Porto Rico, ce territoire non incorporé américain donne l’impression d’être en pleine activité. Mais au-delà des apparences, l’île vit une situation économique extrêmement difficile.
Les touristes semblent être là, les bars et restaurants paraissent faire le plein, et pourtant, la situation économique de l’île de Porto Rico est désastreuse.
Une situation économique désastreuse
De plus en plus de commerçants n’arrivent plus à joindre les deux bouts, comme Porfiro (22 ans), interrogé par la BBC et qui tient une brasserie artisanale sur le port de San Juan, le chef lieu de l’île.
Il explique que les affaires ne marchent pas de façon régulière. «Certaines fins de semaines, le bar peut grouiller de monde, et la semaine d’après, c’est le néant». Difficile pour lui d’assurer un chiffre d’affaire convenable.
Selon lui, la situation s’est empirée depuis la taxe de 4,5% sur les ventes que le gouvernement américain a instauré le 1er juillet dernier pour tenter d’avoir une emprise sur la dette.
Et l’ampleur de cette dette est énorme : la dette publique de Porto Rico s’élève à 72 milliards de dollars (65 milliards d’euros), ce qui fait de l’île le territoire le plus endetté par habitant aux États-Unis. Le taux de chômage y est de 14%, soit le double de la moyenne nationale.
En ajoutant à cela une décennie de croissance extrêmement faible, voire quasi nulle, on réalise que l’économie portoricaine a des problèmes structurels très lourds.
En début de semaine dernière, la réponse du gouvernement d’Alejandro Garcia Padilla a été d’effrayer les marchés obligataires en suggérant qu’ils pourraient faire défaut sur les paiements de la dette. L’île a alors obtenu un nouveau surnom : «la Grèce de la Caraïbe».
Cette menace semble avoir amené des hommes et de l’argent de New York pour commencer à négocier la façon dont Porto Rico pouvait commencer à se sortir de l’impasse dans laquelle elle se trouve.
Quelques paiements d’envergure d’une valeur de 600 millions de dollars (545 millions d’euros) ont bien été faits et la compagnie d’électricité de l’île a bien réussi à trouver 100 millions de dollars (90 millions d’euros) supplémentaires pour calmer ses créanciers, mais rien de tout cela ne résout le problème à long terme.
La fuite des jeunes cerveaux
Les commerçants portoricains blâment la bureaucratie qui étouffe la croissance, les empêchant de s’étendre et de créer des emplois.
Beaucoup choisissent tout simplement de partir. Ainsi, l’île perd chaque année 1% de sa population (environ 30 000 personnes), dont une grande majorité de jeunes préférant partir en Floride ou dans d’autres Etats américains.
«Je pense qu’il n’y a pas d’avenir pour moi ici, d’ici deux ou trois ans, je vais partir», a déclaré José, un étudiant en soins infirmiers à la BBC.
Idem pour Luis, en formation pour devenir pharmacien : «Mon opinion personnelle est que les professionnels de Porto Rico n’ont aucun avenir».
Seule solution : une restructuration de la dette
Melba Acosta, chef de la banque de développement qui contrôle les finances publiques, explique que l’administration a réduit les dépenses, élevé les impôts et continuera de le faire, mais consent qu’une restructuration de la dette est nécessaire car Porto Rico «ne dispose pas d’accès au marché et ne peut continuer à emprunter pour payer [ses] dettes».
L’île tente de faire pression pour être autorisée à déposer le bilan comme l’avait fait la ville de Détroit en 2013. Cela pourrait en effet lui permettre de restructurer un tant soit peu la dette. Mais officiellement, cette option n’est pas ouverte à l’île.
Le gouvernement fédéral a laissé entendre que le Congrès pourrait envisager de modifier la loi pour accorder à Porto Rico le droit de faillite, mais a dans le même temps exclu tout plan de sauvetage.
Un problème de statut
Il faut aussi savoir que Porto Rico n’a aucun poids politique. L’île est un «territoire non incorporé» et ne possède aucun membre au Congrès des Etats-Unis.
Pedro Pierluisi est le seul représentant de l’île à Washington. Il explique que ce manque d’influence de Porto Rico lui vaut d’être abandonnée par le financement fédéral.
«Il est assez gênant d’être citoyen d’un pays où vous ne pouvez pas voter pour le président et le Congrès», explique-t-il. «…et d’être traité injustement, pour ne pas dire discriminé, par les programmes fédéraux clés tels que Medicare et Medicaid».
Pour le moment Porto Rico a évité de grande justesse le défaut sur le paiement de ses dettes. Mais l’avenir de l’île est de plus en plus incertain.
http://francais.rt.com/international/4838-porto-rico-la-grece-de-leurope
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