Avez-vous déjà entendu parler de « colonisation de peuplement » par les Français en Corse ? Non ? Hé bien, réjouissez-vous. Si cela se produit en Chine vous serez de ceux du monde entier qui seront dorénavant informés sur ce phénomène d’assimilation.
Depuis des années, les nationalistes corses ciblent cette stratégie française chauvine pour maintenir une présence hégémonique sur leur nation pleine et entière par la France. La république française considère la Corse comme entité de son territoire depuis des centaines d’années. Et son plus célèbre citoyen-empereur, Napoléon, confirme à juste titre que la Corse est bien française. Comme le Québec est tout aussi canadien.
Si les Hans de Chine, ethnie majoritaire de ce pays se réclamant du socialisme, si les Hans donc ont le malheur d’habiter en pays ouighour, dès lors on soupçonne la « colonisation de peuplement » et on traite les Chinois comme d’ignobles chauvins agents d’assimilation dans tous les média occidentaux. Mais des Français en Corse, on en parlera comme de citoyens légitimement installés, de fonctionnaires de la nation ou tout simplement des amis de la Corse. C’est donc encore un traitement de l’information où l’on n’use pas des mêmes barèmes pour évaluer les comportements hégémoniques ou non d’une nation sur une autre.
Et encore une fois, en pays impérialiste, on ne se gêne pas pour donner des leçons sur la manière idéale de traiter les différentes nationalités (comme le Québec au Canada, par exemple) occupant un territoire que l’on réserve chez nous comme en Chine à l’administration centrale. Si cela se produit dans un pays que se veut socialiste, on ne tolère plus l’ingérence et on monte en épingle des troubles que l’on sait éviter chez soi par des méthodes plus subtiles de « contrôle des foules ».
Une Loi sur la Clarté sera légitimée par tous et on n’y verra une manifestation de l’oppression nationale du Québec que chez les nationalistes marxistes. Une extension des populations Hans en territoire ouighour sera soudainement douteuse et des émeutes violentes seront montrées comme légitimement liées à la défense de leurs droits par les Ouighours.
Toujours deux poids deux mesures selon que l’on est en démocratie libérale ou en démocratie associée au socialisme. Une armée qui occupe l’Afghanistan n’a rien d’une forme de barbarie ou de néocolonialisme. Tout au contraire, elle est civilisatrice. Une police anti-émeute chinoise est, elle, automatiquement oppressive et son action est à condamner sans entendre ou faire connaître le point de vue officiel chinois. D’une manière ou d’une autre, les communistes, tout au moins ceux qui se réclament de cette orientation politique pour gérer leur pays, sont jugés et le procès pour crimes de négations des droits est sans appel. A-t-on au moins entendu l’explication chinoise ? A-t-on au moins tendu le micro aux porte-parole du gouvernement chinois ? A-t-on contacté l’ambassade chinoise au Canada pour connaître la version des dirigeants de ce pays ? Ne la présentera-t-on pas comme de la vulgaire propagande comme si notre presse à nous n’en était pas remplie elle aussi sous l’étiquette de la « convergence ».
Si on a diffusé quelques explications chinoises, c’est aussitôt pour donner la parole aux ouighours exilés en Occident et opposer leur discours à celui officiel de la Chine. La « colonisation de peuplement » est implicitement dénoncée quand il s’agit d’affaires internes à la Chine. Et vous n’êtes pas près d’entendre dénoncer le chauvinisme canadien ou français dans les comportements de nos impériaux oppresseurs. Les nations minoritaires des pays impérialistes sont si bien traitées après tout, me direz-vous. De quoi se plaint-on ? Il y a chez nous de quoi servir encore d’exemple de civilisation avancée contre la barbarie et le chaos du Tiers-Monde. Surtout si un pays de cette partie du monde se prétend socialiste, on aura alors double prétexte pour haranguer. De quoi en imposer sur les solutions à privilégier pour résoudre les différentes questions nationales chez autrui. Et vous verrez, les solutions de la Chine seront décriées avant d’être expliquées par l’histoire ou les politiques déjà en vigueur en Chine et dont on pourrait mieux faire connaître les résultats effectifs. Comme si ne s’intéressaient à la politique des communistes que les opposants au régime, les autres n’étant qu’une masse informe manipulée par de machiavéliques dirigeants. Cette présentation des problèmes de la Chine en révèle plus sur l’Occident que sur la Chine elle-même. Et le point de vue dominant sur la Chine ne semble plus que celui d’un capitalisme restauré, un hommage à la vigueur et à la pérennité de ce capitalisme. Pareilles sont les solutions : il est besoin en Chine non pas de plus de socialisme, mais de doses bien administrées, sous la houlette de conseillers toujours plus nombreux, de ce capitalisme renaissant de ses cendres comme le phénix après une bonne récession qui a réellement mis à la rue des milliers de propriétaires de maisons trop chères pour être payées avec un salaire moyen toujours plus bas.
Maintenant que les régions ouighoures se sont illustrées chez nous par de la violence, comme le Tibet auparavant, on n’a pas finit d’entendre tous les conseils de l’Occident coalisée donnés aux communistes chinois pour gérer conformément aux droits humains leurs problèmes ethniques. On taxera de propagande toutes les explications du gouvernement chinois, le procès étant déjà entendu que les communistes oppriment les peuples sous leur direction. Et que les populations de ce pays sont de naïfs citoyens dont la « langue de bois » a bourré le crâne de propagande sans nuances et sans considérations pour ce qu’elles comprennent par elles-mêmes de la situation.
Guy Roy, cellule Ryerson du PCQ
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1 commentaire
Raymond Poulin Répondre
9 juillet 2009Bien que je ne sois pas marxiste, je suis entièrement d'accord avec votre propos.