PLQ: dérapage dramatique

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« En introduisant sa négritude dans le débat, Dominique Anglade vient d’ouvrir une boîte de Pandore dont les conséquences d’ici au mois de mai sont imprévisibles. »


 En fin de semaine dernière, le conseil général du PLQ suscitait l’excitation chez les militants, accablés depuis la défaite du parti aux mains de la CAQ. Les deux candidats à la direction du parti, Dominique Anglade et celui qu’on espère être un sauveur, Alexandre Cusson, ont gâté la fête. 


 Alexandre Cusson, maire de Drummondville, a eu tout faux. Il a refusé de se prononcer sur les enjeux majeurs en annonçant qu’il se mettait en mode « écoute ».   


 Il a glissé, pour ne pas dire dérapé, en pratiquant la langue de bois. Il se dit en faveur de la laïcité tout en prétendant que le droit des minorités est primordial. Il est frileux sur les interventions de l’État et assure que tous les Québécois sont « de souche ».   



 Il a même déclaré qu’il n’était pas marié parce que la politique lui prend tout son temps et cet ancien directeur d’une école secondaire privée a ajouté – allez savoir pourquoi – qu’il n’aurait sans doute pas été un bon père. Or, un premier ministre n’est-il pas symboliquement le père de la nation ?  


 Comment un ex-président de l’Union des municipalités du Québec a-t-il pu rater de la sorte sa rentrée politique ? Ajoutons un détail bizarre. Sur sa page Wikipédia, on lit qu’il est né entre 1968 et 1969, ce qui suppose pour sa mère un long et éprouvant accouchement.  








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 Boîte de Pandore 


 Quant à Dominique Anglade, qui a une longueur d’avance dans la course grâce à l’appui de 11 députés à ce jour, on ne s’explique pas pourquoi elle a fait une déclaration calamiteuse en avançant l’argument racial : « Les Québécois sont absolument prêts à élire une femme noire. » Mais elle a précisé qu’elle comprenait les réticences de certains à son endroit.  


 En introduisant sa négritude dans le débat, Dominique Anglade vient d’ouvrir une boîte de Pandore dont les conséquences d’ici au mois de mai sont imprévisibles. D’abord, l’ex-ministre de l’Économie se victimise. Car si elle est battue dans la course à la chefferie, nombre de militants racisés pourront prétendre que sa défaite s’explique par la couleur de sa peau.  


 Establishment montréalais 


 Mais la réalité est la suivante. Le PLQ n’a d’avenir à terme que s’il réussit à attirer l’appui des électeurs francophones hors de Montréal.   


 Or, Dominique Anglade appartient certes à une communauté culturelle, mais elle appartient aussi à l’establishment libéral montréalais. Est-ce un crime de lèse-majesté que d’affirmer le fossé entre la culture montréalaise multiethnique et celle qui est toujours enracinée dans le reste du Québec où la population demeure relativement tricotée serré ? C’est ce Québec hors Montréal qui boude le PLQ, mais qui constitue l’appui majoritaire au gouvernement de François Legault.  


 Décidément, les mois à venir seront politiquement délicats au Québec. Le PLQ marchera sur des œufs et le gouvernement Legault devra manœuvrer avec délicatesse, fermeté et courage. Dominique Anglade a-t-elle réfléchi avant de lâcher cette bombe que les militants antiracistes radicaux useront pour éclabousser encore une fois la société québécoise ? Le PLQ ne pave certes pas sa voie vers le pouvoir dans ce climat.  





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