Après les groupes environnementaux, c’est au tour des libéraux québécois d’accuser le gouvernement Marois d’avoir manqué à ses devoirs en ne lançant pas de consultation publique sur le projet d’inversion du pipeline 9B d’Enbridge, qui doit amener 300 000 barils de pétrole brut à Montréal d’ici quelques mois. Des informations obtenues par Le Devoir laissent toutefois croire que cette consultation pourrait être annoncée dans les prochains jours.
«Dans le dossier de l’inversement de l’oléoduc d’Enbridge, il est maintenant évident que le gouvernement péquiste a agi dans une improvisation totale», a lancé mardi Gerry Sklavounos, porte-parole de l’opposition officielle en matière de développement durable et d’environnement, au cours de la période de questions à l’Assemblée nationale.
«Le processus d’évaluation de l’Office national de l’énergie est terminé et personne de ce gouvernement, même pas le ministre de l’Environnement, ne s’est présenté pour défendre les intérêts du Québec», a ajouté le député libéral.
Le ministère des Finances s’était pourtant inscrit, de façon à pouvoir prendre part aux audiences menées par le fédéral. Or, le gouvernement du Québec n’a finalement jamais pris part aux audiences, qui sont désormais terminées. «Fidèle à ses habitudes, il a une fois de plus reculé, et ce à la toute dernière minute», a dénoncé M. Sklavounos. «Est-ce que c’est en étant absent que ce gouvernement pense représenter les intérêts des Québécois?, a ajouté le député de Laurier-Dorion. Pourquoi cette politique de la chaise vide?»
En juillet 2012, l’ancien ministre libéral de l’Environnement Pierre Arcand avait pour sa part annoncé qu’il demanderait «un siège à la table» de l’ONE «afin de suivre quotidiennement les consultations publiques». Les libéraux sont favorables à l’arrivée de pétrole brut de l’Ouest à Montréal.
Consultation restrictives
Le ministre de l’Environnement Yves-François Blanchet a admis que le ministère des Finances s’était inscrit auprès de l’Office national de l’énergie (ONE). Mais il a ajouté que le processus fédéral d’évaluation était «extrêmement restrictif» et qu’«il ne permettait pas à grand monde de s’exprimer».
«C’est pourquoi beaucoup de groupes environnementaux, d’experts québécois n’ont pu se rendre et seront très heureux de pouvoir participer à une consultation à laquelle mon collègue sera aussi invité à participer, afin que les experts, les municipalités et les citoyens et les groupes puissent s’exprimer sur le projet de renversement du flux de la ligne 9B d’Enbridge», a-t-il souligné.
M. Blanchet a de nouveau promis la tenue d’une consultation, mais sans donner davantage de précision. En fait, le gouvernement Marois promet un tel exercice depuis près d’un an, mais rien n’a jusqu’ici été annoncé. Une source bien au fait du dossier a toutefois dit mardi au Devoir que la consultation pourrait être annoncée au cours des prochains jours.
Pendant ce temps, une pétition demandant le rejet du projet d’inversion de la ligne 9B — lancée sur le site de l’Assemblée nationale — avait recueilli un total de 5277 signataires mardi en fin de journée.
Feu vert à Ottawa
L’ONE a complété la semaine dernière ses audiences publiques. Tous les groupes environnementaux ou les experts qui souhaitaient aborder l’impact environnemental de l’exploitation des sables bitumineux ou la question des changements climatiques ont été volontairement exclus par l’ONE. Des élus des municipalités — dont Montréal — où passe le pipeline 9B ont toutefois exprimé leurs inquiétudes. Ils sont notamment venus dire qu’ils ignoraient tout du plan d’urgence prévu par Enbridge en cas de déversement.
À moins d’un improbable revirement, Ottawa devrait donner le feu vert au plus important projet de transport de pétrole brut de l’histoire du Québec d’ici quelques mois.
Selon Enbridge, le fait d’inverser le flux dans un pipeline datant de 1975, d’en augmenter la capacité de transport et d’y faire couler notamment du pétrole des sables bitumineux ne pose pas de risques particuliers. La pétrolière estime en outre qu’elle mène les travaux nécessaires pour s’assurer de la sécurité de son pipeline de 639 kilomètres. Elle doit réaliser au cours des prochains mois au moins 600 excavations le long de la ligne 9B dans le but de réparer certaines sections.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé