Quand la multitude
De silence intoxiqué
Opte pour le joug
De l’uniformité formatée
Ce sont poètes
Qu’on saigne
Et qu’on égorge
Quand les bouquins de ripaille
Et les jeux-cultes de violence
Succèdent aux belles-lettres
A l’histoire et aux humanités
Ce sont poètes
Qu’on saigne
Et qu’on égorge
Quand brebis se résigne
Au parler mercantile de l’or blanc et noir
Quand on musèle et qu’on éradique
Le Franc langage de nos racines
Ce sont poètes
Qu’on saigne
Et qu’on égorge
Quand on se prolonge
Dans la crainte des mots
Qu’on se prosterne à genoux
Dans l’illusion de l’évolution
Ce sont poètes
Qu’on saigne
Et qu’on égorge
Quand on voyage à rabais
En se croyant libres
Vers clapiers de soleil
Pour gogos numérotés
Ce sont poètes
Qu’on saigne
Et qu’on égorge
Quand tout-puissants médias
Deviennent le message
De la soumission
Et de la mal formation
Ce sont poètes
Qu’on saigne
Et qu’on égorge
Quand les hurlantes cacophonies
Dévorent toute fleur de pensée
Quand par réflexe on persiste
Et signe toutes nos lâchetés
Ce sont poètes
Qu’on saigne
Et qu’on égorge
Quand revient la noirceur
Et qu’écrasés de honte on baisse la tête
Pour mieux tendre le cou
Vers la décapitation de l’Histoire
Ce sont poètes
Qu’on saigne
Et qu’on égorge
II était une fois des pionniers
Coureurs de bois et aventuriers
Francoys de langue épris de liberté
On a réussi à les faire oublier
Ce sont poètes
Qu’on saigne
Et qu’on égorge
Tempus fugit passe le temps
Mother tongue is dying se meurt
Et bientôt les mots-dynamite
Dans déchiqueteuses de la censure
Pierre Schneider
8 avril 2014
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4 commentaires
Serge Jean Répondre
10 avril 2014Très vrai monsieur Schneider; excellent! ......triste tout de même.....
Archives de Vigile Répondre
9 avril 2014À M. Pierre Schneider,
Votre poème me va droit au coeur. Je vais le lire et le relire afin de m'en imprégné.
Merci de le partager avec nous tous sur Vigîle!
Lawrence Tremblay.
François Ricard Répondre
8 avril 2014Le français a toujours été une langue de liberté, de fraternité et d'égalité.
On peut tenter de l'étouffer. Mais c'est toujours en vain qu'on le fait. Votre beau cri en est un vivant exemple.
Archives de Vigile Répondre
8 avril 2014Vous me réconciliez avec la belle langue qui est la nôtre et qui étouffe sous le vulgaire de la petite politique actuelle. Votre poème résume cent pages de textes savants. Merci, c'est très apprécié.