Une échéance électorale, c’est un peu comme un rendez-vous de suivi chez l’oncologue. On souhaite que tout se passe pour le mieux, mais on garde toujours en tête que les choses pourraient mal tourner.
Dans ces circonstances, on peut imaginer plusieurs profils de patients.
1) Les confiants
Ces patients sont des optimistes. Ils font tout ce qu’il faut pour se concentrer sur le positif. Ils voient le chemin parcouru depuis leur victoire contre la maladie et font la liste des bonheurs qu’ils ont vécus en mordant dans la vie à pleines dents. Ils se félicitent d’avoir survécu, d’avoir réussi et partagent abondamment tous les trucs qui ont fait leur succès. De cette manière, ils se sentent bien en contrôle, ils réussissent à endormir leurs craintes et à croire que l’avenir ne leur réserve que le meilleur.
2) Les combattifs
Cette deuxième catégorie, c’est celle des patients qui ne tiennent rien pour acquis. Ils se sont débattus, ont eu la vie dure et ils continuent de livrer bataille comme si tout était encore à faire. Ils refusent de baisser les bras, même si leur agitation risque de les épuiser. Ils multiplient les techniques pour combattre le mal, même si leurs efforts sont plus ou moins cohérents et parfois mal organisés. L’important pour eux c’est le sentiment d’avancer, de gagner. Ils pensent que tout est possible et planifient déjà leur avenir en pleine santé.
3) Les lucides
Cette dernière catégorie n’arrive pas à se convaincre que la victoire est possible. Évidemment, ils ont une famille et essaient de se montrer forts, mais ils savent, au fond d’eux-mêmes, que les nouvelles risquent d’être mauvaises. Ils commencent à faire le bilan, à mettre leurs affaires en ordre et planifient leur départ plus ou moins discrètement. À l’approche du jour J, ils essaient de jouer leurs pions correctement pour la suite des choses. Ils planifient leur succession et rédigent leur testament.
Jean-François Lisée se comporte ces jours-ci comme le patient lucide. Les probabilités qu’il se retrouve premier ministre sont très minces et une piètre performance du PQ aux prochaines élections mènera directement à sa démission. Il a nommé une vice-cheffe dont la personnalité fait consensus en la personne de Véronique Hivon et accueilli à bras ouverts un Jean-Martin Aussant qui amène avec lui des électeurs plus jeunes, plus mobilisés et plus convaincus. En quelque sorte, Lisée fait son testament, choisit ses dauphins.
Pierre Karl Péladeau, l’empêcheur de danser en rond
Comme dans toutes bonnes familles, le Parti québécois a son lot de demi-frères, de beaux-frères et de cousins semi-éloignés qui voudraient bien leur part de l’héritage. Même s’ils sont déjà partis en claquant la porte et en renonçant à leurs responsabilités dans la famille, ils ne sont jamais bien loin quand l’odeur de la maladie se fait plus forte.
Pour le PQ, cet empêcheur de danser en rond c’est nul autre que PKP. Depuis l’entrevue qu’il accordait à Catherine Perrin le 23 janvier dernier, l’ancien chef du parti multiplie les allusions à son éventuel retour en politique. L’essentiel de son message c’est qu’il peut revenir à tout moment. D’ailleurs, il insistait sur cet aspect dans cette entrevue avec Mario Dumont (vers 4 min 30 s).
Quand on lui demande QUAND il reviendra, Pierre Karl Péladeau laisse planer le doute et affirme que « Dieu seul le sait ! ». Suis-je la seule à trouver que ça sonne un peu comme si PKP avouait qu’il se prend pour Dieu ? Parce que si lui ne connaît pas la date exacte de son retour en politique, il est clair qu’il s’en doute, au minimum. Sa position est idéale. Il regarde les choses évoluer et se lancera au meilleur moment pour reprendre la tête du parti.
Pour Jean-François Lisée, ça vient bousiller tous les plans. Même s’il essaie de bien prévoir la suite des choses pour le PQ, il sait qu’un jour ou l’autre PKP va réapparaître, le poing en l’air, et réclamer son héritage.