François Legault affirme désormais ouvertement que le peuple québécois pourrait bien disparaître et ne pas traverser le siècle. Cette inquiétude légitime n’est pas nouvelle. Sa référence à la Louisiane traverse l’histoire du nationalisme québécois.
Sauf que le chemin vers la Louisiane s’accompagne d’une avant-dernière étape. La prochaine s’appelle la transformation du Québec en gros Nouveau-Brunswick. Dans ce scénario, Montréal achèvera son anglicisation, Laval suivra, puis les 450 viendront.
La métropole sera perdue. Peu à peu, le français sera repoussé à la périphérie.
Que faire pour que cela n’arrive pas ?
Immigration
Prendre enfin au sérieux la question de l’immigration massive, qui est la cause première et principale de cette tendance.
François Legault vient de prendre cette question au sérieux. Il explique que la maîtrise de l’immigration est une question de survie pour le peuple québécois. On pourrait ajouter qu’une baisse très significative des seuils d’immigration est une nécessité vitale.
Prenons François Legault au sérieux : s’il n’obtient pas ces pouvoirs nécessaires, que fera-t-il ? S’il s’agit de la survie du peuple québécois, il devra en tirer les conséquences. Il devra poser la question de l’indépendance.
Il est en position unique pour le faire, et pourrait entraîner avec lui la bourgeoisie francophone qui l’a toujours refusé.
Mais d’ici là, il rencontrera un violent tir de barrage médiatique.
Car la question de l’immigration demeure un tabou idéologique.
Et les multiculturalistes de gauche et de droite chercheront de toutes les manières possibles à le présenter comme un raciste, comme un fermé d’esprit, comme un intolérant.
La nouvelle mode consiste même à assimiler toute remise en question de l’immigration massive à la « théorie du grand remplacement ». C’est un délire intégral, et cela relève par ailleurs d’une tentative explicite de diabolisation du nationalisme québécois. Il faut arrêter de déconner.
François Legault a raison de ne pas se laisser intimider. Il aura besoin de courage pour tenir tête aux aboyeurs haineux et devra répondre à ceux qui manipulent les statistiques pour justifier la politique du toujours plus.
La question de l’immigration massive est fondamentalement politique. Car une société ne transforme pas sa composition démographique en profondeur et très rapidement sans que cela ne bouleverse ses équilibres sociaux et culturels.
Qui est assez sot pour croire que le Québec serait encore le Québec si la majorité historique francophone devenait une minorité, ou une communauté parmi d’autres, et non plus le noyau existentiel autour duquel la société s’agrège ?
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Démographie
Les nationalistes québécois l’ont toujours su, parmi ceux-là René Lévesque qui accusait Ottawa d’organiser la « noyade » démographique des Québécois francophones. Ce n’est pas sans raison que les fédéralistes sont favorables à l’immigration massive : ils misent sur elle pour verrouiller démographiquement l’avenir politique du Québec. L’immigration massive est une richesse électorale pour le Parti libéral.
Chose certaine, il est heureux que nous abordions enfin franchement cette question. Il ne s’agit pas de « haine de l’autre », ou de « politique du bouc émissaire ». Il s’agit de lucidité démographique. Nous accueillerons d’autant mieux que nous tiendrons compte de nos capacités réelles d’intégration.