement maintenant. Pauline Marois? Louise Beaudoin? L’on voit bien que les personnes ici n’ont que peu d’importance; c’est plutôt une question de choix de carrière parfois. Je ne crois pas que les députés démissionnaires offrent vraiment les garanties de renouveau qu’ils proclament maintenant au sujet d’une nouvelle coalition.
Il en faut pourtant du renouveau au Parti Québécois. Il en viendra. Il faut simplement éviter d’écarter les gens plutôt que de les attirer. Ce débat sans grand intérêt, grossi par les médias fédéralistes, autour des projets d’un maire un peu mégalomane n’aurait jamais dû diviser le Parti Québécois. Les démissionnaires auraient pu rester. Seule peut-être Agnès Maltais aurait pu quitter après autant de maladresses et pourtant elle demeure… Faut-il laisser le Parti Québécois seulement à ceux qui piaffent d’impatience de prendre le pouvoir? Je ne le crois pas.
Notre coalition souverainiste existe et c’est le Parti Québécois. Avec Pauline Marois? Et pourquoi pas? Laisser le Québec à Jean Charest ou au tandem Legault-Bouchard serait une erreur qui coûterait cher. Mais il faut changer le Parti Québécois et de l’intérieur. Pas à côté et encore moins derrière. Les démissionnaires devraient revenir travailler à cela. Laisser calmer le jeu. Réunir les forces avant qu’il ne soit trop tard.
La tâche de prendre une attitude souverainiste permanente au Parti Québécois doit s’imposer toutefois. Il ne plus céder aux sirènes des sondages mais plutôt tenir le cap vers l’indépendance du Québec. Il faudra du temps peut-être pour arriver à cela. Peu importe. D’ici là favoriser la victoire des forces fédéralistes n’est pas une solution. Pensons-y bien d’ici l’automne. Avant qu’il ne soit trop tard.
Serge Gauthier
Historien et ethnologue

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Serge Gauthier, Ph.D.
_ Président de la Société d’histoire de Charlevoix

Serge Gauthier est historien et ethnologue. Il détient un Doctorat de
l’Université Laval et il a publié de nombreux livres et articles sur
l’histoire de Charlevoix et aussi du Québec.





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5 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    16 juillet 2011

    "Imaginez, une vaste campagne populaire et finalement médiatique (vous savez, l’arme médiatique est redoutable) ! Imaginer que le PQ, QS, IPSO, RIN, PI, etc. emboîtent le pas pour un discours additif !"
    Pas possible avec QS et Amir Khadir. Pourquoi? Amir Kahdir a voté pour un parti centralisateur et fédéraliste, c'est-à-dire pour le NPD. Je vois mal Khadir et QS faire la promotion de la souveraineté et de l'indépendance avec le PI, le PQ, IPSO et RIN...
    Ça fait du sens, non?

  • Serge Charbonneau Répondre

    16 juillet 2011

    Pourquoi pas avec le Parti Québécois ?
    Pourquoi faut-il «absolument» voir notre accession à l'Indépendance à travers un parti ?
    Est-il «impossible de penser autrement ?
    Nous avons plusieurs partis.
    Signe que nous avons plusieurs divergences de vision sur plusieurs points de vues.
    Il est clair (et normal) que nous soyons plusieurs "groupes" (partis) qui aient des programmes différents. Mais une chose nous unit, c'est le goût du Pays, c'est le désir de devenir «Maîtres chez nous».
    Il est clair aussi que malgré nos différentes lunettes qui nous font voir chacun la réalité de façon différente, nous avons tous la même fierté d'être Québécois et Québécoises.
    Pourquoi pas avec le Parti Québécois ?
    Pourquoi pas avec Québec Solidaire ?
    Pourquoi pas avec le Parti Indépendantiste ?
    Pourquoi pas avec un nouveau Parti Indépendantiste ?
    Pourquoi pas avec le Parti Référendum-clair-qu'on-se-sépare ?
    Est-ce impossible d'imaginer une stratégie pour promouvoir la reconnaissance du Pays, la fierté nationale et exiger l'Indépendance de notre Pays autrement qu'au travers d'un parti ?
    Ne peut-on pas imaginer un vaste mouvement citoyen?
    Une sorte de printemps québécois, ou toutes les ethnies, toutes les religions, toutes les races: les péquissss, les sosos, les ci et les ça mettraient l'épaule à la roue pour un objectif commun malgré leurs différences inconciliables.
    Notre salut passe-t-il «uniquement» par l'élection d'un parti ?
    Un parti qui fera un référendum ?
    Même avec un gouvernement libéral, si les citoyens demandaient massivement que le Pays soit reconnu et que l'on déclare son Indépendance, ne pourrions-nous pas faire ébranler les pires gouvernements fédéralistes devant la force de notre nombre ?
    Le défi, selon moi, ce n'est pas de faire élire un parti (ça, c'est un enjeu électoral qui revient tous les 4 ans), mais c'est plutôt de convaincre massivement nos concitoyens des bienfaits et de la nécessité de devenir Indépendant.
    Imaginez, une vaste campagne populaire et finalement médiatique (vous savez, l'arme médiatique est redoutable) ! Imaginer que le PQ, QS, IPSO, RIN, PI, etc. emboîtent le pas pour un discours additif !
    Imaginez si tous nous démontrions chacun des points pouvant convaincre des bienfaits de l'Indépendance et des méfaits du contrôle fédéraliste sur notre Pays.
    Imaginez une multitude de discours additifs plutôt que des guerres de clochers !
    Imaginez que l'option Indépendantiste fasse boule de neige dans l'opinion publique !
    Imaginez que nous lancions la signature massive d'une déclaration d'Indépendance ! Imaginez que nous ayons des millions de souverainistes, indépendantistes qui signent et déclarent vouloir au plus vite la reconnaissance de leur Pays et le renvoi de ces gens qui nous gouverne du pays voisin.
    Imaginez si l'Indépendance pouvait se faire par un mouvement citoyen semblable à celui de la Place Tahrir d'Égypte (vous riez, là, hein, je vous vois!).
    Oui, j'imagine beaucoup !
    Probablement beaucoup trop.
    Je n'encule pas suffisamment les mouches, c'est un grave défaut.
    En plus, je suis un éteignoir (elle m'a frappé celle-là, que voulez-vous !).
    Bon,
    Salutations Indépendantistes,
    Serge Charbonneau
    Québec

  • Sylvain Meunier Répondre

    15 juillet 2011

    Je crois que vous ne comprenez pas la lutte qui se prépare aux prochaines élections, présentement les votes indépendantistes se diviseront et celà favorisera les Libéraux. Le parti québécois n'est pas une coalition à lui seul comme vous le prétendez, le parti québécois est présentement une option pour l'indépendance au même titre que Québec solidaire ou le parti indépendantiste. Je dit présentement car il y a possibilité d'avoir un ou deux autres partis qui se rajouteront d'ici les élections. Les députés démissionnaires ont toujours été élus, donc, un risque pour le P.Q. de perdre autant de siège. La coalition que je propose ( lire ; Indépendance du Québec ), ne demande pas au parti québécois de disparaitre, au contraire je lui demande d'être le parti rassembleur. Que Pauline Marois nous prouve son désir réel de faire l'indépendance du Québec en proposant cette coalition. Si elle refuse cet engagement, elle nous montrera qu'il est vrai qu'elle ne rêve que d'avoir le pouvoir pour le pouvoir. Le plus cocasse dans tout ça, est qu'elle n'y parviendra jamais à moins d'une coalition.

  • Archives de Vigile Répondre

    15 juillet 2011

    Message à M. Gauthier.
    [1] Je vais reprendre votre conclusion :
    La tâche de prendre une attitude souverainiste permanente au Parti Québécois doit s’imposer toutefois.
    [2] Qu'est cela veut dire "une attitude souverainiste permanente"?
    Il ne faut plus céder aux sirènes des sondages mais plutôt tenir le cap vers l’indépendance du Québec. Il faudra du temps peut-être pour arriver à cela. Peu importe.
    [3] Une autre phrase creuse. Qu'est-ce que cela veut dire exactement "ne pas céder aux sirènes des sondages, mais tenir le cap sur l'indépendance"? Est-ce que vous pensez que le PQMarois maintient le cap sur l'indépendance?
    D’ici là favoriser la victoire des forces fédéralistes n’est pas une solution. Pensons-y bien d’ici l’automne. Avant qu’il ne soit trop tard.
    [4] Qui favorise la victoire des forces fédéralistes, ici sur Vigile. Qui? Qui n'y penses-pas?
    [5] Franchement, parler pour ne rien dire, c'est à peu près cela.
    [6] Qu'est-ce que vous voulez au juste?
    Pierre Cloutier

  • Nicole Hébert Répondre

    15 juillet 2011

    Je crois que vous avez raison, M. Gauthier. Cap sur l'indépendance et avec le PQ. Pour ce, il faudrait répondre à l'invitation de Bernard Drainville et suggérer, imaginer, inventer. Je suis allée sur son site mais impossible de lire les messages. il faut apparemment twitter mais je ne twitte pas. Je trouverai cependant. S'il faut croire au miracle, comme suggère M. Frappier, on peut y croire partout alors...