Un homme désespéré peut se découvrir une capacité d’indignité et de perfidie qu’il ne se connaissait pas.
En 2014, Philippe Couillard avait habilement fait trébucher Pauline Marois : la chef péquiste prépare en cachette un référendum, disait-il.
Le coup avait porté parce que Mme Marois entretenait effectivement le flou : peut-être que oui, peut-être que non.
Malhonnête
Mercredi dernier, M. Couillard, qui ne sait plus quoi inventer, a essayé de refaire le coup à François Legault.
Le chef de la CAQ veut demander de nouveaux pouvoirs à Ottawa : « Il va peut-être faire des référendums » si Ottawa lui dit non, suggérait vicieusement M. Couillard.
« Il ne peut rester assis sur la clôture », ajoutait M. Couillard. M. Legault devra choisir s’il est fédéraliste ou souverainiste.
C’est un procès d’intention ignoble et mensonger.
Comprenez-moi bien : je ne défends absolument pas la position de M. Legault, qui est faible et irréaliste.
En écartant tout référendum, M. Legault s’est privé de tout rapport de force. Ottawa va l’envoyer promener en quatre secondes.
M. Legault, qui n’est pas idiot, le sait parfaitement. Il se donne un petit air nationaliste pour gruger dans l’électorat du PQ et ça marche.
Mais c’est d’une malhonnêteté crasse que de laisser entendre qu’il préparerait un référendum.
M. Legault est devenu fédéraliste parce qu’il pense que la souveraineté n’arrivera jamais.
Je déplore cette position, mais c’est celle de centaines de milliers de Québécois.
C’est une triste abdication, mais elle n’est porteuse d’aucune intention cachée, et un homme a le droit de changer d’idée.
Le plus risible est que M. Couillard dit qu’il ne renonce pas aux « demandes traditionnelles » du Québec face à Ottawa.
Très bien, si M. Legault est présumé coupable d’avoir un plan B en cas d’échec, que ferait M. Couillard, lui, pour faire aboutir nos demandes traditionnelles ?
Rien, absolument rien, car M. Couillard se fout totalement des « demandes traditionnelles » du Québec, à propos desquelles il n’a pas dit un mot depuis qu’il s’est fait envoyer paître par Justin Trudeau... en deux secondes.
Plus loufoque encore, c’est M. Couillard lui-même qui jugeait important, il y a quelques années, que le Québec ratifie la constitution canadienne, ce qui suppose forcément que le Québec obtienne satisfaction sur certaines de ses demandes.
Drame
C’est simple, le Canada d’aujourd’hui n’est pas réformable dans le sens des intérêts du Québec.
Le PLQ le sait et assume pleinement son rôle de valet d’Ottawa. C’est minable.
La CAQ le sait, mais fait semblant. C’est hypocrite.
Le PQ le sait, mais se demande à quoi il sert depuis que sa raison d’exister a été rejetée deux fois. C’est tragique.
Notre situation nationale est dramatique. Chérie, passe-moi l’huile de bronzage.