Les impacts du repli démographique annoncé depuis des décennies se font brutalement sentir sur le plan économique, social et culturel au Québec, en termes de pénurie de main-d’œuvre, de vieillissement de la population, de dévitalisation des régions et de recul du français.
Le Québec compte désormais plus de personnes âgées de 65 ans et plus (18,3 %) que d’enfants de 0 à 14 ans (16,3), selon l’ISQ. Le défi de renouveler la main-d’œuvre dans plusieurs secteurs de l’économie est donc réel, sans compter le retrait accéléré des baby-boomers du marché du travail et la baisse de la population de 20-64 ans de 3,6 %, d’ici 2030.
Une démographie en dents de scie
Les gouvernements du Québec ont surtout cherché à endiguer ce déficit en stimulant la natalité.
Avec un taux de fécondité anémique de 1,37 enfant par femme en âge de procréer, le gouvernement Bourassa pensait bien faire, en 1988, avec ses primes à la naissance de 500 $ pour le premier et deuxième enfant et de 3000 $ pour les enfants subséquents. Bien que le taux de fécondité ait été ramené à 1,666, en 1992, le bilan de l’opération fut plutôt mitigé.
En 1997, le gouvernement du Parti québécois a instauré les centres de la petite enfance (CPE), à 7 $. Le sursaut nataliste qu’ils ont engendré a fait passer le taux de natalité de 1,452 à 1,733, de 2000 à 2008, mais la mesure n’a pas fait long feu.
En 2006, le gouvernement libéral a implanté le Régime québécois d’assurance parentale, une mesure avant-gardiste qui a engendré un mini baby-boom entre 2006 et 2011, mais qui ne s’est pas poursuivi. Les données les plus récentes nous indiquent qu’en 2016, le taux de natalité est à la baisse pour une septième année consécutive.
Peut-on faire Autrement ?
Le 26 novembre dernier, le chef de la CAQ, François Legault, a annoncé qu’il allait « mettre plus d’argent dans le portefeuille des parents qui veulent avoir un 2e ou un 3e enfant. »
Le chef libéral, Philippe Couillard, n’a pas tardé à renchérir en proposant d’augmenter le nombre de jours de congé payé aux travailleurs pour prendre soin de leurs enfants.
À la lumière des résultats peu probants de toutes les mesures sectorielles mises de l’avant à ce jour, peut-on oser remettre en question ce modèle nataliste, conçu en silos, et envisager de faire les choses autrement ?
Peut-on avoir l’ambition d’une véritable politique concertée dont la responsabilité serait confiée à un ministère de la Population qui coordonnerait l’action du gouvernement avec les ministères et organismes concernés, notamment ceux de la famille, de l’éducation, de la santé et des services sociaux, de l’économie, du travail, de l’emploi et de solidarité sociale, des finances, de la culture et des communications, des régions et de l’immigration.
Certes, les campagnes électorales sont propices aux promesses, et les bébés font de très belles images promotionnelles, mais les changements démographiques qui s’opèrent dans la société québécoise sont lourds de conséquences.
Avant que le Québec ne connaisse le sort peu enviable du Japon où la vente des couches pour personnes âgées dépasse celle des couches pour bébés, il est impératif de mettre de l’avant une véritable politique intégrée de la population qui ferait du Québec une société dynamique et prospère pour nous et pour les futures générations.