L’affaire Ouimet-Ciccone est révélatrice d’un problème peu noté par les observateurs.
Je ne parle pas d’un quelconque risque pour le PLQ d’« échapper » la circonscription de Marquette.
Dans l’ouest de Montréal, une valise peinte en rouge serait élue. La colère des militants libéraux de Marquette n’y changera rien.
Connu
Je parle plutôt de ce que la candidature de M. Ciccone révèle de l’état dans lequel se trouve le PLQ.
Je n’ironiserai pas sur ses 1469 minutes de pénalité en 374 matchs dans la LNH.
M. Ciccone était ce qu’on appelle un « goon », une espèce aujourd’hui en voie de disparition, heureusement.
Il a quand même tenu le coup pendant près de 10 ans dans la LNH, et chacun d’entre nous fait son chemin dans la vie avec ce qu’il a.
Je ne doute pas qu’il puisse devenir un bon député, et il est sain que l’Assemblée nationale comporte des gens avec des parcours atypiques.
La vie politique montre tous les jours qu’un diplôme universitaire ne donne pas nécessairement du jugement.
Il n’y a aucun problème non plus avec le fait de commenter le sport dans nos médias. Je l’ai fait avec un immense plaisir dans le passé.
L’homme semble aussi très sympathique.
Cependant, comme le notait notre collègue Rémi Nadeau, ce n’est pas manquer de respect à M. Ciccone que de dire qu’il est difficile de voir en lui un futur ministre des Finances.
Il risque fort d’être l’équivalent politique d’un joueur de troisième trio ou d’un sixième défenseur.
Le grand attrait de M. Ciccone pour le PLQ n’est pas d’apporter une compétence particulière qui saute aux yeux.
Son attrait pour le PLQ, c’est qu’il est connu... un peu.
En ce sens, il est symptomatique de ce que la politique est devenue : un « show » de télé.
Être un visage familier est aujourd’hui plus important que vos idées et vos compétences.
Tous les partis préféreront la « personnalité » de la télé à un être humain ultra qualifié, mais inconnu.
Je ne blâme pas les partis. Nombre d’électeurs voteront pour quelqu’un tout simplement parce qu’ils l’ont vu à la télé et croient le connaître.
Profondeur ?
M. Couillard dit avoir en réserve un nombre plus élevé que prévu de candidatures exceptionnelles, d’où l’éviction de M. Ouimet. Mon œil.
Il a trouvé que M. Ciccone était une recrue suffisamment « exceptionnelle » pour jeter aux vidanges son plus ancien député. Sérieusement...
Dans un parti en santé, avec une relève de qualité, jamais un homme comme M. Ciccone n’aurait hérité d’un tel cadeau : une circonscription gagnée d’avance, obtenue au moyen d’un geste odieux de son chef.
Le PLQ n’est pas équipé pour aller loin dans les séries.